Jordan Bardella, symbole de l’arnaque antisociale du Rassemblement national
Posté : 06 novembre 2025 06:14
Petit petit petit...
Le président du parti d’extrême droite s’acharne à faire sauter le dernier prétexte avancé par la droite pour refuser l’alliance avec lui.
Quand Jordan Bardella parle d’économie ou de fiscalité, on croirait de plus en plus entendre Eric Ciotti ou Eric Zemmour et de moins en moins Marine Le Pen. Autrement dit le président du RN développe une ligne de plus en plus libérale et même orthodoxe, destinée à séduire les patrons et l’électorat de droite bien davantage qu’à défendre les ouvriers et les employés, qui sont pourtant nombreux à continuer de considérer le parti lepéniste comme leur meilleur défenseur. Il y a là une arnaque antisociale qui n’est pas assez pointée.
Le président du parti d’extrême droite semble avoir pour modèle Giorgia Meloni et – toutes choses égales par ailleurs, Javier Milei ou Donald Trump, même si cela est moins assumable sur la scène politique française. Libéral, c’est certain. Identitaire, ce n’est plus à prouver. Procureur de l’état de droit, c’est une évidence. Libertarien, ce n’est pas notre culture, mais l’inspiration est bien là quand il s’agit de vouloir passer la dépense publique à la tronçonneuse sans s’encombrer des dégâts sur les plus fragiles ou du risque récessif d’une telle politique.
Aucune rupture
Etre au chevet des petits patrons et des indépendants, c’est un créneau que le RN travaille maintenant depuis des années. Mais on sent de plus en plus que Jordan Bardella fait désormais les yeux doux au patronat et à ses représentants les plus éminents, comme on l’a vu lors de sa prestation à l’occasion de la rentrée du Medef. Comme s’il considérait que la victoire de son camp passe par une forme de validation par ceux qui sont des acteurs majeurs de ce «système», que le FN puis le RN fustigent depuis toujours.
Très concrètement, la discussion budgétaire a montré qu’il existe certes deux lignes au RN, une plus étatiste et en façade plus «sociale» que l’autre, mais le contre-budget du RN et ses votes dans l’hémicycle témoignent surtout d’un parti attrape-tout qui cherche à manger à tous les râteliers électoraux, en cherchant en priorité à s’attirer les bonnes grâces de retraités qu’il a longtemps inquiétés et qui votent plus que la moyenne. A Marine Le Pen le rôle de gardienne du temple populiste dénonçant les excès du capitalisme financier et labourant sa «France des oubliés», à Jordan Bardella la mission de conquérir de nouveaux publics, à droite. Avec la défense d’une politique de l’offre qui n’est en rien une rupture avec le pouvoir actuel et où le sort des travailleurs, notamment les plus précaires, n’est pas une priorité.
Marine Le Pen et Jordan Bardella ne s’encombrent pas avec la volonté d’être cohérents, au-delà de leur fond de sauce xénophobe faisant de l’immigration le mal premier, ou même crédibles tant le chiffrage du programme du RN relève du grand n’importe quoi et même de l’incantation. De quoi faire dire au nouveau prix Nobel d’économie Philippe Aghion, que les dirigeants du parti sont de «grands amateurs […] pas capables de gérer la France». Une sentence qui ne doit guère émouvoir l’électorat de base du RN, mais qui peut faire réfléchir ceux que Jordan Bardella cherche à conquérir, même si l’important est dans les signaux envoyés et dans le crédit de n’avoir jamais exercé le pouvoir. Pour le patronat, le fait de voir le RN, pas si structuré en matière de politique économique, chercher en premier lieu à dire ce qu’il a envie d’entendre est la meilleure garantie de conserver son influence.
Un programme «socialiste»
Dans le même temps, à la tête de LR, on entend Laurent Wauquiez comme Bruno Retailleau affirmer plus ou moins explicitement que leur seule différence avec le RN concerne le programme économique «socialiste» que Marine Le Pen porte selon eux depuis plusieurs présidentielles. Eric Zemmour ne dit pas autre chose, tandis qu’Eric Ciotti s’en est lui très bien accommodé. On l’a dit, cette barrière est largement en train de s’estomper et ce sera encore plus le cas si Jordan Bardella devait porter les couleurs du parti à l’élection suprême. De quoi nourrir les refrains sur une union des droites qui va déjà se concrétiser çà et là lors des prochaines municipales et qui ne pourra que décomplexer de plus en plus d’électeurs LR de voter RN. Ou en tout cas de ne pas lui faire barrage.
https://www.liberation.fr/politique/jor ... D375VL7JE/

Le président du parti d’extrême droite s’acharne à faire sauter le dernier prétexte avancé par la droite pour refuser l’alliance avec lui.
Quand Jordan Bardella parle d’économie ou de fiscalité, on croirait de plus en plus entendre Eric Ciotti ou Eric Zemmour et de moins en moins Marine Le Pen. Autrement dit le président du RN développe une ligne de plus en plus libérale et même orthodoxe, destinée à séduire les patrons et l’électorat de droite bien davantage qu’à défendre les ouvriers et les employés, qui sont pourtant nombreux à continuer de considérer le parti lepéniste comme leur meilleur défenseur. Il y a là une arnaque antisociale qui n’est pas assez pointée.
Le président du parti d’extrême droite semble avoir pour modèle Giorgia Meloni et – toutes choses égales par ailleurs, Javier Milei ou Donald Trump, même si cela est moins assumable sur la scène politique française. Libéral, c’est certain. Identitaire, ce n’est plus à prouver. Procureur de l’état de droit, c’est une évidence. Libertarien, ce n’est pas notre culture, mais l’inspiration est bien là quand il s’agit de vouloir passer la dépense publique à la tronçonneuse sans s’encombrer des dégâts sur les plus fragiles ou du risque récessif d’une telle politique.
Aucune rupture
Etre au chevet des petits patrons et des indépendants, c’est un créneau que le RN travaille maintenant depuis des années. Mais on sent de plus en plus que Jordan Bardella fait désormais les yeux doux au patronat et à ses représentants les plus éminents, comme on l’a vu lors de sa prestation à l’occasion de la rentrée du Medef. Comme s’il considérait que la victoire de son camp passe par une forme de validation par ceux qui sont des acteurs majeurs de ce «système», que le FN puis le RN fustigent depuis toujours.
Très concrètement, la discussion budgétaire a montré qu’il existe certes deux lignes au RN, une plus étatiste et en façade plus «sociale» que l’autre, mais le contre-budget du RN et ses votes dans l’hémicycle témoignent surtout d’un parti attrape-tout qui cherche à manger à tous les râteliers électoraux, en cherchant en priorité à s’attirer les bonnes grâces de retraités qu’il a longtemps inquiétés et qui votent plus que la moyenne. A Marine Le Pen le rôle de gardienne du temple populiste dénonçant les excès du capitalisme financier et labourant sa «France des oubliés», à Jordan Bardella la mission de conquérir de nouveaux publics, à droite. Avec la défense d’une politique de l’offre qui n’est en rien une rupture avec le pouvoir actuel et où le sort des travailleurs, notamment les plus précaires, n’est pas une priorité.
Marine Le Pen et Jordan Bardella ne s’encombrent pas avec la volonté d’être cohérents, au-delà de leur fond de sauce xénophobe faisant de l’immigration le mal premier, ou même crédibles tant le chiffrage du programme du RN relève du grand n’importe quoi et même de l’incantation. De quoi faire dire au nouveau prix Nobel d’économie Philippe Aghion, que les dirigeants du parti sont de «grands amateurs […] pas capables de gérer la France». Une sentence qui ne doit guère émouvoir l’électorat de base du RN, mais qui peut faire réfléchir ceux que Jordan Bardella cherche à conquérir, même si l’important est dans les signaux envoyés et dans le crédit de n’avoir jamais exercé le pouvoir. Pour le patronat, le fait de voir le RN, pas si structuré en matière de politique économique, chercher en premier lieu à dire ce qu’il a envie d’entendre est la meilleure garantie de conserver son influence.
Un programme «socialiste»
Dans le même temps, à la tête de LR, on entend Laurent Wauquiez comme Bruno Retailleau affirmer plus ou moins explicitement que leur seule différence avec le RN concerne le programme économique «socialiste» que Marine Le Pen porte selon eux depuis plusieurs présidentielles. Eric Zemmour ne dit pas autre chose, tandis qu’Eric Ciotti s’en est lui très bien accommodé. On l’a dit, cette barrière est largement en train de s’estomper et ce sera encore plus le cas si Jordan Bardella devait porter les couleurs du parti à l’élection suprême. De quoi nourrir les refrains sur une union des droites qui va déjà se concrétiser çà et là lors des prochaines municipales et qui ne pourra que décomplexer de plus en plus d’électeurs LR de voter RN. Ou en tout cas de ne pas lui faire barrage.
https://www.liberation.fr/politique/jor ... D375VL7JE/