Kelenner a écrit : ↑23 mai 2022 22:31
Et donc, le jour où tu tombes sur un ado plus fort que toi physiquement, c'est lui qui a le dernier mot ? Non, ce n'est pas comme cela que l'autorité fonctionne. Ce qu'il est primordial de faire comprendre à certains enfants, mais malheureusement aussi à certains parents, c'est qu'il y a une hiérarchie entre un adulte et un gamin, qu'ils ne sont pas sur un pied d'égalité. Evidemment, il faut des sanctions dissuasives, mais par expérience je sais que ce ne sont certainement pas les parents violents qui tiennent le mieux leurs enfants, bien au contraire. Ce qui ne signifie pas qu'on ne peut pas dans certaines circonstances lever la main sur eux, mais en faire la base d'une éducation c'est la garantie de se planter. En tout état de cause, c'est souvent l'argument ultime des parents d'élèves dépassés ("vous n'avez qu'à le taper"), mais qui savent pertinemment que l'enseignant n'a fort heureusement aps ce droit, et qui ne font rien pour fixer un cadre à leurs gamins.
Ce qui manque, je pense, c'est un cadre clair, pourquoi pas même au niveau du ministère, pour fixer des procédures systématiques en fonction de la gravité des faits. Un cadre contraignant, connu des élèves comme des parents, qui soit mis en oeuvre à chaque incident, quoi que ça coûte comme énergie, et qui retire toute possibilité de contestation personnelle : l'enfant et/ou le parent a commis telle faute ou telle infraction, les conséquences sont celles-ci, point. Aucun besoin de violence physique là-dedans, il faudrait juste une hiérarchie de l'EN qui fasse son boulot et défende son personnel, ce qui n'est pas le cas à l-heure actuelle -le cas Paty est le plus emblématique, mais à des échelles moins dramatiques ce sont des situations quotidiennes et tristement banales, que tout enseignant a vécu. C'est à cela qu'il faut mettre un terme.
dans l'EN et plus globalement, la tendance va malheureusement vers la dilution des responsabilités : chacun n'est plus totalement responsable de son N-1, il y a des responsables un peu partout qui n'en sont plus quand ca ne va plus et qui se rangent du coté du plus influent, la culture du "pas de vague"etc.
Un ami directeur d'école en a fait les frais il y a peu. Les parents d'élèves ont protesté contre la mairie sur une remise en question du service périscolaire, mon ami les a soutenu. La mairie a porté le dossier au rectorat, le rectorat a convoqué mon ami "afin de discuter pour trouver une solution". Mais en fait quand il s'est rendu au RDV, pas de mairie, juste tout la hiérarchie de la DRH jusqu'au gestionnaire de personnel, une sorte de commission disciplinaire officieuse. La on lui reproche de foutre le bordel ( pas dit comme ca), de nuire a l'image de l'EN, de porter atteinte aux relations entre administrations etc. On lui a expliqué qu'il doit quitter son mandat de directeur d'école sous peine de conséquences sur sa carrière. Il avait demandé une dispo de 1 an , à cette réunion la DRH lui annonce qu'elle lui a été refusée " pour le principe". A aucun moment le rectorat n'a remis en cause la gestion de la mairie qui a des retombées négatives sur l'école.
Donc mon ami a déposé sa démission au rectorat car, en expliquant dans la lettre qu il est dégouté du manque total de soutien de son employeur et que ce dernier au contraire l'enfonce pour en faire un exemple. La DRH, qui était présente à l'entretien, a refusé sa démission en argumentant que le rectorat soutenait toujours son personnel et qu'il était indispensable pour tenir une classe l'année prochaine
. Donc la il doit refaire une lettre de confirmation que la DRH ne pourra pas refuser.
On est chez Kafka...