La polémique Mathilde Panot met en lumière les nouvelles méthodes de mobilisation adoptées par LFI

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La polémique Mathilde Panot met en lumière les nouvelles méthodes de mobilisation adoptées par LFI

Message par Once » 21 juillet 2022 09:15

Pour Jean-Pierre Sakoun et Aline Girard, le tweet polémique de la présidente du groupe LFI à l'Assemblée s'inscrit dans une méthode d'activisme politique choisie par son mouvement qui consiste, entre autres et dans une logique de rupture, à hystériser et brutaliser les situations politiques.

LFI crée ici de toutes pièces une polémique à l'occasion de la commémoration du 80e anniversaire de la Rafle du Vel' d'hiv' et installe au cœur de cette polémique le président de la République. Certes il y a cinq ans celui-ci avait eu des mots maladroits, voire malheureux – en partie déformés d'ailleurs, au sujet du maréchal Pétain. Il a depuis clarifié sa position, en particulier lors de l'inauguration le 17 juillet du mémorial de la gare de Pithiviers. Mathilde Panot dans son tweet déplore la Rafle du Vel' d'hiv' mais accomplit l'exploit de ne citer ni le mot « juif », ni le mot « antisémitisme ». L'objectif étant non pas de manifester sa solidarité vis-à-vis des victimes, mais uniquement de faire porter sur Emmanuel Macron l'ombre du maréchal Pétain.

Au lendemain de l'élection présidentielle de 2017 on a vu Jean-Luc Mélenchon littéralement possédé par une obsession: il s'en était fallu de 600 000 voix pour qu'il devînt président de la République.

Il s'est ainsi convaincu que c'était dans les «quartiers» et auprès des populations les moins enclines à voter qu'il fallait chercher les voix manquantes pour le prochain Grand soir électoral. Si cette analyse est classique à gauche, J.-L. Mélenchon a été en revanche le premier à s'emparer politiquement d'une méthode de mobilisation des quartiers populaires qui, vue de loin, ressemble à la bonne vieille «Agitprop». Mais lorsque l'on s'y penche de plus près, elle présente un tout autre visage. Il s'agit de ce que l'on appelle le Community organizing.

Le Community organizing, venu de la gauche américaine a été théorisé et mis en pratique notamment sous le nom de «méthode Alinsky». Dès les années 1930, Saul Alinsky, travailleur social et sociologue américain, a conçu progressivement, en travaillant auprès des communities noires américaines, un procédé de mobilisation des déshérités les plus éloignés de l'action politique. On peut résumer cette méthode en deux étapes: «séduire les quartiers populaires» en frappant à la porte des résidents et en leur parlant des problèmes les plus immédiats et matériels qu'ils peuvent rencontrer, comme le logement ; «aller chercher la colère des gens» et la politiser selon les termes mêmes des dirigeants de La France insoumise.

La mobilisation de cette «colère des gens» dans les quartiers n'a certes pas suffi à hisser Jean-Luc Mélenchon au deuxième tour de l'élection présidentielle de 2022 ; mais elle lui a permis comme le démontrent les résultats dans les fameux «quartiers», de dominer la gauche et de faire de son mouvement un des acteurs incontournables de la XVIe législature.

La méthode Alinsky s'enseigne et se diffuse comme toute autre tactique politique. On ne sera pas surpris d'apprendre que l'une des toutes premières associations à l'avoir adoptée en France est Alliance citoyenne, devenue fameuse pour son combat pour l'imposition du burkini et la soumission des femmes dans les piscines de la métropole grenobloise. C'est bien en allant «chercher la colère» pour la décupler, l'hystériser et la brutaliser que les activistes radicales d'Alliance citoyenne ont presque réussi leur coup. Allons plus loin – et cette remarque a une importance fondamentale pour comprendre le fonctionnement actuel du militantisme de La France insoumise – Alliance citoyenne ne s'est pas contentée d'aller chercher une colère dont on sait qu'elle n'existait nullement à propos du burkini. Alliance citoyenne a suscité et fomenté la colère en jouant sur tous les registres du communautarisme victimaire, du «eux contre nous» et du séparatisme culturel et social.

Or c'est en lien avec Alliance citoyenne qu'a été créé en France le premier institut de formation Alinsky dirigée par Julien Talpin, auteur de «Community organizing. De l'émeute à l'alliance des classes populaires aux États-Unis». Et c'est à cet institut Alinsky que LFI a confié la formation de ses cadres à la fameuse «méthode». On comprend donc beaucoup mieux pourquoi et comment l'activisme politique de La France insoumise a pris depuis 2017 un tour radical, voire hystérique. Dans ce cadre tactique, LFI a réinjecté sa propre stratégie que l'on pourrait résumer en deux phrases: cogner sans relâche sur Emmanuel Macron dans le but de le délégitimer, par exemple en affirmant sans cesse qu'il est minoritaire et n'a donc pas vocation à gouverner la France ; le mettre sans cesse au centre de polémiques échafaudées de toutes pièces et menées avec une grande violence verbale afin de conserver les militants dans un état constant d'irritation et d'agitation.

l s'agit bien là pour ce petit soldat de la méthode Alinsky, de créer de toutes pièces une polémique à l'occasion de la commémoration du 80ème anniversaire de la Rafle du Vel d'Hiv et d'installer au centre de cette polémique le président de la République. Certes il y a cinq ans celui-ci avait eu des mots maladroits, voire malheureux – en partie déformés d'ailleurs, au sujet du maréchal Pétain. Il a depuis clarifié sa position, en particulier lors de l'inauguration le 17 juillet du mémorial de la gare de Pithiviers. Il s'agit d'un véritable cas d'école puisque, à l'application de la méthode Alinsky, s'ajoute l'obsession de LFI à propos des juifs. Les manifestations de cette obsession sont toujours pesées au trébuchet. LFI ne critique pas les juifs, mais fait parader Monsieur Corbyn au côté des candidates aux Législatives Simonnet et Obono, dans un quartier dont LFI imagine que le «vote musulman» y est dominant. On «déplore» la Rafle du Vel d'Hiv mais on accomplit l'exploit de ne citer ni le mot «juif», ni le mot «antisémitisme». L'objectif étant non pas de manifester sa solidarité vis-à-vis des victimes, mais uniquement de faire porter sur Emmanuel Macron l'ombre du maréchal Pétain.

La tactique Alinsky appliquée à la stratégie populiste de LFI produit un mélange détonnant et terriblement instable. On a vu les Américains de l'Alt-right chauffés à blanc par un chef populiste et charismatique, envahir le Capitole, persuadés contre toute réalité et contre toute raison que l'élection présidentielle avait été volée à leur héros. En outre, ce n'est pas là le moindre des paradoxes, on constate que LFI, dont l'un des fondements idéologiques est l'antiaméricanisme, synonyme d'anticapitalisme, va puiser ses méthodes de conquête du pouvoir et de conviction des populations reléguées dans l'arsenal des armes idéologiques de la gauche américaine, déstructurée, antiétatique, infrapolitique.


LFI et son leader ne sont pas les seuls à utiliser dans notre pays à des fins politiques le Community organizing. Une jeune génération d'activistes formés dans les universités américaines ou au sein d'équipes politiques plus ou moins proches de la gauche de Bernie Sanders, soutenue par de puissantes fondations américaines, mène des actions de mobilisation dites «citoyennes», organisant des «collectifs» ou des «mouvements» communautaristes et œuvrant principalement dans le domaine de l'entreprenariat social et de l'interreligieux. Citons Alice Barbe et son Académie des futurs leaders, Sarah Durieux, Noé Girardot-Champsaur, Lumir Lapray, Clément Pairot. Des jeunes gens de la «gauche morale» que l'on a rencontrés dans l'équipe de La Primaire populaire, organisée par Samuel Grzybowski et quelques autres. Ce sont eux qui ont bombardé candidate Anna Agueb-Porterie. Organisatrice de communauté pour l'Alliance Citoyenne d'Aubervilliers. Des noms que l'on n'est pas près de voir disparaître dans l'avenir.

Jean-Luc Mélenchon a-t-il conscience, lorsqu'il importe les méthodes du community organizing radicalisées par Alliance citoyenne pour les greffer sur une idéologie populiste, que c'est en réalité le modèle étasunien qu'il importe ?

Jean-Luc Mélenchon a-t-il conscience de la manipulation dont il est l'objet de la part de ces inquiétants jeunes gens formés Outre-Atlantique, qui se sont engouffrés dans sa politique de rupture ? A-t-il conscience d'être désormais un apprenti sorcier aux mains des promoteurs du modèle de société libérale libertaire américaine ?

Source
: https://www.lefigaro.fr/vox/politique/l ... i-20220719

latresne
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Re: La polémique Mathilde Panot met en lumière les nouvelles méthodes de mobilisation adoptées par LFI

Message par latresne » 21 juillet 2022 12:57

Merci pour l'info.C'est quand mm long à lire.
JLM s'est pris pour Castro ,sauf que le militaire cubain avait une petite armée.

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gare au gorille
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Re: La polémique Mathilde Panot met en lumière les nouvelles méthodes de mobilisation adoptées par LFI

Message par gare au gorille » 21 juillet 2022 13:03

J'ai envie de dire : "vous pouvez répéter la question??".
* il pleut doucement sur la ville *
* Et le poète soul engueulait l' Univers *
(Rimbaud)

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Re: La polémique Mathilde Panot met en lumière les nouvelles méthodes de mobilisation adoptées par LFI

Message par Once » 21 juillet 2022 18:54

Le fameux " la police tue" de Mélenchon, c'était du même ordre : message adressé à l'intention des " banlieues sensibles", comme on dit où l'on sait que la police n'est guère la bienvenue et qui constitue un nouvel électorat pour la gauche radicale. Un nouvel électorat qui a envie d'entendre ce message.

Mais message dangereux à mon avis car il ne peut que mettre de l'huile sur le feu et augmenter la haine anti flics.

Punch Line destinée aussi à faire réagir à droite, bien entendu. Et ça, ça marche à tous les coups !

Le problème est que ce genre de formule n'est généralement pas bien perçue par beaucoup de Français qui croient encore en leur police et qui ne sont pas prêts à entendre ce genre d'accusation : François Ruffin l'admettait lui même récemment en prenant ses distances avec Mélenchon.

L'autre problème, à mon avis. est que, sur le fond, la gauche radicale n'a pas tout à fait tort : une refonte de la police française mériterait d'être entreprise.

Parce que, trop souvent, notre police ne semble plus être sensée nous protéger, notre police fait peur : il y a un lien qui semble se rompre.

Rien à voir avec l'impression plus rassurante que donnent les bobbies londoniens par exemple.

Mais quand on tire à boulets rouges sur la police comme le fait Mélenchon, là on a le messager qui tue le message.

L'effet est désastreux et se retourne contre son auteur et son parti.

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