Venus de tout le pays, ils dénoncent les « contraintes » qui pèsent sur leur profession. Le total des bouchons dans la région a dépassé les 420 km ce mercredi matin.
Source:Le Parisien.
Ils ont bien l’intention de se faire entendre… Et de se faire voir...
Des milliers d’agriculteurs ont convergé vers la capitale, ce mercredi matin, pour manifester contre les « contraintes » pesant sur leur secteur, en particulier les restrictions d’usage des pesticides comme pour la culture de la betterave sucrière. Une partie d’entre eux, près de 500, selon la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), s’y sont rendus en tracteurs.
Le cortège a pris la direction de la Porte de Versailles, dans le sud de Paris, où se tiendra dans moins d’un mois le Salon international de l’agriculture. Les tracteurs ont ensuite pris la rue de Vaugirard à 9h30, à la surprise de nombreux passants. Ils se sont dirigés vers l’esplanade des Invalides, dans le centre, non loin du ministère de l’Agriculture. Ils ont commencé à y arriver après 10 heures.
La dispersion est prévue en début d’après-midi, par un quai bordant la Seine. Auparavant, différentes prises de parole sont organisées aux Invalides. Des députés de différents groupes sont venus à la rencontre des manifestants. L’Assemblée nationale se trouve à quelques centaines de mètres.
« On est à 5km/h, même pas! lance Clément, 25 ans, céréalier dans le sud-est des Ardennes. C’est la première fois que je conduis ma machine à Paris ». Rue de Vaugirard, l’agriculteur, très engagé auprès de ses jeunes collègues du Grand Est est très vigilant.
« Mon tracteur est plus large que les autres. Les roues dépassent. Je pensais qu’ils (NDLR : les forces de l’ordre) nous dégageraient le passage. On est au milieu des voitures, il y a tellement de monde. » Ce professionnel agricole a fait le déplacement pour contester l’interdiction des néonicotinoïdes. « Mon frère cultive des betteraves et moi j’utilise les sous-produits des betteraves comme engrais. Sans eux, on s’expose à des risques de maladies dans nos cultures. »
Au passage du cortège, avenue de Suffren, des agents de police régulent la circulation. Des automobilistes s’impatientent. Un facteur est bloqué derrière du rubalise, au téléphone avec son supérieur. « Pour ce matin c’est mort. C’est bloqué ici, on doit attendre le passage des tracteurs. »
Klaxons qui retentissent, pétards : les agriculteurs se font entendre, effrayant parfois les enfants qui circulent sur le trottoir. Jérôme, la cinquantaine, se balade le long du boulevard Pasteur, croque une pomme puis la tend vers les agriculteurs, et les remercient d’un geste de la main. « C’est eux qui nous nourrissent, on se doit de les soutenir », commente ce Parisien.
Dès mardi, la préfecture de police de Paris a mis en garde contre une circulation « très fortement perturbée dans un large périmètre, du boulevard périphérique aux septième et quinzième arrondissements parisiens », avec un retour progressif à la normale dans la journée. « Il est vivement recommandé aux automobilistes de contourner largement le secteur pendant toute la durée de l’événement ».
Le cumul des bouchons en Île-de-France a dépassé les 420 km un peu avant 9 heures.Il s’agit d’un niveau élevé, mais atteint assez régulièrement.Le périphérique intérieur,particulièrement concerné par l’arrivée des tracteurs,a été très ralenti.Mais il a subi aussi les conséquences d’un accident.
Néonicotinoïdes, coûts de production et prix de l’énergie:
Le déclencheur de la mobilisation est la décision du gouvernement, le 23 janvier, de renoncer à autoriser les insecticides néonicotinoïdes pour la culture de la betterave sucrière, à la suite d’une décision de la Cour de justice de l’Union européenne estimant illégale toute dérogation.
Mais les doléances se multiplient : ces derniers mois, les agriculteurs se sont rassemblés par petits groupes à travers le pays, ici pour dénoncer la hausse de leurs coûts de production du fait de la flambée des prix de l’énergie, là pour réclamer de stocker de l’eau pour irriguer leurs cultures.
La section FNSEA du Grand Bassin parisien, qui rassemble 12 départements céréaliers du nord de la France, est à l’initiative de la manifestation, avec le syndicat des planteurs de betteraves CGB, aussi affilié à la FNSEA.
La dernière grosse mobilisation du genre remonte au 27 novembre 2019, quand un millier de tracteurs ont mené des opérations escargot sur le périphérique. Les manifestants dénonçaient, déjà, un durcissement des règles concernant l’épandage de pesticides de synthèse avec la création de zones de non-traitement (ZNT), des bandes de quelques mètres à proximité des habitations où il est interdit de recourir à ces substances.
https://www.leparisien.fr/societe/les-a ... Q5544U.php