Jiimmy a écrit : ↑19 juin 2023 01:06Au moins quatre éléments de réponse peuvent vous être apportés :papibilou a écrit : ↑18 juin 2023 18:51
J'ai un peu de mal à comprendre que l'on parle de manipulation quand il s'agit de réalités. Les délits commis par des étrangers sont ils plus nombreux en pourcentage de leur population que chez les nationaux ? Oui. Les étrangers sont ils plus nombreux en prison en pourcentage de leur population ? Oui. Etc..
Ou est la manipulation ? À mon avis c'est l'inverse qui constituerait une manipulation: nier ces faits.
Ce qui serait une manipulation serait de taxer ceux qui présentent ces vérités de racistes, de xénophobes, d'islamophibes etc..
La seule position logique, au delà de la vérité des chiffres, est d'essayer de comprendre les raisons de ces actes de délinquance.
https://www.histoire-immigration.fr/soc ... mmigration"Les immigrés (dont les étrangers) et leurs descendants sont surtout présents dans les types de délinquance qui sont typiquement celles des milieux populaires, mais qui sont également les formes de délinquance les plus visibles, les plus simples et donc les plus réprimées par la police et la justice" (Institut convergences migrations).
Les infractions où les étrangers sont le plus représentés sont justement ces infractions qui enregistrent les taux les plus élevés d’élucidation par la police et la gendarmerie. Nombre de délits constatés sont apparentés à une délinquance dite "de pauvre" et à la dégradation de la situation des quartiers pauvres : il faut alors mesurer la corrélation entre conditions socioéconomiques et type de délits commis.
Selon l'Institut convergences migrations, affilié au CNRS : "la part des étrangers dans les condamnations [...] varie selon la nature de l’infraction : 25% pour le travail illégal, 41% pour les faux en écriture publique ou privée, près de 50% des infractions douanières et 78 % pour les infractions relatives à la police des étrangers, c’est-à-dire, pour l’essentiel des infractions liées à la régularité du séjour des étrangers en France"
Un certain nombre d'infractions liées à la régularité du séjour ne peuvent, par essence, qu'être imputées aux étrangers. Mathématiquement ces catégories d'infractions qui leur sont réservées font donc gonfler les chiffres de leur surreprésentation. Outre cela, on peut constater que les étrangers s'avèrent également largement surreprésentés parmi les catégories sociales les plus précaires. Or, le lien entre délinquance et précarité sociale n'est plus à démontrer. Nul doute que si l'on comparait le pourcentage d'étrangers condamnés, tout en appartenant à ces catégories sociales, et le nombre de Français de ces catégories, condamnés eux-aussi, alors il n'y aurait plus de surreprésentation mais un juste équilibre entre les deux.
Ces comparaisons sont donc totalement foireuses car ne prennent pas en compte divers paramètres qui ont une importance cruciale.
De plus :
Ainsi les chiffres sont biaisés puisque l'on effectue un calcul à partir d'un pourcentage qui n'est pas le bon.Le calcul de la part des étrangers dans la délinquance additionne tous les étrangers condamnés ou mis en cause, qu’ils soient légalement installés en France, en transit ou sans papiers. Or, seuls les premiers sont comptabilisés dans les 5,8% d’étrangers en France. Un calcul exact de la représentativité des étrangers dans la délinquance ne devrait tenir compte que de la proportion des étrangers légaux par rapport au reste de la population et exclure les étrangers en transit ou en situation irrégulière. Par ailleurs, une même personne peut être interpellée plusieurs fois pour le même délit notamment dans les cas de vols ou de consommation de drogue.
Mais encore :
Ainsi que cela a été dit, un contrôle accru à destination de certaines populations spécifiques ne pourra qu'engendrer une sur-interpellation de ces populations, puisque mathématiquement les probabilités sont + élevées de découvrir des actes délictueux auprès de 10 personnes plutôt qu'auprès d'une seule.Les spécialistes du CNRS, n'hésitent pas à évoquer des "représentations racistes" qui "orientent la vigilance policière, contribuant de fait à la surreprésentation des personnes immigrées et leurs descendants parmi les personnes interpellées et condamnées". Le 22 juillet 2021, Amnesty International et cinq autres organisations saisissaient le Conseil d’État pour dénoncer l’inaction du gouvernement français face au problème généralisé des contrôles d’identité au faciès (en savoir plus). L’objectif ? Contraindre "l’État à enfin agir pour mettre fin à cette discrimination systémique".
Enfin :
Pour des infractions identiques, la justice condamne plus sévèrement des délinquants étrangers que des délinquants français. Ainsi, sont-ils plus souvent placés en détention provisoire ou en garde à vue. Or, pour un même délit, les prévenus qui se présentent libres au tribunal seraient moins durement condamnés.
En 2013, l’étude menée par l’Alliance de Recherche sur les Discriminations (ARDIS) rapporte "que les personnes nées à l’étranger voyaient multiplier par près de deux les risques d’une comparution immédiate (5,7 % contre 2,9 % de ceux nés en France), par près de cinq fois plus la probabilité d’être placées en détention provisoire" et par huit "la probabilité d’une condamnation à de la prison ferme" (en savoir plus). Cette surreprésentation peut ainsi et sans excès être corrélé au fait que "la carence de preuves d’insertion sociale, professionnelle ou familiale semble jouer en défaveur des étrangers", comme aux chômeurs ou aux SDF…
La discrimination s'implantant également auprès des autorités judiciaires, l'on peut constater une 4ème raison qui fait artificiellement gonfler les chiffres concernant la représentation des étrangers dans les statistiques des actes réprimés.
Une fois tous ces éléments pris en compte, l'on comprend bien la nature réelle de la polémique et le manque d'intellectualité et/ou de connaissances de ceux qui mordent à l'hameçon jeté par des autorités politiques désireuses d'obtenir la maitrise de l'agenda politique.

Ces explications sont pourvues de bon sens, évidemment un bon sens qu'ont perdu depuis longtemps nos xénophobes et racistes.