Le rapport annuel de l'IGPN, la «police des polices», atteste que cette arme a été utilisée à 2699 reprises en opération. Soit environ deux fois plus qu'en 2017.
47% des dossiers portent sur des allégations de violences policières.
Source:Le Figaro.Alors que les forces de l'ordre sont pointées du doigt par une frange de la population ainsi que par la gauche radicale, l'inspection générale de la police nationale (IGPN, la « police des polices ») rend public ce vendredi un rapport annuel qui bat en brèche un certain nombre de fantasmes et de caricatures.
L'état des lieux, contrasté, intervient alors que les très redoutés « bœuf-carottes » s'apprêtent à vivre une mini-révolution interne avec, pour la première fois de leur histoire, la nomination à leur tête d'une magistrate, Agnès Thibault-Lecuivre. Celle qui était jusque-là directrice adjointe de cabinet de Gérald Darmanin prendra ses fonctions dès lundi prochain. Nul doute qu'elle aura déjà digéré les 116 pages d'un document recensant 1093 saisines judiciaires pour l'année, 2021 encore marquée par la crise sanitaire. Soit, si l'on excepte le pic atypique de 2019 lié au mouvement des « gilets jaunes », une quasi-stabilité des affaires les plus graves depuis 2016.
Baisse de la corruption:
Dans ce total, 47% des dossiers portent sur des allégations de violences policières. « Ces violences interviennent dans plus d'un tiers des cas (37%) à l'occasion d'une interpellation, ou d'une opération assimilée (perquisition, interpellation, opération de police secours etc.), observe l'IGPN, qui précise: Un autre moment de grande tension où il peut être fait usage de la force apparaît à l'occasion des contrôles d'identité (15%) ainsi que lors des contrôles routiers (12%) mais également dans le contexte de manifestations et de services d'ordre ».
Si les enquêtes liées à l'usage des armes de services ont été un peu moins nombreuses l'année dernière (38 contre 53 en 2020), celles liées aux injures racistes et discriminatoires augmentent légèrement, passant à 51 dossiers contre 38 en 2020. « Il s'agit soit d'injures proférées à l'égard d'usagers lors de contrôles de police ou d'interpellations rendues difficiles, soit d'insultes entre collègues qui empruntent la voie des réseaux sociaux ou des tracts syndicaux », précise l'IGPN, qui ne traite que les dossiers les plus graves et des plus retentissants – soit 10% du contentieux.
Sur le front de la corruption, contre laquelle luttent une douzaine de policiers spécialisés affectés à la division nationale des enquêtes, 58 investigations judiciaires ont été engagées (contre 75 en 2020). Parmi les policiers incarcérés et révoqués figure notamment un agent qui, dans la vie privée, multipliait des magouilles financières pour le compte d'un trafiquant de drogue ou encore un gardien de la paix qui obtenait des titres de séjours et des faux documents pour un de ses amis restaurateurs étrangers en contrepartie de « cadeaux » (tickets-restaurants, voiture...).
Au gré des saisines, les « bœuf-carottes » relèvent par ailleurs une hausse des dossiers pour « faux en écriture » (67 en 2021 contre 49 l'année précédente) lié à des « procès-verbaux mensongers ou infidèles » rédigés pour masquer violences ou faire « disparaître » de l'argent ou des objets récupérés en perquisition. En 2021, l'IGPN a placé au total 194 suspects en garde à vue et 37 policiers ont été condamnés.
Hausse de l'usage de l'arme de service:
Sur le terrain, les policiers ont fait usage de leur arme de service à 290 reprises, en légère hausse (+2%) par rapport à l'année précédente. En revanche, l'IGPN relève une hausse plus nette du nombre de munitions, 846 ayant été utilisées contre 713 en 2020. Si les tirs ont visé des individus décrits comme « dangereux» à 32 reprises, les policiers ont fait feu en direction de véhicules dans 60% des affaires liées à l'usage de l'arme à feu. En 2021, 37 personnes ont été tuées et 79 blessées à l'occasion d'une mission de police.
Pour éviter de faire couler le sang, jamais les policiers n'ont autant dégainé leur pistolet à impulsion électrique, utilisé à 2699 reprises. Soit deux fois plus qu'en 2017. Dans la moitié des cas, cette arme non létale a été utilisée en «mode contact«, les autres usages étant faits en «mode dissuasif» dans 23% des cas ou en «mode tir» 25% .
Dans le cadre de ses enquêtes administratives déclenchées l'année dernière, la police des polices a relevé pas moins de 728 manquements professionnels et déontologiques commis par 301 agents. Dans 20% des cas, il concernait le sacro-saint devoir d'exemplarité dont sont astreints les agents, qu'ils soient en service ou non. Ainsi, 157 policiers ont été épinglés pour des problèmes d'alcoolisme ou de consommation de drogue, de harcèlement au travail ou encore de violences commises dans la sphère familiale ou amicale.
Plateforme en ligne:
Des usages disproportionnés de la force, des manquements au devoir de loyauté, des cas de désobéissances ou encore d'utilisation de fichier de donnée à des fins personnelles complètent la liste, plutôt fournie, des griefs retenus. Au total, 167 agents ont été renvoyés devant le conseil de discipline.
Soucieuse d'être plus accessible pour le grand public dans une «logique d'amélioration du lien police population», l'IGPN met en avant sa plateforme en ligne qui a permis, l'année dernière, d'enregistrer 6003 signalements d'usagers. Soit quasiment le double par rapport à sa mise en service en 2014. Dans près de 21,5% des cas, les messages dénoncent un « usage excessif de la force », mais aussi des problèmes d'irrespects et de manque de courtoisie (17%) ainsi que des « non prises en compte du statut de victime » (10%).
https://www.lefigaro.fr/actualite-franc ... e-20220722