Crapulax a écrit : À Saint-André-de-Cubzac, des élus Républicains ont fait sauter les digues pour se rapprocher du Rassemblement national et de Debout la France. Un exemple inédit d’union des droites.
À 67 ans, Jean-Jacques Édard se moque pas mal des coups de règle qui tombent de Paris. « J’ai passé l’âge de marcher à la baguette », dit le maire de Cavignac, commune de 2 000 habitants, située à 40 km au nord de Bordeaux. Membre de l’UMP, puis de LR, depuis 2006, il a été exclu de son parti au printemps. Motif : un flirt trop appuyé avec l’extrême droite locale.
L’initiative n’est pas passée inaperçue. Le 27 mars, Jean-Jacques Édard a lancé, avec des élus de la 11e circonscription de Gironde, une nouvelle association politique, Pour la France-La France unie, qui vise à réunir toutes les composantes de la droite.
À ses côtés : Edwige Diaz, 31 ans, conseillère régionale et candidate du FN dans cette circonscription du Blayais où elle a recueilli 43 % des voix au second tour des élections législatives.
« Les mêmes idées »
Les premiers contacts remontent à la présidentielle. À la recherche de parrainages pour Marine Le Pen, Edwige Diaz fait le tour des maires. Elle croise un Jean-Jacques Édard déjà taraudé par le doute. « Il faut qu’on se parle, qu’on arrête d’être dans les faux-semblants », lui glisse-t-il. L’idylle éclate au grand jour après l’élection d’Emmanuel Macron. « Le paysage politique était bouleversé. Il m’est apparu urgent de réunir la droite décomposée », explique le maire de Cavignac.
Les deux élus ont travaillé de concert pendant une année. Pas seuls. Une dizaine de personnes ont pris part à des ateliers thématiques sur l’environnement, la ruralité et l’école. Martine Hostier, adjointe au maire de Cézac, une commune voisine, y est allée au nom de Debout la France, le parti de Nicolas Dupont-Aignan. « Les gens d’ici se sentent abandonnés, explique-t-elle. Ils ne votent plus. Il fallait faire quelque chose pour les ramener vers les bureaux de vote. »
« Ce qui nous rassemble, c’est d’abord l’amour de notre pays »
Au fil des réunions, les points de vue s’accordent. « On avait tous les mêmes idées, à l’image de Wauquiez, Le Pen et Dupont-Aignan qui disent la même chose sur les sujets majeurs, comme la sécurité, l’immigration et l’Europe, constate Jean-Jacques Édard. Quand trois partis disent les mêmes choses, il est logique de les dissoudre pour n’en former plus qu’un. »
Une soixantaine de personnes issues des Républicains, du Rassemblement national ou de DLF, ont participé à la naissance de l’association Pour la France.« Pour être sûrs qu’on était vraiment d’accord, on a rédigé une charte », indique Edwige Diaz. « Ce qui nous rassemble, c’est d’abord l’amour de notre pays », souligne Georges Belmonte, élu d’opposition à Saint-André-de-Cubzac.
« Un laboratoire »
L’initiative est saluée par Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan - qui a promis de venir sur place cet automne. Elle fait tache d’huile dans le département, où la 9e circonscription (sud Gironde) et la 10e (le Libournais) s’apprêtent à suivre le mouvement. Edwige Diaz assure aussi être en contact avec une quinzaine d’autres départements.
Du côté de LR, en revanche, l’alliance est vue d’un très mauvais œil. Mais Jean-Jacques Édard veut croire que les élections européennes vont rebattre les cartes en poussant les centristes vers la sortie. « Ça va finir par se décanter. Ne resteront à LR que les gens vraiment de droite », pronostique ce nostalgique du RPR qui se dit certain que la pression de la base fera sauter les digues qui séparent encore la droite du RN. « On est un laboratoire. On essaie de voir si c’est possible de travailler ensemble. Ça se passe plutôt bien. On est en train de montrer qu’il existe une voie pour rassembler les différents courants de la droite. »
Source:Ouest-France.
https://www.ouest-france.fr/politique/g ... al-5927220