CrazyMan a écrit : ↑01 avril 2020 15:33
Stounk a écrit : ↑01 avril 2020 14:15
je me suis toujours demandé pourquoi dans une démocratie comme la nôtre les sciences économiques étaient une option.
Malheureusement, l'économie est chasse gardée (dans la sphère publique, le débat est assez ouvert dans le champ académique mais trop peu relayé) par certains "experts" télévisés dont Victor et Da Capo propagent les dires. En vantant les mérites du capitalisme et en critiquant les autres manières d'appréhender les choses en les qualifiant de "communistes", "liberticides", "orientées idéologiquement".
Or l'histoire prouve bien que l'apologie de la propriété privée (et par là celle du capitalisme) a conduit à de nombreux déboires et des cas d'extrêmes violences et inégalités. Je pense que les démocraties modernes se fondent sur le contrôle de la propriété privée, par exemple au 19ème siècle il était encore assez présent (notamment en Suède) que seul les propriétaires puissent voter et leurs votes avaient un poids proportionnel à l'ampleur de leurs propriétés, on se retrouvait avec des propriétaires dont le vote étaient plus important que les votes de tout les habitants d'un village. Je pense également aux propriétaires d'esclaves qui ont été sympathiquement indemnisés suite à l'abolition de l'esclavage, alors que les esclaves eux n'ont reçu aucun dédommagement...
Le libéralisme économique repose sur le mythe de l'homo œconomicus, et par là par la croyance en la méritocratie et le "self-made-man" (cf : rêve américain / american way of life). Or les études sociologiques ont démontré que ces croyances relèvent du mythe et non de faits sociaux et économiques fondés empiriquement parlant.
Finalement, leurs postures (Victor et Da Capo) repose sur un modèle très élitiste où les pauvres sont pleinement responsables de leur misère et les riches pleinement responsables de leur réussite, ce qui est évidemment en grande partie faux. En revanche, évitons de leur parler d'origines sociales...
Qui sont ces fameux ''experts télévisés'', vu que je ne regarde jamais la télé soit dit en passant ?
Critiquer les économies planifiées pour leur inefficacité n'est pas une posture mais un constat et le fait qu'on ne lui oppose que des divagations utopiques ou des doctrines avilissantes me conforte dans l'idée qu'il est irrécusable.
Autre critique, celle du capitalisme, n'implique pas systématiquement la remise en cause de la propriété privée et je pense que cet amalgame est abusif.
Considérant la propriété privée comme un droit et le capitalisme comme un moyen d'accumulation, je veux bien qu'on modère les excès de ce moyen, c'est le rôle des institutions, mais je crois fermement que la propriété privée est consubstantielle à la liberté fondamentale des individus et qu'on ne peut la ''dématérialiser'' sous peine de la compromettre. Bref, c'est un sujet autant philosophique qu'économique.
''Le libéralisme économique repose sur le mythe …..''
Je pense que le libéralisme économique ne repose pas sur un mythe, mais sur le réel, justement.
Quant aux études sociologiques, certaines, comme celles de Raymond Boudon pour ne citer que lui, récusent cette idée du ''self made man'' et rien d'autre, non par parti-pris ou mauvaise foi, mais simplement parce que précisément, elles n'opèrent pas dans le cadre d'une éthique de conviction. Eh oui, encore elle !
Bref, Je n'ai vraiment pas envie de m'empètrer dans les querelles théoriques, mais à titre personnel, je trouve qu'une part largement majoritaire de la sociologie du XX° siècle ressemble à un vaste radeau naufragé dans les grandes marées idéologiques.
''un modèle très élitiste où les pauvres sont pleinement responsables de leur misère ...''
Pleinement ? Certainement pas et ceux qui le croient ont tort.
Mais il s'agit encore là d'une simplification outrancière. L'idée de s'opposer au principe de l'assistanat ne consiste pas à simplement refuser aux plus pauvres une aide que la collectivité peut leur apporter - tout en faisant le deuil de leur dignité - mais plutôt à se pencher sur les raisons personnelles qui les ont conduits à cette dépendance et discerner celles qui impliquent leur responsabilité afin de redéfinir les efforts qui créeront les conditions d'un nouveau départ et le plus important, je crois, un retour à cette dignité perdue.
Dites-moi Brigitte, est-ce que vous fumez après l'amour ? - J'sais pas, j'ai pas regardé.