...................................................Policiers brûlés à Viry-Châtillon : «La justice n’a pas été rendue».............................................
Dans la nuit de samedi à dimanche, huit des treize accusés de l’attaque au cocktail Molotov d’octobre 2016 ont été acquittés.
Du côté des parties civiles comme de la défense, on soulève les failles de l’enquête qui ont conduit à ce verdict choquant toute une profession.
Des peines de six à dix-huit ans de réclusion criminelle pour cinq des treize accusés de l’attaque au cocktail Molotov de quatre policiers en octobre 2016 à l’entrée de la Grande-Borne à Viry-Châtillon, contre de dix à vingt ans en première instance pour huit d’entre eux…
Le verdict prononcé dans la nuit de samedi à dimanche par la cour d’appel d’assises de Paris, au terme d’un mois et demi d’un procès à huis clos – certains des accusés étaient mineurs au moment des faits – a provoqué une onde de choc dans les rangs de la police.
A l’énoncé du verdict, à 1 heure du matin, après plus de quatorze heures de délibéré, une bagarre a éclaté dans le box des accusés et dans la salle, dans une importante confusion, provoquant l’intervention d’une trentaine de policiers et gendarmes, après qu’un des condamnés a crié contre la présidente. Un des accusés s’en serait alors pris à un autre, qui aurait « balancé ».
La cour n’a pas suivi les réquisitions de l’avocat général qui avait demandé ce mardi un seul acquittement et des peines de douze à vingt-cinq ans de réclusion criminelle pour les douze autres accusés, désormais âgés de 21 à 26 ans. Selon nos informations, il avait commencé son réquisitoire en s’adressant aux accusés : « Je sais que vous êtes une richesse pour notre société. »
La qualité de l’enquête remise en question:
Pour Laurent-Franck Liénard, avocat d’une des policières victimes, « la justice n’a pas été rendue. Soit on n’a pas poursuivi les bons auteurs, soit on n’a pas acquitté les bons. La bande qui a attaqué les policiers était composée de dix-neuf personnes. Il en manque aujourd’hui quatorze. » Le pénaliste poursuit : « Il y a une terrible frustration.
Plusieurs fois au cours de ce procès, il a été question de la qualité de l’enquête. On peut se poser la question sur le choix de saisir la Sûreté départementale. C’était un dossier pour une brigade criminelle (NDLR : de la Direction régionale de la police judiciaire de Versailles) avec des enquêteurs charpentés. »
L’analyse est la même du côté de la défense. Me Sarah Mauger-Poliak, avocate d’un accusé qui avait déjà été acquitté en décembre 2019 par la cour d’assises de l’Essonne, estime que « ce verdict vient sanctionner une enquête qui a été à l’opposé d’une enquête irréprochable.
Il aurait fallu délocaliser, il y avait trop de pression sur le dos de ces policiers, il fallait trouver des coupables à tout prix. Il va maintenant falloir comprendre. Les victimes restent des victimes. Les policiers sont meurtris. Mais il y a deux catégories de victimes désormais, avec des jeunes qui ont fait de la détention pour rien ».
L’un des accusés, présenté comme le meneur de cette équipe et condamné en première instance à vingt ans de réclusion criminelle, fait partie des acquittés.
« Un cauchemar judiciaire »:
Me Arnaud Simonard, dont le client avait déjà été acquitté en première instance, partage cette analyse : « L’acquittement définitif de mon client, après celui déjà prononcé à Evry, met fin à un cauchemar judiciaire, quatre années de procédure, une détention provisoire assez longue. Les débats s’étant tenus à huis clos, nous n’avons pas le droit de révéler le contenu des audiences.
Mais d’innombrables anomalies de l’enquête menée à charge y ont été soulevées, ce qui a pu expliquer la colère de certains accusés à l’énoncé du verdict. »
En un mois et demi de procès, les failles dans les investigations menées ont été pointées du doigt et même admises par le directeur d’enquête qui a, selon nos informations, affirmé à la barre : « Je n’ai aucune certitude. » La diffusion d’auditions filmées aurait fini de faire pencher la balance avec des déclarations éloignées de celles actées sur les procès-verbaux et de nombreuses pressions de la part des enquêteurs.
Devant ce constat, Frédérick Petipermon, avocat de l’un des accusés, avait déposé plainte en début de procès pour faux et usage. Il devrait être suivi dans les jours qui viennent par certains de ses confrères. « Avant de dénoncer ce verdict, il faut s’attarder sur l’enquête », réagit un autre avocat de la défense.
Sur le banc des parties civiles, les policiers qui, ce jour d’octobre, ont été ciblés alors qu’ils protégeaient un mât de vidéosurveillance accusent le coup.
« Ma cliente oscille entre incompréhension et écœurement, témoigne Me Thibault de Montbrial. C’est un naufrage judiciaire. Seize auteurs ont été comptés sur une vidéo pour finir par cinq condamnations et dix-huit ans maximum pour avoir volontairement tenté de tuer des policiers en les brûlant vifs. C’est le triomphe de la loi du quartier, de l’omerta, de la chape de plomb à laquelle les enquêteurs se sont constamment heurtés.
Comme un symbole, la double bagarre générale – dont une déclenchée par des individus qui venaient pourtant d’être acquittés. Le naturel est vite réapparu. »
Me Liénard reprend : « Les policiers ont pris un énorme coup de poing dans la gueule. Jenny (NDLR : l’une des victimes) qui a assisté à tous les jours d’audience était dévastée à l’énoncé du verdict. »
« C’est un permis de tuer du flic »:
C’est le cas de toute une profession. « Pour mettre fin à toute forme de délinquance, il faut des sanctions fermes et exemplaires, revendique Claude Carillo, secrétaire départemental du syndicat de police Alliance. Le verdict est choquant pour tous les policiers, mais aussi pour toute la société.
Beaucoup de collègues sont dégoûtés.
Vincent (NDLR : le fonctionnaire le plus touché) n’a pas pu assister au verdict car il subissait une nouvelle opération d’urgence, après avoir déjà eu sept ou huit greffes de visage, il est meurtri. »
Pour dénoncer le « laxisme de la justice », Alliance a lancé un appel au rassemblement ce mardi à 12h30 devant le tribunal de Paris et devant tous les tribunaux de grande instance de province et dans les départements d’outre-mer.
« Ce verdict est écœurant, abonde Guillaume Roux, le secrétaire départemental d’Unité SGP 91. Il envoie un message très inquiétant : on peut avoir tenté de tuer des policiers et prendre seulement six ou huit ans, comme pour un vol. C’est un permis de tuer du flic. On banalise les violences à l’encontre des policiers qui sont quotidiennes.
Il y a encore quelques jours, à 400 mètres du lieu où les policiers ont été brûlés à Viry en 2016, des fonctionnaires ont été pris à partie par des tirs de mortier alors qu’ils sécurisaient une intervention. Quant à ceux qui parlent d’erreurs de l’enquête, c’est inaudible. »
Si des accusés condamnés se pourvoient en cassation dans un délai de cinq jours, les acquittements restent définitifs, et la peine prononcée pour des accusés ne se pourvoyant pas en cassation ne pourra être aggravée.
Source:Le Parisien.
https://www.leparisien.fr/essonne-91/po ... 65MZ4A.php
Aux mains de l'Etat,la force s'appelle Droit....Aux mains de l'individu,elle se nomme le crime....
Si tu m'as pris pour un clown tu t'es trompé de Carnaval...
..J'apprécie tellement les Chips que parfois je leurs fais des bisous...