Délit de séjour irrégulier
Posté : 30 octobre 2025 09:59
Le RN a, dans sa niche parlementaire, le rétablissement du séjour irrégulier.
"C'est une mesure particulièrement défendue par Bruno Retailleau. Mercredi 5 février, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a indiqué que l'exécutif soutiendrait au Parlement tout texte législatif qui rétablira le délit de séjour irrégulier, mesure portée par le ministre de l'Intérieur, dès sa nomination, en septembre dernier. "Le gouvernement aura une position qui sera probablement favorable", avec "des modalités qui devront être discutées devant le Parlement", a expliqué Sophie Primas dans la soirée sur BFMTV.
Ce délit, inscrit dans le droit français jusqu'en 2012, a pourtant été supprimé sous la présidence de François Hollande, pour entrer en conformité avec le droit européen. On vous explique à quoi il correspond.
L'avertissement de la Cour de justice de l'UE
Le délit de séjour irrégulier était initialement prévu par l'article L. 621-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Il rendait passible d'une amende ou d'une peine de prison le fait de se trouver sur le territoire français sans autorisation légale. Ce délit a néanmoins été jugé non conforme au droit européen, dans le cadre d'une procédure qui est allée jusqu'à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), en 2011.
Lors de l'affaire "Achughbabian contre France", les juges européens ont estimé que le fait de sanctionner d'une peine d'emprisonnement le séjour irrégulier d'un individu empêchait la bonne application de la "directive retour" de l'Union européenne, datant du 16 décembre 2008. Son article 7, qui appelle à privilégier le départ volontaire des personnes en situation irrégulière, oblige les États membres à laisser entre 7 à 30 jours à une personne sans document légal et notifiée d'une expulsion, pour partir de son propre chef.
Avec le délit de séjour irrégulier, "la garde à vue permise par ce délit était souvent utilisée, non pas tant pour punir, que pour vérifier si l'étranger faisait l'objet d'une mesure d'éloignement du territoire, et l'exécuter", explique ainsi auprès de TF1info la présidente de la Ligue des droits de l'Homme, Nathalie Tehio. "On utilisait le pénal dans un but administratif", résume-t-elle.
Des mesures pour remplacer le délit
Afin de rendre conforme le droit français, le délit a donc été supprimé par la loi Valls du 31 décembre 2012. À la place, la législation a permis la rétention d'une personne dont on contrôle l'identité si celle-ci est incapable de produire un document justifiant de sa présence sur le territoire. La personne peut alors être retenue jusqu'à 24 heures en gendarmerie ou dans un local de police, le temps de l'examen complet de sa situation. À l'issue, la personne est libérée si elle est en règle, est placée en centre de détention si une mesure d'éloignement est prononcée ou est placée en garde à vue, notamment en cas de délit de maintien irrégulier.
Mais malgré ces mesures de remplacement, le délit de séjour irrégulier est souvent proposé par les politiques de droite et d'extrême droite. Des parlementaires LR avaient tenté de l'insérer dans la loi du 26 janvier 2024 à travers un amendement. Le Conseil constitutionnel avait néanmoins censuré cette mesure, parmi d'autres, estimant qu'il s'agissait de "cavaliers législatifs".
Par la suite, une proposition de loi de la part de députés Les Républicains allant dans ce sens avait également été déposée le 13 février 2024. Pour contourner le droit européen, les élus proposaient de remplacer la peine d'emprisonnement par "une peine d'amende et une peine complémentaire d'interdiction du territoire". Mais pour Nathalie Tehio, qui s'oppose, avec la Ligue des droits de l'Homme, à la remise en place du délit de séjour irrégulier, cela resterait en contradiction avec le droit européen.
"Il y a des procédures administratives qui existent déjà. On ne voit pas l'intérêt du retour de ce délit, autrement qu'en termes d'affichage, pour dire : 'On lutte contre les étrangers en situation irrégulière'", estime encore la présidente de l'association de défense des droits humains. Pour elle, il s'agit surtout d'une mesure qui "criminalise les étrangers", qu'ils soient en situation régulière, ou non.".
https://www.tf1info.fr/politique/immigr ... 49248.html
Quel intérêt de remettre cette proposition sur la table alors qu'une loi existe déjà en ce sens et conforme aux directives de l'Union européenne ?
C'est à se demander si la droite et l'extrême-droite connaissent bien les lois sur ce sujet ou font semblant de ne pas le savoir. J'opte pour la seconde éventualité.
"C'est une mesure particulièrement défendue par Bruno Retailleau. Mercredi 5 février, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a indiqué que l'exécutif soutiendrait au Parlement tout texte législatif qui rétablira le délit de séjour irrégulier, mesure portée par le ministre de l'Intérieur, dès sa nomination, en septembre dernier. "Le gouvernement aura une position qui sera probablement favorable", avec "des modalités qui devront être discutées devant le Parlement", a expliqué Sophie Primas dans la soirée sur BFMTV.
Ce délit, inscrit dans le droit français jusqu'en 2012, a pourtant été supprimé sous la présidence de François Hollande, pour entrer en conformité avec le droit européen. On vous explique à quoi il correspond.
L'avertissement de la Cour de justice de l'UE
Le délit de séjour irrégulier était initialement prévu par l'article L. 621-1 du code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA). Il rendait passible d'une amende ou d'une peine de prison le fait de se trouver sur le territoire français sans autorisation légale. Ce délit a néanmoins été jugé non conforme au droit européen, dans le cadre d'une procédure qui est allée jusqu'à la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), en 2011.
Lors de l'affaire "Achughbabian contre France", les juges européens ont estimé que le fait de sanctionner d'une peine d'emprisonnement le séjour irrégulier d'un individu empêchait la bonne application de la "directive retour" de l'Union européenne, datant du 16 décembre 2008. Son article 7, qui appelle à privilégier le départ volontaire des personnes en situation irrégulière, oblige les États membres à laisser entre 7 à 30 jours à une personne sans document légal et notifiée d'une expulsion, pour partir de son propre chef.
Avec le délit de séjour irrégulier, "la garde à vue permise par ce délit était souvent utilisée, non pas tant pour punir, que pour vérifier si l'étranger faisait l'objet d'une mesure d'éloignement du territoire, et l'exécuter", explique ainsi auprès de TF1info la présidente de la Ligue des droits de l'Homme, Nathalie Tehio. "On utilisait le pénal dans un but administratif", résume-t-elle.
Des mesures pour remplacer le délit
Afin de rendre conforme le droit français, le délit a donc été supprimé par la loi Valls du 31 décembre 2012. À la place, la législation a permis la rétention d'une personne dont on contrôle l'identité si celle-ci est incapable de produire un document justifiant de sa présence sur le territoire. La personne peut alors être retenue jusqu'à 24 heures en gendarmerie ou dans un local de police, le temps de l'examen complet de sa situation. À l'issue, la personne est libérée si elle est en règle, est placée en centre de détention si une mesure d'éloignement est prononcée ou est placée en garde à vue, notamment en cas de délit de maintien irrégulier.
Mais malgré ces mesures de remplacement, le délit de séjour irrégulier est souvent proposé par les politiques de droite et d'extrême droite. Des parlementaires LR avaient tenté de l'insérer dans la loi du 26 janvier 2024 à travers un amendement. Le Conseil constitutionnel avait néanmoins censuré cette mesure, parmi d'autres, estimant qu'il s'agissait de "cavaliers législatifs".
Par la suite, une proposition de loi de la part de députés Les Républicains allant dans ce sens avait également été déposée le 13 février 2024. Pour contourner le droit européen, les élus proposaient de remplacer la peine d'emprisonnement par "une peine d'amende et une peine complémentaire d'interdiction du territoire". Mais pour Nathalie Tehio, qui s'oppose, avec la Ligue des droits de l'Homme, à la remise en place du délit de séjour irrégulier, cela resterait en contradiction avec le droit européen.
"Il y a des procédures administratives qui existent déjà. On ne voit pas l'intérêt du retour de ce délit, autrement qu'en termes d'affichage, pour dire : 'On lutte contre les étrangers en situation irrégulière'", estime encore la présidente de l'association de défense des droits humains. Pour elle, il s'agit surtout d'une mesure qui "criminalise les étrangers", qu'ils soient en situation régulière, ou non.".
https://www.tf1info.fr/politique/immigr ... 49248.html
Quel intérêt de remettre cette proposition sur la table alors qu'une loi existe déjà en ce sens et conforme aux directives de l'Union européenne ?
C'est à se demander si la droite et l'extrême-droite connaissent bien les lois sur ce sujet ou font semblant de ne pas le savoir. J'opte pour la seconde éventualité.