Comme tous les ans, l’association fait le portrait-robot des personnes qu’elle a accueillies dans ses centres. C’est parmi les couples avec enfants que la part des ménages en situation de grande précarité a le plus augmenté en 2018.
Source:Le Figaro.
Comme chaque année, le Secours catholique Caritas France publie ce jeudi matin son rapport statistique sur l’état de la pauvreté en France, basé sur les renseignements collectés en 2018 par les 66.000 bénévoles de l’association auprès des personnes qui ont été accueillies l’année dernière. Soit 1,3475 million d’individus précisément, découpables en 716.500 adultes et 631.000 enfants. Un rapport qui permet d’avoir une photographie relativement fidèle de la précarité et de l’exclusion sur le territoire.
«Le vivre ensemble est non seulement possible mais se vit au quotidien, dans les territoires, paisiblement, remarque Véronique Fayet, la présidente du Secours Catholique Caritas France. Le respect de la dignité et des droits fondamentaux de chacun, Français ou étranger, est une exigence à sans cesse construire. Car la mise au ban d’une partie de la population est génératrice de pauvretés mais aussi de méfiances et de divisions à venir».
Voici donc, en 8 tendances qui se dégagent ou s’affirment, le visage actualisé de la pauvreté en France en 2018, tout du moins tel que le Secours Catholique Caritas France, qui a fêté ses 70 ans il y a trois ans, la mesure dans ses 2400 structures d’accueil.
● Une majorité de femmes:
Comme les années précédentes, les femmes demeurent la population la plus fréquemment rencontrée par le Secours Catholique, avec une hausse de 0,3 point en un an. «L’augmentation de leur proportion dans les accueils traduit une précarisation de leur situation socio-économique, précarisation qui touche principalement les femmes françaises», note l’association. Près des trois quarts d’entre elles sont des mères isolées (39,2%) ou des femmes seules plus âgées (32,4%). La grande vulnérabilité des jeunes familles et de leurs enfants accueillies occulte le vieillissement continu des personnes rencontrées par les 3500 équipes et l’augmentation progressif de la part des plus de 50 ans. Plus prononcé chez les femmes, ce vieillissement concerne essentiellement les ménages français dont l’âge médian a augmenté de 4 ans depuis 2010 pour atteindre 44 ans tandis que la part des plus de 60%, dont 87% sont des personnes isolées, a presque doublé sur la période, pour représenter désormais 14%. Sept personnes sur dix de plus de 50 ans accueillies sont de nationalité française.
● La moitié de familles:
49,8% des ménages rencontrés en 2018 sont des familles avec enfants. Majoritairement des familles monoparentales (quasi exclusivement des mères isolées), «le type de ménage le plus sensible à la pauvreté extrême», note le Secours Catholique. Les familles biparentales représentent un ménage sur cinq et sont «comparativement moins vulnérables» même si «leur fragilité tend toutefois à augmenter». Les enfants représentent 46% de l’ensemble des personnes rencontrées par l’intermédiaire de l’individu de référence de leur ménage, la moitié vivant au sein d’une famille monoparentale «contre moins d’un quart dans la population générale», compare le Secours Catholique.
● Des étrangers plus jeunes et précaires:
Les étrangers qui viennent dans les centres du Secours Catholique sont plus jeunes: 60% ont en effet moins de 40 ans. Ils représentent désormais 43,6% de l’ensemble des ménages accueillis, avec une hausse d’environ 3 points par an depuis 2016. L’an dernier, 58% d’entre eux n’avaient pas de statut légal stable. Les étrangers originaires de l’Union européenne ne représentent que 8% des étrangers rencontrés en 2018 - et un tiers d’entre eux viennent de... Roumanie -, soit deux fois moins qu’il y a dix ans. Parmi les étrangers hors UE, ceux en situation régulière et stable sont plus âgés et sur le territoire national depuis plus de 10 ans. Ils viennent essentiellement d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. À l’inverse, ceux sans statut légal stable sont plus jeunes (35 ans en moyenne) et pour la moitié d’entre eux arrivés depuis moins de deux ans.
● Plus de la moitié d’inactifs:
Le taux d’inactivité a atteint son plus niveau en 2018: 54,4% des 15-64 ans, soit +10 points en dix ans, à comparer au record de taux d’activité (71,9%) enregistré dans l’Hexagone la même année. Cette hausse est due principalement à la forte augmentation de la part de personnes sans droit au travail, passée de 8% à 20% depuis 2010. Moins de 30% des personnes accueillies sont au chômage et quelque 16% ont un emploi, la majorité un CDI à temps partiel et pour plus du tiers depuis plus de deux ans. 45% des personnes accueillies en 2018 ont fait des études secondaires, 16,6% ont un niveau Bac et plus, soit une hausse de 10 points en dix ans pour ces deux catégories.
● Un niveau de vie en baisse:
Le niveau de vie médian des ménages accueillis est de 535 euros en 2018, soit 15 euros de moins en euros constants et 5 en euros courants par rapport à 2017. Cette baisse s’explique en partie par l’accroissement de la part des ménages sans aucune ressource. C’est parmi les couples avec enfants que la part des ménages en situation de grande précarité (niveau de vie nul ou inférieur à 300 euros par personne) augmente le plus fortement, les ménages sans ressources représentant 24% des couples avec enfants en 2018, contre 9% en 2010. Mais les familles monoparentales se précarisent également. La situation des enfants s’est fortement précarisée depuis 2010: la part des enfants âgés de moins de 20 ans vivant dans un ménage sans ressources a été multipliée par 2,5 en 8 ans, atteignant 18% en 2018. Ce phénomène concerne un quart des enfants de moins de 5 ans en 2018.
● Une extrême pauvreté en hausse:
En 2017, le taux de pauvreté atteint 14,1% dans la population générale selon le seuil à 60%, 8% selon le seuil à 50%, et 3,5% selon le seuil d’extrême pauvreté à 40%. Au sein des ménages accueillis cette même année, ces taux atteignaient respectivement 92%, 83% et 65%.
● Des logements toujours plus précaires:
En 2018, près d’un tiers des ménages accueillis vit en logement précaire, soit 1 point de plus qu’en 2017. Cette hausse reflète surtout la forte augmentation de la part de ménages vivant dans des centres d’hébergement. Ils sont près de 11% cette année (dont 69% de ménages étrangers sans statut de résidence stable, arrivés récemment sur le territoire), contre 6% en 2010. Parmi les ménages habitant des logements stables, on note une baisse de la part de locataires (parcs social ou privé) et une faible diminution de la part de propriétaires. Au contraire, la part de ménages en habitat collectif (personnes en maison de retraite ou étrangers en foyer) augmente de 2 points par rapport à 2017.
● Des impayés de logement et énergie:
La moitié des ménages seulement sont en situation d’impayés, pour des raisons qui restent stables avec une prépondérance sur le logement (41,1%), l’énergie (39,6%), l’eau (17%), les impôts et taxes (11,9%).
https://www.lefigaro.fr/conjoncture/le- ... e-20191107