Bolivie: Morales viré par l'armée

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Kelenner
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Kelenner » 16 novembre 2019 19:39

Dernier message de la page précédente :

Victor a écrit :
16 novembre 2019 19:34
Kelenner a écrit :
16 novembre 2019 19:31
On peut même parler d'un cas d'école de lutte des classes, doublé par un conflit racial. L'ex-caste dominante cherche à récupérer ce qu'elle considère comme son dû, sans s'embarrasser de méthodes démocratiques. Je ne crois pas une seconde aux accusations de fraude, Morales est majoritaire dans le pays et n'a aucun besoin de magouiller pour gagner. C'est très clairement un coup d'Etat fomenté probablement depuis longtemps, avec des appuis étrangers, c'est de plus en plus clair de jour en jour.
Tu défends une crapule qui fait modifier la constitution pour être élu à vie ?
Tu déconnes, Kelenner.
Pas pour être élu à vie, pour être réélu plus de deux fois. Si sa politique est majoritaire dans le pays, et elle l'est, je ne vois pas vraiment où est le problème à partir du moment où les électeurs le suivent. Une Constitution n'est pas un texte sacré.

En revanche, payer des criminels pour incendier les appartements privés des représentants élus, utiliser l'armée pour chasser un Président légitime, s'auto-proclamer Présidente sans y avoir aucun droit constitutionnel, là en effet on peut parler d'une véritable crapulerie. On sait très bien d'où tout cela provient, ne te fais pas plus naïf que tu ne l'es. Jamais cette pauvre nana ne se serait permis tout cela si elle n'avait pas reçu le feu vert des Etats-Unis, ça a toujours fonctionné comme ça en Amérique du Sud. C'est un coup d'Etat d'une oligarchie, rien d'autre. Un pur conflit de classe.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par crepenutella » 16 novembre 2019 19:45

On ne peut nier que Morales n'a pas fait ce qu'il fallait en se représentant. Il aurait du laisser le pouvoir à un de ces lieutenants tout en faisant campagne pour lui, et accepter un poste de premier ministre ensuite.

Ce n'est jamais bon de vouloir modifier une constitution pour être réélu. Ne serait-ce que parce que ça sert d'alibi aux USA pour financer un coup d'état, et ça laisse le flanc à la propagande du camp adverse.

Stratégiquement, et politiquement ,c'était une faute.
10:5 Dans quelque maison que vous entriez, dites d'abord: Que la paix soit sur cette maison!

10:6 Et s'il se trouve là un enfant de paix, votre paix reposera sur lui; sinon, elle reviendra à vous.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Allora » 16 novembre 2019 19:47

En Amérique latine les rapports gauche droite etc.. sont différents d'ici ..

crepenutella a écrit :
16 novembre 2019 19:26
Jeannine Anez la nouvelle "presidente", qualifiait Evo Morales de « pauvre Indien accroché au pouvoir ». https://www.lemonde.fr/international/ar ... _3210.html

C'est donc bien un conflit colonial qui se joue en guise d'alternance démocratique.
la Bolivie n'est plus une colonie depuis longtemps .. et les USA n'ont plus le pouvoir qu'ils ont eu au XXº s.


les métisses - là bas on parle de criollos les mélangés - sont ceux qui sont dans la révolte
( la classe intermédiaire qui veut le pouvoir comme les bourgeois en 89 ) ne sont pas les plus malheureux et ils utilisent aussi les indiens ( leur moitié de sang indienne ) pour se révolter ...
les plus pauvres seront une fois de plus les perdants

---------

le faux indigénisme de Evo Morales

Evo Morales n'est pas un défenseur des indiens malgré sa propagande et son look officiel .. c'est un métisse pro culture de la coca ; il utilise le discours indigéniste ( = défense de la cause indienne) pour couvrir sa véritable nature de chef des producteurs de coca en Bolivie - pays dont il a détruit la démocratie.

Evo Morales n'est pas un pur indien .. d'ailleurs après 500 ans qui peut prétendre être un pur descendant des Incas
Il utilise cette idée mais il n'est pas que Indien d'ailleurs il parle très mal le aymara et encore moins le quechua
c'est surtout un grand leader des cultivateurs de la coca.

Depuis la révolution de 1952 c'est d'ailleurs le président qui a commis le plus d'abus contre les communautés indigènes de Bolivie en cherchant à les priver de leurs terres ancestrales pour augmenter la culture illégale des feuilles de coca ( et pas pour les mâcher ...)

traduit de : https://www.carlossanchezberzain.com/20 ... o-morales/

Modifié en dernier par Allora le 16 novembre 2019 19:49, modifié 1 fois.
http://i86.servimg.com/u/f86/16/39/51/81/dictat10.jpg
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Victor » 16 novembre 2019 19:48

Kelenner a écrit :
16 novembre 2019 19:39
Victor a écrit :
16 novembre 2019 19:34

Tu défends une crapule qui fait modifier la constitution pour être élu à vie ?
Tu déconnes, Kelenner.
Pas pour être élu à vie, pour être réélu plus de deux fois. Si sa politique est majoritaire dans le pays, et elle l'est, je ne vois pas vraiment où est le problème à partir du moment où les électeurs le suivent. Une Constitution n'est pas un texte sacré.
Un petit peu quand même.
La constituion ce n'est pas un truc qu'un président peut changer pour se faire réélire et réélire ...
Certains présidents africains ont aussi essayé cette manip pour conserver le pouvoir à vie.
Cela s'est mal fini pour eux. Et j'espère bien que cela se finira mal aussi pour ce tricheur, apprenti dictateur, et certainement une sorte de baron de la drogue au plus haut niveau de l'état. N'oublions pas qu'il est d'abord et avant tout soutenu par les cultivateurs de coca ....
Le nationalisme, c'est la guerre.
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Allora » 16 novembre 2019 19:50

Victor a écrit :
16 novembre 2019 19:48


La constituion ce n'est pas un truc qu'un président peut changer pour se faire réélire et réélire ...
Certains présidents africains ont aussi essayé cette manip pour conserver le pouvoir à vie.
Cela s'est mal fini pour eux. Et j'espère bien que cela se finira mal aussi pour ce tricheur, apprenti dictateur, et certainement une sorte de baron de la drogue au plus haut niveau de l'état. N'oublions pas qu'il est d'abord et avant tout soutenu par les cultivateurs de coca ....
:twisted: :twisted: voir ce que j'ai traduit haut dessus ( journal bolivien )
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Kelenner » 16 novembre 2019 19:53

Parce que tu penses sérieusement que les Présidents précédents, ou les suivants, ont lutté ou lutteront contre le trafic de drogue ? C'est un business essentiel en Bolivie depuis des décennies, qui dépasse largement tous les clivages. Aucun n'ira contre. Ce n'est pas le sujet.

Il n'aurait sans doute pas dû forcer pour pouvoir se représenter. Ca ne change rien à l'illégalité de son éviction. C'est juste un coup d'Etat.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Victor » 16 novembre 2019 19:56

Kelenner a écrit :
16 novembre 2019 19:53
Parce que tu penses sérieusement que les Présidents précédents, ou les suivants, ont lutté ou lutteront contre le trafic de drogue ? C'est un business essentiel en Bolivie depuis des décennies, qui dépasse largement tous les clivages. Aucun n'ira contre. Ce n'est pas le sujet.

Il n'aurait sans doute pas dû forcer pour pouvoir se représenter. Ca ne change rien à l'illégalité de son éviction. C'est juste un coup d'Etat.
Peut-on appeler un coup d'état une saine réaction d'un pays pour chasser du pouvoir un dictateur ?
Je ne le pense pas.
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Kelenner » 16 novembre 2019 20:00

Morales n'est pas un dictateur, et tu le sais très bien. Ce n'est pas le "pays" qui a réagi, il y avait très peu de manifestants à réclamer son départ et bien davantage à souhaiter son retour, c'est un groupe de pression qui a voulu profiter d'une opportunité. La politique c'est beaucoup moins romantique que ce que tu fais mine de croire, surtout dans ces pays où les antagonismes sont profonds et violents. Les lobbys s'affrontent en utilisant toutes les ficelles, il n'y a ni gentils ni méchants.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Allora » 16 novembre 2019 20:02

Kelenner a écrit :
16 novembre 2019 19:53
Il n'aurait sans doute pas dû forcer pour pouvoir se représenter. Ca ne change rien à l'illégalité de son éviction. C'est juste un coup d'Etat.
Non tu es resté bloqué aux années post révolution cubaine ( 1959 )
où les USA ont en effet participé à de nombreux coups d'Etat pour éviter l'extension du marxisme ou simple Castrisme tout au long des années 60 -90 voire 2000

là la Bolivie a voté - il y a eu fraude ou pas trop ( mais il y en a toujours dans ces pays encore instables où la corruption règne )
le 1º résultat n'est pas non plus un soutien massif :content116

alors oui les boliviens vont revoter :twisted: et ça ça veut dire que --si coup d'Etat il y avait eu - il y aurait, comme avant un gouvernement de dictature ;
mais c'est fini .. il y aura de nouvelles élections encadrées surveillées et que le + aimé gagne

S'il est réélu ma fois sa victoire sera plus belle ( enfin pour lui )
parce que le peuple souffrira encore pas mal d'années - que cela soit X ou Y qui gagne ----
Modifié en dernier par Allora le 16 novembre 2019 23:25, modifié 1 fois.
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par coincetabulle » 16 novembre 2019 22:02

encadrées et surveillées par qui ?
le chômage n'augmente pas, il y a un manque d'emploi.
Muriel Penicaud ministre du travail. France-Inter le 30/07/2018.
"y a pas que les bonbons qui font tomber les dents" célèbre citation de la BAC nantaise.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Kelenner » 16 novembre 2019 22:03

Tu es d'une naïveté assez confondante. Les américains interviennent, même quand ils n'envoient pas de GI. Imaginer une seconde qu'ils n'aient pas pris partie dans cette affaire est absurde. Ce qui se passe avec la pseudo-"Présidente" est assez édifiant.

Et comment dans le contexte actuel, alors que l'armée a la mainmise sur le pouvoir, que Morales a dû fuir à l'étranger et est menacé de poursuites judiciaires, et qu'une usurpatrice sans aucune légitimité légale s'est emparée du pouvoir, pouvoir imaginer une seule seconde organiser des élections transparentes ? C'est évidemment totalement impossible. Rien de légitime ne peut sortir d'une telle situation.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par sofasurfer » 17 novembre 2019 16:32

Kelenner a écrit :
16 novembre 2019 22:03
Tu es d'une naïveté assez confondante. Les américains interviennent, même quand ils n'envoient pas de GI. Imaginer une seconde qu'ils n'aient pas pris partie dans cette affaire est absurde. Ce qui se passe avec la pseudo-"Présidente" est assez édifiant.

Et comment dans le contexte actuel, alors que l'armée a la mainmise sur le pouvoir, que Morales a dû fuir à l'étranger et est menacé de poursuites judiciaires, et qu'une usurpatrice sans aucune légitimité légale s'est emparée du pouvoir, pouvoir imaginer une seule seconde organiser des élections transparentes ? C'est évidemment totalement impossible. Rien de légitime ne peut sortir d'une telle situation.
C'est exactement ca : cette femme qui a hurlé a la dictature va maintenant diriger le pays d'une main de fer, avec l'aide de généraux militaires soudoyés a grands coups de dollars US. La CIA n'allait tout de même pas laisser perdurer la dernière démocratie socialiste persistante en Amérique du Sud...
L’ouverture d'esprit n'est pas une fracture du crâne

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Diogène » 17 novembre 2019 21:01

Je suis mort de rire en vous lisant. Le peuple bolivien a justement dégagé son dictateur socialiste et racialiste, et il est en train de dégager les hordes d'espions, de terroristes et de mafieux cubains, vénézuéliens et semblables afin de récupérer sa souveraineté.
Le fonctionnariat et l'assistanat sont du vol en bandes organisées (Diogène, le 2 octobre 2019).
Et puis le site de campagne de Joe Biden est ICI, lisez avant de raconter des âneries.

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Allora » 17 novembre 2019 21:41

Diogène a écrit :
17 novembre 2019 21:01
Je suis mort de rire en vous lisant. Le peuple bolivien a justement dégagé son dictateur socialiste et racialiste, et il est en train de dégager les hordes d'espions, de terroristes et de mafieux cubains, vénézuéliens et semblables afin de récupérer sa souveraineté.
attends ! ils vont revoter :twisted: .. c'est pas fait encore !
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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par Stounk » 17 novembre 2019 21:43

Diogène a écrit :
17 novembre 2019 21:01
Je suis mort de rire en vous lisant. Le peuple bolivien a justement dégagé son dictateur socialiste et racialiste, et il est en train de dégager les hordes d'espions, de terroristes et de mafieux cubains, vénézuéliens et semblables afin de récupérer sa souveraineté.
Tu disais déjà à peu près la même chose lorsque Pinochet est arrivé au pouvoir, non? :lol:

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Re: Bolivie: Morales viré par l'armée

Message par coincetabulle » 18 novembre 2019 19:21

Evo Morales, élu avec plus de 10 pts d'avance sans irrégularité, a été forcé de démissionner par l'armée, puis exfiltré en catastrophe par le Mexique après que sa maison et celle de sa soeur aient été prises d'assaut. Le premier président indigène du pays dénonce un coup d'État, terme que les médias occidentaux réfutent unanimement, malgré la violence caricaturale qui accompagne la prise de pouvoir par une fasciste-chrétienne ouvertement raciste.

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Depuis la prise de fonction d’Evo Morales, la Bolivie a vu son taux de pauvreté chuter de 60 % à 35 %, son taux d’extrême pauvreté baisser de 35 % à 15 %, son salaire minimum être multiplié par 7 (en parité de pouvoir d’achat) et son PIB pratiquement doublé, selon les chiffres du FMI. Avec un tel bilan, on pouvait s'attendre à ce qu'il soit réélu haut la main.

Sans aucune fraudes électorales constatées, Evo Morales a effectivement remporté les élections du 20 octobre par plus de dix points d’écart et avec plus de 40 % des voix (47,8%), réunissant ainsi les deux conditions nécessaires pour être élu dès le premier tour.

Les choses ne se sont pourtant pas passées comme prévu. Conformément à ce qu’il avait promis de faire en cas de défaite, le principal opposant Carlos Mesa a refusé de reconnaître les résultats, avant de crier à la fraude électorale et d’appeler à un soulèvement populaire sur la bases d'allégations d'irrégularités techniques absurdes diffusées par le très partisan OAS. Ses soutiens se sont mobilisés dans la rue, en particulier dans la capitale, bastion de l’opposition savamment entretenu par les administrations américaines depuis 2010. Des élus du MAS (parti de Morales) ont été kidnappés et torturés, le président de la majorité au parlement a été contraint de démissionner après l’enlèvement de son frère, la maison de la sœur de Morales a été incendiée, tout comme de nombreux bâtiments publics.

Evo Morales, qui devait rester en fonction jusqu’en janvier quelques soient le résultat des élections, a accepté d’organiser un nouveau scrutin. Insuffisant pour l’armée et la police, qui l’ont forcé à démissionner (ainsi que son vice-président) avant de le traquer dans sa ville natale en vue de l’emprisonner, sur ordre de l’opposant chrétien intégriste, ouvertement raciste et multimillionnaire Luis Camacho. Après la démission de Morales, l’armée a arrêté le président et vice-président de la commission en charge des élections, les faisant défiler en direct à la télévision sous la garde d’hommes armés et masqués. Une vingtaine de membres du gouvernement se sont réfugiés à l’ambassade du Mexique par peur pour leurs vies.

Si ces faits troublants ne suffisaient pas à caractériser les évènements, l’armée a imposé un couvre-feu avec ordre de réprimer les manifestants pro-Morales, la maison de Morales a été vandalisée par des milices d’extrême droite, l’armée a découpé le drapeau indigène figurant sur ses uniformes, les militants d’extrême droite ont brulé ces mêmes drapeaux (une insulte particulièrement violente pour les 65 % d’indigènes qui composent la population, alors qu’il s’agit d’un des deux drapeaux officiels de la nation). Luis Camacho, lié à l’industrie gazière et aux réseaux néo-fascistes, est entré dans le parlement désert pour apposer une bible sur le drapeau bolivien en proclamant «  la Bolivie appartient au Christ  » (la Bolivie était laïque depuis 2009). Des policiers ont menacé de mort les indigènes devant les caméras. La violence a explosé un peu partout dans le pays. L’armée et la police auraient tiré sur la foule venue protester contre le coup d’État, faisant potentiellement des dizaines de morts.

Profitant du chaos, la sénatrice issue de l’extrême droite chrétienne Jeanine Anez vient de se déclarer présidente de la Bolivie, en l’absence de la majorité parlementaire (pourtant acquise à Morales) nécessaire pour le faire, et après que les quatre autres personnages d’État en ligne pour la succession aient été contraints de démissionner par peur pour leurs vies. La sénatrice en question a pris possession des institutions en portant une bible géante dans les bras, et en célébrant le fait que «  la bible retourne enfin au palais présidentiel  ». En 2013 elle déclarait sur Twitter «  je rêve d’une Bolivie libérée des rites sataniques indigènes, les Indiens n’ont pas leur place dans la ville, qu’ils retournent sur les hauts plateaux ou au chaco  ». Elle est la tante d’un narcotrafiquant arrêté au Brésil en 2017 avec une demi-tonne de cocaïne.

Malgré cette avalanche de faits, les médias occidentaux ont été incapables de nommer les évènements pour ce qu’ils sont : un cas d’école de coup d’État. Aux USA, les titres tournent parfois au comique, comme celui de Bloomberg News qui donne la définition d’un putsch sans employer le terme («  Morales démissionne après que l’armée lui ait demandé de partir  »), tandis que le New York Times se réjouit ouvertement de la tournure des évènements après avoir titré "Morales se retire suite à une élection contestée".

En France, Le Monde titre «  Après trois semaines de contestation, le président bolivien Evo Morales annonce sa démission  », laissant penser à un printemps arabe en Amérique du Sud, tandis que Médiapart estime Morales «  victime de ses contradictions et de son succès  ». Peu importe les 3 morts et 397 blessés relevés par Le Monde, la nature fasciste des putschistes pointée du doigt par Médiapart, les maisons de ministres incendiées et l’ambassade du Vénézuéla envahie par des milices fascistes armées de dynamite (selon Le Monde) ou les dizaines de milliers de manifestants réunis dans les rues pour dénoncer le coup d’État.

Le fait qu’un gouvernement socialiste d’une république laïque disposant des plus grandes réserves mondiales de lithium (métal indispensable à la transition énergétique), souhaitant nationaliser ses ressources naturelles se fasse renverser par un multimillionnaire fondamentaliste chrétien, raciste et présenté comme "le Bolsonaro bolivien" ne semble émouvoir personne. Ce sont pourtant les mêmes forces fascistes qui ont mis Bolsonaro au pouvoir au Brésil, menaçant la survie de l’Amazonie (et de notre civilisation), ou Trump aux USA, élu grâce à la mobilisation des évangélistes les plus radicaux (et qui, depuis, soutient que le réchauffement climatique est un complot, subventionne le charbon et augmente les seuils de rejet de gaz à effet de serre autorisés pour les voitures et l’industrie gazière).

Comment expliquer que nos médias refusent de voir ce qui se passe en Bolivie, et refusent de le nommer  ?

Pour le comprendre, il faut revenir sur les allégations de fraude électorale. Comme le détaille l’hebdomadaire américain The Nation, le soir de l’élection, comme le veut l'usage, le gouvernement publie consécutivement deux types de résultats : les estimations provisoires et non officielles, qui évoluent au rythme des dépouillements, et les résultats officiels et définitifs. En début de soirée, les chiffres provisoires donnent Morales en tête, mais avec une marge insuffisante pour éviter un second tour. Cependant, les marges augmentent progressivement au fur et à mesure que parviennent les résultats des campagnes, qui votent majoritairement Morales. Les mêmes phénomènes s’observent en France le soir des élections (le résultat du FN tend à baisser lorsque les bureaux des grandes villes, qui restent ouverts plus longtemps, procèdent au dépouillement) et aux USA où (par exemple) Trump était d’abord annoncé perdant en Floride avant que les résultats provenant des campagnes le fassent passer devant Hillary Clinton.

En Bolivie, le gouvernement a suspendu le décompte provisoire lorsque 80 % des bulletins de vote avaient été dépouillés, avant de basculer peu de temps après vers le décompte officiel. Entre temps, Morales avait acquis un avantage décisif, laissant l’impression que les résultats avaient été truqués, alors que l’augmentation de l’écart était conforme à la tendance, comme l’explique le Center for Economic and Policy Research (CEPR, basé à Washington). Les résultats finaux sont également conformes aux sondages.

C’est pourtant sur la base de cet écart, purement technique et absolument prévisible, que l’opposition a crié à la fraude. Rappelons que son principal leader avait annoncé avant l’élection qu’il ne reconnaîtrait les résultats que s’il gagnait. Mais les dirigeants américains ont rapidement emboîté le pas, évoquant des fraudes dès le lendemain via Twitter, avant que l’OAS, une ONG d’observation des élections financée à 60 % par les États-Unis et basée à Washington, publie un communiqué alléguant des irrégularités, sans en fournir la moindre preuve et sur l’unique base de l’écart technique mentionné plus haut. Ces soupçons de fraudes évoqués par l’OAS, que la plupart des journalistes traitent comme un organisme indépendant malgré son implication dans le coup en Haïti, et l’aveu d’Hillary Clinton dans ses mémoires où elle affirme avoir instrumentalisé cette organisation en Honduras en 2009, sont venus alimenter le récit médiatique et les manifestations anti-Morales. [1]

L’autre argument utilisé par les médias occidentaux et l’opposition est le fait que Morales briguait un quatrième mandat, alors qu’il avait perdu le référendum de 2016 censé l’autoriser à le faire. Sauf que le résultat du référendum (entaché de fraudes selon Morales) a été annulé par la Cour Suprême du pays. On peut regretter une telle décision, certainement politiquement motivée et malvenue, mais en France le Conseil constitutionnel annule souvent des lois (comme la fameuse taxe de 75 % sur les revenus supérieurs à un million d’euros sur laquelle Hollande avait été élu). L’UE a une longue tradition de non-respect des référendums, tandis qu’aux USA, la Cour Suprême va souvent à l’encontre des votes du Congrès et des choix démocratiques des citoyens (elle a même installé Georges W. Bush au pouvoir en refusant de recompter les voix qui, on le découvrira plus tard, le donnaient perdant en Floride). En quoi la justice bolivienne serait-elle plus illégitime que la nôtre  ? Pourquoi, au maximum ne pas se contenter d'une nouvelle élection comme l'a proposé Morales, ou au minimum le laisser libre après sa démission ? Il suffirait désormais qu'un gouvernement ne respecte pas un référundum (par décision de la Cour suprême) pour justifier un coup d'État militaire ?

Certes, Evo Morales ne faisait pas l’unanimité dans son pays (quel dirigeant peut y prétendre  ?), mais il restait soutenu par la majorité de la population (comme le reconnaît Médiapart), alors que son opposition vient aussi de la gauche et des indigènes, qui lui reprochent d’avoir trop servi les intérêts des industries extractives contre ceux des paysans indigènes. [2]

L’implication des USA semble (pour l’instant) se limiter à des tweets de soutien avant et après le putsch, tandis que la Maison-Blanche a publié un communiqué "applaudissant la restauration de la démocratie" tout en menaçant directement le Nicaragua et le Vénézuéla d'être les prochains sur la liste.

Depuis ce coup d’État, la Bolivie est au bord de la guerre civile, alors que l’extrême droite évangéliste s’empare du pouvoir et menace la vie des indigènes [3].

Après avoir applaudi l’emprisonnement de Lula au Brésil, les médias occidentaux ont découvert avec horreur que Bolsonaro encourage les incendies en Amazonie, menaçant la survie de l’humanité. Bolsonaro vient de créer un nouveau parti fasciste qui valorise avant tout la bible et sa personne. Les révélations du journal d'investigation The Intercept ont confirmé la nature du coup d’État judiciaire contre Lula, libéré de prison en conséquence. Si Lula est de nouveau libre, pour l’Amazonie (et notre civilisation), il est peut-être déjà trop tard.

L’histoire se répète en Bolivie, et nos principaux médias reproduisent les mêmes bêtises de manière caricaturale, aggravant la crise de confiance qui les touche alors que le peuple bolivien proteste contre le putsch et que le corps enseignant se mobilise déjà en masse contre le coup d'État. Des centaines de boliviens ont été blessés par balles et une dizaines a été tué lors d'une marche pacifique. Des paysants pro-morales ont été assasinés, Morales est menacé de prison en cas de retour au pays par la nouvelle présidente (AFP). Chaques jours, des images plus violentes nous parviennent des exactions des putchistes, tandis que des manifestations fleuves ont lieu à tavers le pays contre le coup d'État. Sur la BBC, la nouvelle présidente justifiait d'être entrée avec une bible dans le palais présidentiel : "la république était laique à cause de Morales".

https://www.agoravox.fr/tribune-libre/a ... tat-219312

sans porter morales sur un piédestal, on peut légitimement s'interroger sur la sois disante nature démocratique et populaire de ce qui ressemble plus à un coup d'état qu'à autre chose. après les idéologues merdique qui avalent les couleuvres par paquet de douze pourvu que la cible soit du bord opposé n'y verront sans doute aucun problème.
le chômage n'augmente pas, il y a un manque d'emploi.
Muriel Penicaud ministre du travail. France-Inter le 30/07/2018.
"y a pas que les bonbons qui font tomber les dents" célèbre citation de la BAC nantaise.

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