Jiimmy a écrit : ↑11 mai 2021 05:56
En ce qui me concerne je pense que le problème de fond est double.
D'une part, il me parait évident que le laxisme de la justice compte (subi dans un sens, en effet il faut bien définir des priorités si les places de prison sont limitées et que le suivi, en ce qui concerne la primo-délinquance, est réduit), pour une certaine partie, dans les comportements délictueux que se permettent un certain nombre de nos jeunes.
Face aux faibles probabilités, non seulement d'être coincés (du fait notamment du manque de moyens à disposition), puis de subir une punition, la peur s'amenuise et les personnes se laissent plus facilement aller à des comportements répréhensibles.
Mais, d'autre part, je pense que ce laxisme n'est pas l'explication principale et qu'il ne justifie pas à lui seul cette situation. Cette délinquance n'est pas irrationnelle au sens où elle ne provient pas de rien. Ces jeunes ne sont pas intrinsèquement plus mauvais que les jeunes d'autres pays alentours qui peuvent, pourtant, proposer des sociétés plus apaisées. Ceux-ci (ces jeunes) ne sont que le fruit de structures sociétales que nous avons tous contribué à édifier.
En effet, ils sont le pur produit d'une société à laquelle nous participons tous et que nous faisons évoluer dans un sens qui n'améliore pas les choses. Il est de coutume que de se décharger de toutes les responsabilités du mal que l'on perçoit en se contentant de pointer du doigt (sans même se rendre compte que, ce faisant, 3 de nos doigts nous pointent en retour) comme si l'autre était forcément responsable de tout. En l'occurrence, cette violence banalisée, cet irrespect, ce manque de tact, ce dédain de l'autorité, cette tendance à s'engouffrer dans toutes les brèches afin de profiter des failles du système, nous incarnons tout cela au quotidien dans nos interactions avec les autres, dans notre travail, dans nos consommations culturelles, dans ce que nous faisons plus généralement.
Pour prendre un exemple, combien de personnes se plaignent de la corruption des élites, de ses facultés de mensonge, de sa malhonnêteté tout en étant eux-même à cette image sur certains points. Tout cela pour dire que si ces jeunes ont évolué ainsi, c'est parce qu'ils ont trouvé une société (que nous avons tous bâtie) qui a facilité leur orientation dans ces voies malsaines.
Quid également de l'impact des comportements de ceux s'évertuant à diviser la société en groupes fictifs dans lesquels ils rassembleront pêle-mêle les gens en fonction de leur religion, de leur couleur de peau, de leur origine ethnique afin de les rendre responsables collectivement de tous les torts possibles (une démarche, à l'origine, purement politicienne dans un soucis de maitrise de l'agenda politique. "Je suis incapable d'apporter des vraies réponses aux défis auxquels nous avons à faire face, alors je désigne des boucs-émissaire conçus comme les principaux responsables des problèmes qui nous préoccupent tout en en créant de faux auxquels j'apporte des semblants de réponse de sorte à détourner les regards sur mon incapacité à faire face aux défis réellement majeurs". Double démarche).
A force d'exclure symboliquement, l'on radicalise nécessairement les esprits de certains qui n'auront légitimement pas envie de faire société avec une communauté nationale que l'on aura amalgamée à ces pyromanes de service ("ils ne m'aiment pas, alors je les aimerai encore moins"). Je peux comprendre ces mécanismes psychologiques car j'en ai souffert avant de parvenir à faire la distinction entre LA société et ceux parlant en son nom et qui ne sont en fait qu'une minorité d'intégristes même s'il s'agit de ceux qui font le plus de bruit. Ce sont ces zemmour de la pensée qui incarnent ce danger que je m'évertue à dénoncer au quotidien car ils contribuent fortement à la fragmentation de la société par leurs discours faits d'essentialisation, de mensonges et de stigmatisations.
Enfin parlons de cette violence que nous dénonçons et qui nous fait tant jouir au quotidien, que nous recherchons ardemment lorsque nous regardons un film, lorsque nous écoutons un débat entre politiciens (dont l'on ne retient que les phrases assassines que l'on célèbre par la suite), lorsque nous visualisons un épisode de télé-réalité, lorsque nous nous retrouvons en confrontation avec la caissière, le voisin, le chauffeur de bus, l'employé des postes etc.....
Je ne crois pas aux explications économiques, à la situation sociale des uns ou des autres. Ce phénomène de racailles n'existe pas dans bien des pays dans lesquels il existe autant d'écart entre les classes sociales et dans lesquels les classes sociales les plus défavorisées connaissent des situations de misère bien pires que celles de notre pays. Cet argument tend à faire en sorte (selon moi), au contraire, que certains jeunes auto-légitiment leurs mauvais comportements en le justifiant par les excuses que l'on aura déjà inventées pour eux (combien disent "oui mais on ne trouve pas de travail", sous-entendu je n'ai pas d'espoir, je galère donc je fais la misère à cette société).
Tout cela pour dire que nous avons tous une responsabilité dans la situation présente et tant que nous nous épargnerons une profonde introspection afin de changer radicalement, déjà à notre niveau, alors les structures sociétales resteront ce qu'elles sont et continueront à produire ces comportements. Les choses ne changeront assurément pas et nous continuerons à nous plaindre des résultats de notre travail. Nous avons la société que nous méritons, ni plus ni moins.