Provocations des évêques intégristes
Posté : 26 juin 2009 12:57
Le pape essaye de restaurer son image et son autorité tout en essayant de rectifier le désordre ambiant au sein de l'église romaine.
Relevés de leur excommunication par Benoît XVI, les évêques intégristes ordonnent de nouveaux prêtres aux Etats-Unis, en Allemagne, en Suisse, malgré les mises en demeure du Vatican. Le pape est désavoué.
Qui pouvait sérieusement croire que la levée de leur excommunication allait assagir les évêques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X? Ceux-ci se livrent à un nouveau coup de force en ordonnant de nouveaux prêtres de leur bord.
Benoît XVI se trouve ainsi désavoué, voire offensé, par des évêques qu'il avait pourtant réhabilités le 21 janvier dernier, au prix d'une polémique mondiale soulevée par la présence, parmi les quatre intégristes relevés de leur peine d'excommunication, de Mgr Richard Williamson. Rien ne fera plier les intégristes. On avait tort de penser qu'une politique de concessions les conduirait à se repentir, se prononcer en faveur des réformes du dernier concile Vatican II et conformer leur attitude aux positions doctrinales et disciplinaires de l'Eglise catholique.
La Fraternité sacerdotale saint Pie X plaide la bonne foi. Et, en définitive, si le pape a été assez bon pour lever les excommunications, c'est qu'il ne souhaite pas notre mort», expliquait son supérieur général, Mgr Fellay.
La Fraternité a longtemps feint d'ignorer le désaccord de Benoît XVI avec ces ordinations sauvages et se félicitait encore, début juin, de n'avoir reçu aucun «signal négatif» du Vatican selon lequel ces actes seraient contraires au droit canon de l'Eglise catholique.
Mais, devant les protestations d'évêques allemands et suisses, le Vatican s'est vu contraint de rappeler clairement la position du pape. Il vient de publier à nouveau les propos sans ambiguité exprimés par Benoît XVI dans sa lettre du 10 mars aux évêques catholiques qui s'étaient étonnés de sa bienveillance envers les intégristes: «Tant que les questions en débat concernant la doctrine catholique ne sont pas éclaircies, la Fraternité n'a aucun statut canonique dans l'Église et ses ministres n'exercent, de façon légitime, aucun ministère dans l'Église. Les ordinations seront donc toujours considérées comme illégitimes», souligne t-il.
Quelle chance y a t-il pour qu'une issue soit trouvée à ce conflit qui ne se réduit pas à une simple question de droit canon?
Le pape Benoît XVI vient de retirer à la commission Ecclesia Dei du Vatican la gestion des questions intégristes dont elle avait la charge depuis 1988. C'est un désaveu. Cette commission fait les frais des dérapages multiples intervenus avant et pendant la levée des excommunications. Trop proche des intégristes ou manipulée par eux, elle est accusée en particulier de ne pas avoir informé le pape de la situation personnelle de l'évêque négationniste Richard Williamson. C'est désormais la congrégation pour la doctrine de la foi - que le cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI a longtemps présidé sous le pontificat de Jean Paul II et connaît bien - qui aura en charge ce dossier brûlant.
Les leçons semblent donc avoir été tirées de la récente crise. L'heure est enfin venue d'exiger de la Fraternité Saint-Pie X une clarification de ses positions doctrinales et disciplinaires. C'est clair. Ceux qui avaient des doutes quant à la fidélité de Benoît XVI à Vatican II devraient être ici quelque peu rassurés.
Malgré ces mises au point, les intégristes n'ont aucunement l'intention de revenir sur leur intention d'ordonner de nouveaux prêtres. Ils feignent aujourd'hui d'être la victime de campagnes remontant jusqu'à Rome.
«Quoi que nous fassions, nous sommes toujours des brebis galeuses», feint de se lamenter Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, pour qui ces ordinations ne sont pas un acte de rébellion, mais de «survie». Mais, dans leur intérêt même et l'attente d'un règlement global sur le fond, le bon sens aurait voulu que les évêques intégristes respectent la volonté du pape de calmer le jeu et ne procèdent pas, ce week-end, à ces nouvelles ordinations sauvages.
Henri Tincq
Relevés de leur excommunication par Benoît XVI, les évêques intégristes ordonnent de nouveaux prêtres aux Etats-Unis, en Allemagne, en Suisse, malgré les mises en demeure du Vatican. Le pape est désavoué.
Qui pouvait sérieusement croire que la levée de leur excommunication allait assagir les évêques intégristes de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X? Ceux-ci se livrent à un nouveau coup de force en ordonnant de nouveaux prêtres de leur bord.
Benoît XVI se trouve ainsi désavoué, voire offensé, par des évêques qu'il avait pourtant réhabilités le 21 janvier dernier, au prix d'une polémique mondiale soulevée par la présence, parmi les quatre intégristes relevés de leur peine d'excommunication, de Mgr Richard Williamson. Rien ne fera plier les intégristes. On avait tort de penser qu'une politique de concessions les conduirait à se repentir, se prononcer en faveur des réformes du dernier concile Vatican II et conformer leur attitude aux positions doctrinales et disciplinaires de l'Eglise catholique.
La Fraternité sacerdotale saint Pie X plaide la bonne foi. Et, en définitive, si le pape a été assez bon pour lever les excommunications, c'est qu'il ne souhaite pas notre mort», expliquait son supérieur général, Mgr Fellay.
La Fraternité a longtemps feint d'ignorer le désaccord de Benoît XVI avec ces ordinations sauvages et se félicitait encore, début juin, de n'avoir reçu aucun «signal négatif» du Vatican selon lequel ces actes seraient contraires au droit canon de l'Eglise catholique.
Mais, devant les protestations d'évêques allemands et suisses, le Vatican s'est vu contraint de rappeler clairement la position du pape. Il vient de publier à nouveau les propos sans ambiguité exprimés par Benoît XVI dans sa lettre du 10 mars aux évêques catholiques qui s'étaient étonnés de sa bienveillance envers les intégristes: «Tant que les questions en débat concernant la doctrine catholique ne sont pas éclaircies, la Fraternité n'a aucun statut canonique dans l'Église et ses ministres n'exercent, de façon légitime, aucun ministère dans l'Église. Les ordinations seront donc toujours considérées comme illégitimes», souligne t-il.
Quelle chance y a t-il pour qu'une issue soit trouvée à ce conflit qui ne se réduit pas à une simple question de droit canon?
Le pape Benoît XVI vient de retirer à la commission Ecclesia Dei du Vatican la gestion des questions intégristes dont elle avait la charge depuis 1988. C'est un désaveu. Cette commission fait les frais des dérapages multiples intervenus avant et pendant la levée des excommunications. Trop proche des intégristes ou manipulée par eux, elle est accusée en particulier de ne pas avoir informé le pape de la situation personnelle de l'évêque négationniste Richard Williamson. C'est désormais la congrégation pour la doctrine de la foi - que le cardinal Ratzinger devenu Benoît XVI a longtemps présidé sous le pontificat de Jean Paul II et connaît bien - qui aura en charge ce dossier brûlant.
Les leçons semblent donc avoir été tirées de la récente crise. L'heure est enfin venue d'exiger de la Fraternité Saint-Pie X une clarification de ses positions doctrinales et disciplinaires. C'est clair. Ceux qui avaient des doutes quant à la fidélité de Benoît XVI à Vatican II devraient être ici quelque peu rassurés.
Malgré ces mises au point, les intégristes n'ont aucunement l'intention de revenir sur leur intention d'ordonner de nouveaux prêtres. Ils feignent aujourd'hui d'être la victime de campagnes remontant jusqu'à Rome.
«Quoi que nous fassions, nous sommes toujours des brebis galeuses», feint de se lamenter Mgr Bernard Fellay, supérieur de la Fraternité Saint-Pie X, pour qui ces ordinations ne sont pas un acte de rébellion, mais de «survie». Mais, dans leur intérêt même et l'attente d'un règlement global sur le fond, le bon sens aurait voulu que les évêques intégristes respectent la volonté du pape de calmer le jeu et ne procèdent pas, ce week-end, à ces nouvelles ordinations sauvages.
Henri Tincq