Source:Le Parisien.
Près de 2 500 migrants tentant de traverser la Manche pour rejoindre la Grande-Bretagne ont été secourus en mer en 2019, soit quatre fois plus que l'an dernier. Parmi eux, au moins quatre personnes ont trouvé la mort, selon un bilan des autorités, mais ce triste décompte pourrait s'avérer bien plus lourd encore.
La plupart du temps, il s'agit de navigations à bord de pneumatiques surchargées, ou plus rarement de tentatives désespérées à la nage … Au total, ce sont 261 « cas de traversées » ou « tentatives de traversées » par la mer qui ont été recensées cette année par les autorités françaises et britanniques.
La stratégie des « départs simultanés »:
Rappelons que la majorité des tentatives d'immigration au Royaume-Uni se font toujours par camion. Avec là aussi de nombreux risques pour leur vie. Mais depuis la fin 2018, les traversées ne cessent de se multiplier aussi dans la Manche, malgré les mises en garde répétées des autorités soulignant le danger lié à la densité du trafic (25 % du commerce mondial), aux forts courants et à la faible température de l'eau.
« Ces traversées continuent parce que certains réussissent à passer et, surtout, parce qu'elles sont très rentables pour les passeurs ! », déplore François Guennoc, vice-président de l'association l'Auberge des migrants, qui constate « un phénomène nouveau : de plus en plus de départs simultanés », soit plusieurs bateaux la même nuit, « visant à disperser les efforts des autorités qui surveillent la côte ».
Mais un autre facteur pourrait jouer : le Brexit. Avec la sortie prévue du Royaume-Uni de l'Union européenne, les passeurs font croire aux migrants qu'ils ont tout intérêt à rallier l'Angleterre dès que possible, avant un renforcement des contrôles aux frontières. « Les passeurs leur disent : dépêchez-vous, ça va être plus difficile après », se désole François Guennoc.
La moitié des traversées mises en échec, selon la préfecture:
Au final, au moins quatre migrants sont déjà décédés. La première à périr dans ces eaux a vraisemblablement été Mitra M., Iranienne de 31 ans, titulaire d'un master de psychologie, qui avait embarqué le 9 août sur un bateau pneumatique aux côtés de 19 migrants irakiens et iraniens, dont sept mineurs.
Le 23 août, un Irakien a lui été retrouvé mort au large de Zeebruges (Belgique) après avoir tenté une traversée à la nage tandis que deux autres hommes, également irakiens, ont été retrouvés décédés sur une plage au Touquet (France) mi-octobre.
Selon la préfecture du Pas-de-Calais, d'où partent « 95 % » des embarcations, le « plan d'action » annoncé début 2019 par le ministère de l'Intérieur « produit des résultats ». « Depuis un an, 55 % des traversées ont été mises en échec », se félicite le préfet du Pas-de-Calais Fabien Sudry.
Sur la côte française,des campements plus qu'insalubres:
Malgré les évacuations régulières des camps de fortun e, dont deux importantes qui avaient concerné plusieurs centaines de personnes ces dernières semaines près de l'ancienne « Jungle », plus d'un millier de migrants vivent toujours « dans des tentes, dehors ou dans des hangars » dans la région, essentiellement à Calais et Grande-Synthe (Nord), selon les associations.
« Certains n'ont ni matelas de sol, ni sacs de couchage. On n'a pas assez de tentes et pas assez de couvertures à donner, ils vivent dehors sans douches et sans toilettes », s'insurge Claire Millot, bénévole pour l'association Salam à Grande-Synthe.
« C'est incompréhensible qu'on laisse des gens comme ça, c'est une volonté politique mais qui est tellement inhumaine en Europe au XXIe siècle », ajoute-t-elle. Selon les préfectures, environ 400 migrants, originaires d'Afghanistan, du Soudan et de la Corne de l'Afrique, vivent à Calais, et environ 300 personnes, des Kurdes irakiens et des Iraniens, à Grande-Synthe.
http://www.leparisien.fr/faits-divers/e ... 226855.php