....................................."Les premiers résultats d'efficacité d'un vaccin contre le coronavirus pour fin mai".............................
Les chercheurs de l'Institut Pasteur multiplient les travaux pour trouver un vaccin et un traitement. Le directeur scientifique de l'institut fait état des avancées. Propos recueillis par Baudouin Eschapasse
L'établissement, qui a permis de mettre au point de nombreux vaccins depuis plus d'un siècle (contre la rage, la diphtérie, mais aussi la fièvre jaune, notamment), est en première ligne dans le combat contre la pandémie. Interview avec Christophe d'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur.
L'Institut Pasteur a mobilisé, dès le mois de janvier, deux structures : le centre national de référence des virus des infections respiratoires (CNR) et la cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU). Comment les travaux de ces équipes s'articulent-ils aujourd'hui face à la pandémie de coronavirus ?
Ingénieur agronome et docteur de l’Institut National Agronomique Paris-Grignon, diplômé de l’Université Paris 7 (DEA de Microbiologie et HDR), Christophe d’Enfert a été nommé directeur scientifique de l’Institut Pasteur en octobre dernier. Il y est professeur, depuis 2002, au sein de l’unité Biologie et pathogénicité fongiques qu'il dirige.
Christophe d'Enfert :
Nous sommes organisés en « task force » pour répondre à la crise. Aujourd'hui, à l'Institut Pasteur, plus de 200 chercheurs travaillent quotidiennement sur la réponse à l'épidémie. Nous nous sommes organisés pour répondre à toute une série de questions : d'abord pour comprendre le développement épidémique du Covid-19, ensuite pour développer une réponse vaccinale, enfin pour mettre en place des stratégies thérapeutiques efficaces.
......Où en sommes-nous sur chacun de ces points ?
Dès le 29 janvier, le centre national de référence des virus des infections respiratoires a mis au point un test permettant de diagnostiquer la maladie à un stade précoce : par amplification du matériel génétique du virus, obtenu à partir d'échantillons biologiques prélevés chez les malades. Ces tests dits RT-qPCR ont été déployés dans les hôpitaux. La caractérisation du génome du virus obtenu des premiers patients français nous a permis de constater que le virus qui circule en France est très peu différent de celui qui a frappé la Chine. Nous avons, dès lors, concentré nos efforts sur la mise au point d'un vaccin.
......Comment ?
Nous développons ici trois programmes de recherche en parallèle. La première approche, qui est probablement la plus prometteuse, tire parti du vaccin contre la rougeole. Ce vaccin est basé sur l'utilisation d'une souche de virus de la rougeole atténuée, dont le patrimoine génétique peut être modifié pour lui permettre de présenter à sa surface une protéine du coronavirus. Ce vaccin recombinant est d'abord testé chez l'animal pour sa capacité à provoquer une réponse immunitaire dirigée contre le coronavirus.
Si cette réponse est observée, alors sa capacité à protéger l'animal contre une infection par le coronavirus est testée. C'est par cette même méthode qu'un vaccin contre le chikungunya a pu être développé, qui entre en phase 3 clinique, mais aussi des vaccins contre d'autres maladies virales, comme celles dues au Mers-CoV, au Sras-CoV-1 ou la fièvre de Lassa, qui ont atteint différents stades de développement clinique.
......Quand pourrons-nous tester un premier vaccin contre le coronavirus ?
Nous attendons les premiers résultats d'efficacité chez l'animal pour fin mai. À partir de là, nous pourrons développer un premier lot clinique et lancer les phases tests à l'automne. Traditionnellement, il faut compter un an avant la mise sur le marché… si tout va bien.
......Ce qui nous amène à l'automne 2021 ?
Compte tenu de l'urgence, nous espérons que les phases de tests pourront être le plus possible raccourcies.
......Aux États-Unis, des vaccins sont déjà en phase de tests. Pourquoi pas chez nous ?
Un laboratoire teste à Seattle une formule de vaccin très innovante utilisant une molécule d'ADN qui permet la production d'une des protéines du virus. Si cela marche chez l'homme, ce sera le premier vaccin de ce type jamais mis au point. Notre méthode de « vaccin recombinant » sur la rougeole est peut-être plus lente, mais nous en connaissons à la fois l'efficacité et, surtout, l'innocuité. Mais vous devez savoir que nous explorons aussi des vaccins basés sur des virus atténués de la famille du HIV, nous défrichons aussi des vaccins ADN.
......Et en matière de traitement de la maladie proprement dite ?
Là encore, nous travaillons sur plusieurs approches pour essayer de bloquer la réplication du virus lorsqu'il est mis en contact avec des cellules. Nous examinons si certaines molécules qui ont déjà des autorisations de mise sur le marché ou pour lesquelles des données précliniques ou cliniques existent peuvent empêcher la progression du virus.
......Comme la chloroquine ?
L'activité antivirale de la chloroquine est connue, mais la question est de connaître son efficacité réelle sur l'homme. Plusieurs études cliniques auxquelles nous ne participons pas sont en cours et devraient répondre à la question de son efficacité chez l'homme. L'Institut Pasteur travaille à la mise en place d'une étude clinique dans laquelle des approches de chimioprophylaxie seront évaluées.
......Plusieurs équipes soulignent l'efficacité du BCG contre le coronavirus. Qu'en pensez-vous ?
Il semblerait que les personnes ayant été vaccinées contre la tuberculose soient aussi prémunies contre d'autres agents pathogènes. Le BCG semble stimuler les cellules responsables de l'immunité. Dans ce domaine, nous distinguions jusque-là une immunité innée et une immunité adaptative dotée d'un effet mémoire. Nous nous rendons compte que, pour l'immunité innée aussi, il semble y avoir un « effet mémoire » contre certains effets pathogènes. Le BCG stimule cet effet mémoire, ce qui pourrait expliquer son efficacité contre le Sras-CoV-2.
......Étudiez-vous aussi les possibilités ouvertes par l'utilisation de sérums prélevés chez des personnes guéries ?
La sérothérapie est une technique qui a fait ses preuves, à commencer dans le traitement de la diphtérie. Et, dans une moindre mesure, d'Ebola. Nous n'avons pas de travaux pour évaluer la sérothérapie. Par contre, nous essayons d'isoler des lymphocytes B qui produisent des anticorps contre le coronavirus de façon à pouvoir par la suite produire des anticorps monoclonaux qui pourront être utilisés en thérapeutique.
Nous ne sommes bien sûr pas les seuls à rechercher de tels anticorps monoclonaux qui ciblent le virus. D'autres anticorps monoclonaux, qui ciblent des médiateurs de l'immunité, sont actuellement évalués par de nombreuses équipes dans le monde pour voir si on peut arriver à bloquer la réponse immunitaire et empêcher ce que l'on appelle l'orage cytokinique, responsable d'une évolution critique de la maladie.
......Combien de chercheurs travaillent sur le Covid aujourd'hui dans le monde ?
Difficile à dire. Je dirais une communauté de chercheurs de 5 000 à 10 000 personnes.
......Et coopèrent-ils vraiment ?
Les données scientifiques circulent aujourd'hui bien mieux que par le passé. Nous travaillons en réseau. Mais la concurrence est très importante. C'est indéniable.
......Votre institut est-il mis à contribution pour accoucher d'une stratégie de déconfinement efficace ?
Le conseil scientifique qu'a réuni l'exécutif pour définir la politique à mettre en place en la matière compte deux représentants de l'Institut Pasteur : un épidémiologiste et un modélisateur. Nous répondons à toutes les sollicitations pour offrir aux politiques des données scientifiques permettant de se faire une vision claire de l'état d'immunité global de la population. Nous disposons d'outils de tests sérologiques pour y parvenir.
Source:Le Point.
https://www.lepoint.fr/sante/les-premie ... 321_40.php
Aux mains de l'Etat,la force s'appelle Droit....Aux mains de l'individu,elle se nomme le crime....
Si tu m'as pris pour un clown tu t'es trompé de Carnaval...
..J'apprécie tellement les Chips que parfois je leurs fais des bisous...