Le candidat aux européennes dénonce un « simulacre de démocratie » et quitte le parti. La France insoumise assure lui avoir « reçu un signalement » sur de possibles faits de harcèlement sexuel.
Source:Le Parisien.
L’ambiance est de plus en plus tendue à la France insoumise. L’une des principales figures médiatiques du mouvement, et l’un ses candidats pour les européennes. Thomas Guénolé tire à boulets rouges sur le fonctionnement du parti. De son côté, la France insoumise assure avoir reçu un signalement de faits pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel de sa part.
Jeudi matin, Thomas Guénolé a qualifié, via un communiqué diffusé sur Twitter, de « simulacre » la « démocratie interne à la France insoumise ». L’« appareil central [y] fonctionne comme une toile d’araignée ».
Dans son viseur, le duo Jean-Luc Mélenchon et Sonia Chikirou, qu’il accuse de « décider de tout ce qui compte ». L’ancienne conseillère en communication du candidat Mélenchon en 2017 est toujours l’une des prestataires de la campagne des européennes, via sa société Mediascop.
À ce titre, elle risque une condamnation judiciaire dans l’affaire des comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle 2017. « La maintenir [à cette fonction], c’est faire peser sur le mouvement un risque judiciaire extrêmement grave », estime Guénolé.
Celui qui est coresponsable de l’école de formation politique de la France insoumise fait aussi référence aux images de Jean-Luc Mélenchon s’énervant lors de perquisitions à son domicile et au siège du parti, à l’automne dernier. « Il faut regarder en face que des millions de gens voudraient soutenir la France Insoumise pour son programme, mais s’y refusent juste à cause de la personnalité imprévisiblement colérique de Jean-Luc Mélenchon », assène-t-il.
Un signalement de faits pouvant s’apparenter à un harcèlement sexuel:
De son côté, Manuel Bompard, directeur de campagne de LFI pour les européennes qualifié par Guénolé d' « homme de paille » et de « paratonnerre », indique dans un communiqué transmis aux journalistes que le comité électoral « a reçu un signalement d’une jeune femme dénonçant des faits pouvant s’apparenter à un harcèlement sexuel de la part de Thomas Guénolé ». La « cellule de veille et vigilance » du parti a été saisie, et « le dossier est en cours d’instruction », ajoute le texte.
Guénolé réplique en dénonçant des « accusations sur la base de rumeurs » signes de « méthodes staliniennes » « J’observe une coïncidence d’agenda entre ces méthodes et le fait que depuis plusieurs mois j’exprime en interne des critiques et des mises en garde sur la dérive autoritaire et le risque », assène-t-il, interrogé par le Parisien.
Il annonce qu’il a demandé à son avocat de « prendre toutes les mesures judiciaires contre l’appareil central du mouvement ». « J’ai subi un interrogatoire à huis clos pendant une heure à trois contre un il y a une dizaine de jours, ils ne m’ont donné aucun élément que je réclamais » tacle Thomas Guénolé, ajoutant que la présence de son avocat à cet échange lui aurait été « refusée ».
« Nous découvrirons avec stupeur le communiqué de Thomas Guénolé qui instrumentalise des prétextes politiques pour sa défense », réplique le texte du comité électoral du parti. Contacté, Manuel Bompard nous a renvoyé vers ce communiqué et ne souhaite « pas faire de commentaires supplémentaires ».
De son côté, Jean-Luc Mélenchon a réagi sur Twitter à la mi-journée, assurant n'avoir « jamais eu aucun contentieux personnel ou politique avec Thomas Guénolé ». « Il ne m’a jamais exprimé la moindre réserve concernant la vie du mouvement », poursuit le dirigeant du parti, qui se dit « stupéfait qu’il [le] mette en cause de cette façon ».
Thomas Guénolé n’annonce pas formellement son départ du parti, ni le fait qu’il se retire de la liste pour les européennes, mais son ton laisse peu de place aux interprétations.
Le linge sale est donc lavé en place publique, avant que l’opposition entre les deux versions ne se poursuive au tribunal.
http://www.leparisien.fr/politique/fran ... 055819.php