Des "touristes" italiens auraient payé pour tuer des civils pendant la guerre de Bosnie
Posté : 14 novembre 2025 16:46
"Safaris humains": des "touristes" italiens auraient payé pour tuer des civils pendant la guerre de Bosnie
Les "chasseurs" auraient payé jusqu'à 100 000 euros pour jouer les snipers durant le siège de Sarajevo (1992-1996). Il fallait verser un supplément pour s'en prendre à des enfants.
es accusations du parquet de Milan sont glaçantes. Durant la guerre qui a ravagé la Bosnie dans les années 1990, des citoyens italiens auraient payé pour aller passer des weekends de "chasse" à Sarajevo, la capitale bosnienne, relate le quodidien espagnol El Pais. Assiégés par les forces serbes de 1992 à 1996, ses civils étaient systématiquement pris pour cibles par leurs tireurs d'élite, notamment sur l'avenue principale de la ville, surnommée à cette occasion Sniper alley.
"Des citoyens ordinaires, liés à des milieux d'extrême droite et passionnés d'armes, auraient eu recours à ce service comme à une sorte de safari humain dans la ville assiégée", raconte le journal. "Selon la plainte, ils se rendaient de Trieste à Belgrade à bord d'un vol de la compagnie serbe Aviogenex, qui opérait alors depuis l'aéroport italien. Pour jouer les snipers le week-end, ils auraient déboursé l'équivalent de 80 000 à 100 000 euros, selon les premières hypothèses de l'enquête. Tirer sur des enfants coûtait plus cher."
Réticence des justices locales
Parmi les suspects figure notamment un le propriétaire milanais d'une clinique de chirurgie esthétique, ainsi que des habitants de Turin et de Trieste. La plainte a été déposée par le journaliste et écrivain Ezio Gavazzeni, soutenu par l'ex-magistrat italien Guido Salvini et l'ancien maire de Sarajevo Benjamina Karic. Les accusations, qui circulent depuis plusieurs années et ont fait l'objet d'un documentaire du réalisateur slovène Miran Zupanic, Sarajevo Safari (2023).
"Il s’agit de personnes fortunées, jouissant d’une bonne réputation – des hommes d’affaires – qui, pendant le siège de Sarajevo, ont payé pour tuer des civils non armés", accuse Ezio Gavazzeni dans le journal La Repubblica. "Ils ont quitté Trieste pour une chasse à l’homme, puis sont retournés à leur vie quotidienne respectable."
Selon le journaliste, la justice bosnienne s'est montrée réticente à poursuivre les suspects en raison de la difficulté d'enquêter dans un pays divisé et marqué par la guerre. Quant aux juges serbes, ils considèrent que les allégations relèvent d'une "légende urbaine". D'où le choix d'une plainte en Italie. Le procureur italien Alessandro Gobbis a déjà listé plusieurs personnes à faire témoigner. Ezio Gavazzeni estime qu'une centaine de"touristes" se sont rendus à Sarajevo, mais ne pense pas que la justice pourra en identifier plus de dix.
Services de renseignement
"Parmi les témoins, Gavazzeni cite un agent des services de renseignement bosniens, E. S., qui était au courant des événements et affirme que les services de renseignement italiens – qui avaient du personnel à Sarajevo – ont reçu des informations à leur sujet en 1993 et que des dossiers classifiés sur l'affaire pourraient exister", poursuit El Pais.
L'espion bosnien aurait signalé la présence d'au moins cinq Italiens dans les collines autour de Sarajevo, venus accompagnés pour tirer sur des civils. Un officier de renseignement slovène et d'autres témoins e ont évoqué, lors du procès de Slobodan Milosevic, la présence de "touristes tireurs", dont les armes et les tenues étaient distinctes de celles des snipers serbes.
"Nous sommes impatients de découvrir la vérité sur cette affaire cruelle et de régler nos comptes avec le passé", a déclaré Dag Dumrukcic, consul bosnien à Milan, qui a assuré le parquet de Milan de son entière coopération. "Je suis au courant de certaines informations que je communiquerai à l'enquête." Trente ans après les faits, justice sera peut-être faite.".
https://www.geo.fr/geopolitique/safaris ... nie-229462
Les "chasseurs" auraient payé jusqu'à 100 000 euros pour jouer les snipers durant le siège de Sarajevo (1992-1996). Il fallait verser un supplément pour s'en prendre à des enfants.
es accusations du parquet de Milan sont glaçantes. Durant la guerre qui a ravagé la Bosnie dans les années 1990, des citoyens italiens auraient payé pour aller passer des weekends de "chasse" à Sarajevo, la capitale bosnienne, relate le quodidien espagnol El Pais. Assiégés par les forces serbes de 1992 à 1996, ses civils étaient systématiquement pris pour cibles par leurs tireurs d'élite, notamment sur l'avenue principale de la ville, surnommée à cette occasion Sniper alley.
"Des citoyens ordinaires, liés à des milieux d'extrême droite et passionnés d'armes, auraient eu recours à ce service comme à une sorte de safari humain dans la ville assiégée", raconte le journal. "Selon la plainte, ils se rendaient de Trieste à Belgrade à bord d'un vol de la compagnie serbe Aviogenex, qui opérait alors depuis l'aéroport italien. Pour jouer les snipers le week-end, ils auraient déboursé l'équivalent de 80 000 à 100 000 euros, selon les premières hypothèses de l'enquête. Tirer sur des enfants coûtait plus cher."
Réticence des justices locales
Parmi les suspects figure notamment un le propriétaire milanais d'une clinique de chirurgie esthétique, ainsi que des habitants de Turin et de Trieste. La plainte a été déposée par le journaliste et écrivain Ezio Gavazzeni, soutenu par l'ex-magistrat italien Guido Salvini et l'ancien maire de Sarajevo Benjamina Karic. Les accusations, qui circulent depuis plusieurs années et ont fait l'objet d'un documentaire du réalisateur slovène Miran Zupanic, Sarajevo Safari (2023).
"Il s’agit de personnes fortunées, jouissant d’une bonne réputation – des hommes d’affaires – qui, pendant le siège de Sarajevo, ont payé pour tuer des civils non armés", accuse Ezio Gavazzeni dans le journal La Repubblica. "Ils ont quitté Trieste pour une chasse à l’homme, puis sont retournés à leur vie quotidienne respectable."
Selon le journaliste, la justice bosnienne s'est montrée réticente à poursuivre les suspects en raison de la difficulté d'enquêter dans un pays divisé et marqué par la guerre. Quant aux juges serbes, ils considèrent que les allégations relèvent d'une "légende urbaine". D'où le choix d'une plainte en Italie. Le procureur italien Alessandro Gobbis a déjà listé plusieurs personnes à faire témoigner. Ezio Gavazzeni estime qu'une centaine de"touristes" se sont rendus à Sarajevo, mais ne pense pas que la justice pourra en identifier plus de dix.
Services de renseignement
"Parmi les témoins, Gavazzeni cite un agent des services de renseignement bosniens, E. S., qui était au courant des événements et affirme que les services de renseignement italiens – qui avaient du personnel à Sarajevo – ont reçu des informations à leur sujet en 1993 et que des dossiers classifiés sur l'affaire pourraient exister", poursuit El Pais.
L'espion bosnien aurait signalé la présence d'au moins cinq Italiens dans les collines autour de Sarajevo, venus accompagnés pour tirer sur des civils. Un officier de renseignement slovène et d'autres témoins e ont évoqué, lors du procès de Slobodan Milosevic, la présence de "touristes tireurs", dont les armes et les tenues étaient distinctes de celles des snipers serbes.
"Nous sommes impatients de découvrir la vérité sur cette affaire cruelle et de régler nos comptes avec le passé", a déclaré Dag Dumrukcic, consul bosnien à Milan, qui a assuré le parquet de Milan de son entière coopération. "Je suis au courant de certaines informations que je communiquerai à l'enquête." Trente ans après les faits, justice sera peut-être faite.".
https://www.geo.fr/geopolitique/safaris ... nie-229462