Victor a écrit : ↑15 novembre 2019 19:39
lotus95 a écrit : ↑14 novembre 2019 23:02
La compétitivité n'est pas qu'une histoire de coûts ; c'est aussi une question de recherche, d'innovation et de qualité
Avec la désindustrialisation graduelle du pays sur 30 ans, la France est aujourd'hui principalement une économie de services, bien moins sensible à la concurrence que ses voisins ;
il ne faut donc pas se retrancher derrière la compétitivité pour justifier tout et n'importe quoi ; les causes des délocalisations se résument essentiellement à l'appât du gain, parce que les produits fabriqués hors France et réimportés ne se vendent pas moins cher que s'ils avaient été fabriqués en France ...
Je te jure que tu as tort. J'ai travaillé dans l'industrie et j'ai comparé les coûts, les prix de revient et les prix de vente possible dans chaque pays.
Dans toutes les industries à faible marge et à fort volume, une légère augmentation du coût de production peut véritablement obliger l'entreprise à délocaliser si elle ne veut pas vendre à perte. Car elle ne peut pas augmenter son prix de vente face à la concurrence étrangère.
Il y a des exceptions comme l'industrie du luxe, à marge élevée et à faible volume ... et là, effectivement on peut continuer à produire en France.
Si tu regardes les industries encore existantes fortement en France. Que trouve-t-on ?
Le luxe. -> fort prix de vente, forte de marge, donc le prix de revient peut être élevé. C'est donc compatible avec un pays comme la France qui a le coût horaire du travail le plus élevé des grands pays industriels.
L'aéronautique -> duopole Airbus/Boeing, pas de concurrence de pays low-cost.
Mais du jour où la chine vendra des avions ... si on ne réagit pas en baissant très fortement nos charges (avec un super CICE), on pourra dire adieu à la production d'avion sur le territoire français.
je ne dis pas que ce n'est pas le cas de certains secteurs, comme le secteur auto ... encore qu'on ne peut pas dire qu'il réponde aux critères de marge faible ; il y a cependant moyen de se démarquer en terme de qualité pour justifier une différence de prix par rapport à la concurrence
mais on ne peut pas généraliser, tu cites justement les secteurs (luxe, aéronautique ..) qui pèsent le plus en France et qui ne souffrent pas vraiment de concurrence ; quel sens ça a d'alléger les charges de façon indifférenciée ?
moi je comprendrais mieux qu'on le fasse selon des critères intelligents qui répondent aux problématiques de l'économie du pays : secteurs soumis à concurrence, secteurs stratégiques ou entreprises innovantes, entreprises pourvoyeuses d'emplois ...
ce que tu ne comprends pas, c'est que le moins cher a un coût social élevé, et que ça n'a pas de sens d'aller dans une course éternelle vers le moins disant ; si on le faisait, où seront les limites ? tu penses que délocaliser dans des pays qui bafouent les droits humains en faisant travailler des enfants ou des adultes dans des conditions indignes est une fin en soi ?
autre chose que tu ne comprends pas, c'est que parler de charges ou de super CICE n'a pas de sens : on est déjà hors course en salaire brut mini par rapport aux pays de l'Est ou d'Asie ; ce qui revient à dire que même si on supprime totalement les charges, on restera néanmoins 3 à 5 fois plus chers que ces pays et on n'empêchera pas davantage les délocalisations.
La seule manière de s'en sortir est à la fois de se protéger en surtaxant les produits importés, et de miser sur l'innovation et la qualité pour justifier les différences de prix.