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Excellente analyse d'Ouest Francehttps://www.ouest-france.fr/europe/ukra ... b4f1744449Ukraine : quand l’inondation devient une arme de guerre
La centrale hydroélectrique du barrage de Kakhovka, dans le sud de l’Ukraine, a été complètement détruite par un sabotage imputé aux forces russes.
À qui profite le crime ? Un crime de guerre puisque l’article 56 du premier protocole additionnel de la Convention de Genève de 1949 stipule que « les barrages, les digues et les centrales nucléaires de production d’énergie électrique, ne seront pas l’objet d’attaques ».
Certes Moscou accuse Kiev d’avoir saboté le barrage hydroélectrique de Nova Kakhovka, sur le Dniepr, dans le sud de l’Ukraine. « Toute la responsabilité repose sur le régime de Kiev », a insisté le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en affirmant que l’un des objectifs d’une telle action était de « priver d’eau la Crimée », péninsule annexée par la Russie en 2014.
Mais, d’une part le barrage est toujours tenu par les forces russes ; sa destruction témoigne de leur incapacité, déjà notoire, à défendre un ouvrage stratégique. Et d’autre part, un sabotage ukrainien relèverait d’un calcul assez cynique, voire diplomatiquement suicidaire, de Kiev qui affaiblirait son économie, mettrait sa population en péril et freinerait in fine sa capacité offensive dans le sud de l’Ukraine, au risque d’être lâché par ses alliés occidentaux.
L’inondeur inondé
Le sabotage a plutôt été l’œuvre des Russes qui ont prémédité leur acte mais qui n’ont guère anticipé les effets sur leur propre camp. Ils ont ainsi récemment fermé les vannes du barrage et fait monter le niveau de la retenue à 17 m, contre 13 en temps normal. Ils ont ensuite provoqué la libération d’une vertigineuse masse d’eau qui a inondé la plaine fluviale en aval, en particulier les premières lignes de défense russes sur la rive gauche.
La destruction du barrage ukrainien pénalise surtout Kiev à court terme. « Encore une infrastructure détruite, encore un outil de production électrique à terre, encore des souffrances pour les civils ukrainiens », résume Stéphane Audrand, consultant indépendant en risques internationaux qui ajoute « une limitation des options offensives et logistiques ukrainiennes ».