La vie fabuleuse d'Olivier B, facteur à Neuilly-sur-Seine
Posté : 29 avril 2009 12:07
« Réapprendre la frugalité pour acquérir la sagesse, consommer moins pour préserver la planète, gaspiller moins pour faire pièce aux dépenses ostentatoires de ceux qui tirent fierté de leurs yachts et de leurs montres de luxe, tel a été le pari d’Olivier B, dont la vie sert à mieux comprendre comment il est facile de se dégager du « prix de la contrainte » pour ceux qui aspirent au bien-être.
Même si l’écologie n’est pas son principal combat, Olivier B démontre aussi qu’il est tout à fait possible dans notre économie de marché de vivre plutôt bien avec moins de contraintes, et donc moins d’argent. Né il y a trente-quatre ans dans le département des Hauts-de-Seine, il travaille comme facteur, après avoir obtenu une licence d’histoire. Un métier qu’il a choisi par goût du service public et, surtout, pour les plages de liberté que lui offrent les 35 heures. Des plages de liberté qu’il utilise pour militer activement contre le système capitaliste et les entreprises du CAC 40. Son slogan qu’il décline pour les autres : « notre vie vaut mieux que leurs profits ». Il avoue un salaire de 1200 euros nets par mois. Véronique, sa compagne pacsée, qui est institutrice – un métier qu’elle a choisi par amour des enfants mais aussi pour avoir plus de temps libre à passer avec Olivier -, gagne après dix ans d’ancienneté 1400 euros nets par mois. A eux deux – ils n’ont toujours pas d’enfants -, ils gagnent donc 2600 euros nets par mois, desquels ils déduisent 120 euros d’impôt sur le revenu, soit à peu près le revenu médian disponible des ménages français.
Finalement plus porté sur la finance que la moyenne de leurs compatriotes – Olivier a lu Le Capital -, ce couple de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste a acheté avec beaucoup de flair un appartement de 55 mètres carrés dans le 18ème arrondissement de Paris en 1999, à l’époque où l’immobilier était au plus bas, après le reflux amorcé en 1993. Payé à l’époque 148000 euros, il en vaut aujourd’hui 250000. Avec le petit apport fourni par les parents et un prêt à taux fixe sur quinze ans, ils remboursent 890 euros par mois, soit plus d’un tiers de leurs revenus. Ce qui leur permet de dénoncer, en connaissance de cause, le poids des dépenses contraintes. Une dépense contrainte qui leur permettra toutefois en 2014 – Olivier aura alors 40 ans – de disposer d’un patrimoine équivalent à celui des Français moyens propriétaires de leur logement et d’être millionnaires en francs.
Parisiens, ils n’ont évidemment pas de voiture et se déplacent en vélo – l’outil de travail d’Olivier – ou à pied. Les vacances, étendues pour Véronique, ne sont pas fort coûteuses. Ils en passent une partie chez les parents d’Olivier, un couple francilien de professeur de physique et d’une psychologue scolaire, qui ont, comme 20% des Franciliens et 10% des Français, une résidence secondaire, située en Vendée. Pour le reste, ils se rendent régulièrement sur le site lastminute.com où , pour moins de 300 euros par tête, ils dénichent une semaine tout compris au Maroc ou en Tunisie. En décembre 2007, ils se sont même offert une croisière de sept jours sur le Nil pour le prix dérisoire de 500 euros par tête. Autant dire que leur budget vacances peine à atteindre 2000 euros par an en moyenne, soit 6.5% seulement de leurs dépenses annuelles.
Ils ne dépensent guère plus de 1200 euros par an pour l’habillement, soit 3.8% de leurs dépenses, exactement comme la moyenne des Français qui consacrent au poste habillement 3.7% de leurs dépenses, contre 10% en 1960 ! Quant au poste alimentation – ils ne boivent guère et ne fument pas -, il ne dépasse guère 400 euros par mois – soit un peu moins de 13% de leurs dépenses annuelles, comme aussi la moyenne des Français. En fait, quand ils ne sont pas en campagne, l’occupation qui les stimule et leurs procure l’essentiel de leur bien-être, Olivier et Véronique multiplient les séances de cinéma – avec une carte UGC Illimitée à 18 euros par mois - et les soirées télé, surtout depuis qu’ils ont acheté sur le site RueduCommerce pour 740 euros un Samsung écran plat LCD de 82 cm, un vrai luxe permis par la mondialisation. Téléphone illimité, Internet et TV pour 29.90 euros par mois, cette dépense ne grève pas vraiment leur budget.
Au total, les dépenses d’Olivier B et de Véronique ne dépassent guère 2000 euros par mois, ce qui leur laisse une marge confortable pour les menus loisirs culturels qu’ils affectionnent et pour placer quelques économies en assurance vie. Comme les Français, ils épargnent en effet près de 12% de leur revenu ; soit 300 euros par mois. D’où leur indignation quand le gouvernement a proposé de financer le RSA par une taxe supplémentaire de 1.1% sur les produits de cette épargne fétiche. Quand on sait par ailleurs qu’ils n’ont aucun risque de perdre leur emploi et que leur régime de retraite est un des plus favorables qui soient (75% de leurs six derniers mois de traitement brut), Olivier B et Véronique peuvent se dire que l’économie de marché administrée par l’Etat-providence a décidément bien fait les choses. Une raison de plus d’en faire des « révolutionnaires » paisibles et sympathiques, parfaitement adaptés à une société fortement déprimée, tant il est vrai que quand le bien-être est garanti, il n’est pas facile d’augmenter le niveau de bonheur. »
(Jacques Marseille in « L’argent des Français »)
Même si l’écologie n’est pas son principal combat, Olivier B démontre aussi qu’il est tout à fait possible dans notre économie de marché de vivre plutôt bien avec moins de contraintes, et donc moins d’argent. Né il y a trente-quatre ans dans le département des Hauts-de-Seine, il travaille comme facteur, après avoir obtenu une licence d’histoire. Un métier qu’il a choisi par goût du service public et, surtout, pour les plages de liberté que lui offrent les 35 heures. Des plages de liberté qu’il utilise pour militer activement contre le système capitaliste et les entreprises du CAC 40. Son slogan qu’il décline pour les autres : « notre vie vaut mieux que leurs profits ». Il avoue un salaire de 1200 euros nets par mois. Véronique, sa compagne pacsée, qui est institutrice – un métier qu’elle a choisi par amour des enfants mais aussi pour avoir plus de temps libre à passer avec Olivier -, gagne après dix ans d’ancienneté 1400 euros nets par mois. A eux deux – ils n’ont toujours pas d’enfants -, ils gagnent donc 2600 euros nets par mois, desquels ils déduisent 120 euros d’impôt sur le revenu, soit à peu près le revenu médian disponible des ménages français.
Finalement plus porté sur la finance que la moyenne de leurs compatriotes – Olivier a lu Le Capital -, ce couple de militants du Nouveau Parti Anticapitaliste a acheté avec beaucoup de flair un appartement de 55 mètres carrés dans le 18ème arrondissement de Paris en 1999, à l’époque où l’immobilier était au plus bas, après le reflux amorcé en 1993. Payé à l’époque 148000 euros, il en vaut aujourd’hui 250000. Avec le petit apport fourni par les parents et un prêt à taux fixe sur quinze ans, ils remboursent 890 euros par mois, soit plus d’un tiers de leurs revenus. Ce qui leur permet de dénoncer, en connaissance de cause, le poids des dépenses contraintes. Une dépense contrainte qui leur permettra toutefois en 2014 – Olivier aura alors 40 ans – de disposer d’un patrimoine équivalent à celui des Français moyens propriétaires de leur logement et d’être millionnaires en francs.
Parisiens, ils n’ont évidemment pas de voiture et se déplacent en vélo – l’outil de travail d’Olivier – ou à pied. Les vacances, étendues pour Véronique, ne sont pas fort coûteuses. Ils en passent une partie chez les parents d’Olivier, un couple francilien de professeur de physique et d’une psychologue scolaire, qui ont, comme 20% des Franciliens et 10% des Français, une résidence secondaire, située en Vendée. Pour le reste, ils se rendent régulièrement sur le site lastminute.com où , pour moins de 300 euros par tête, ils dénichent une semaine tout compris au Maroc ou en Tunisie. En décembre 2007, ils se sont même offert une croisière de sept jours sur le Nil pour le prix dérisoire de 500 euros par tête. Autant dire que leur budget vacances peine à atteindre 2000 euros par an en moyenne, soit 6.5% seulement de leurs dépenses annuelles.
Ils ne dépensent guère plus de 1200 euros par an pour l’habillement, soit 3.8% de leurs dépenses, exactement comme la moyenne des Français qui consacrent au poste habillement 3.7% de leurs dépenses, contre 10% en 1960 ! Quant au poste alimentation – ils ne boivent guère et ne fument pas -, il ne dépasse guère 400 euros par mois – soit un peu moins de 13% de leurs dépenses annuelles, comme aussi la moyenne des Français. En fait, quand ils ne sont pas en campagne, l’occupation qui les stimule et leurs procure l’essentiel de leur bien-être, Olivier et Véronique multiplient les séances de cinéma – avec une carte UGC Illimitée à 18 euros par mois - et les soirées télé, surtout depuis qu’ils ont acheté sur le site RueduCommerce pour 740 euros un Samsung écran plat LCD de 82 cm, un vrai luxe permis par la mondialisation. Téléphone illimité, Internet et TV pour 29.90 euros par mois, cette dépense ne grève pas vraiment leur budget.
Au total, les dépenses d’Olivier B et de Véronique ne dépassent guère 2000 euros par mois, ce qui leur laisse une marge confortable pour les menus loisirs culturels qu’ils affectionnent et pour placer quelques économies en assurance vie. Comme les Français, ils épargnent en effet près de 12% de leur revenu ; soit 300 euros par mois. D’où leur indignation quand le gouvernement a proposé de financer le RSA par une taxe supplémentaire de 1.1% sur les produits de cette épargne fétiche. Quand on sait par ailleurs qu’ils n’ont aucun risque de perdre leur emploi et que leur régime de retraite est un des plus favorables qui soient (75% de leurs six derniers mois de traitement brut), Olivier B et Véronique peuvent se dire que l’économie de marché administrée par l’Etat-providence a décidément bien fait les choses. Une raison de plus d’en faire des « révolutionnaires » paisibles et sympathiques, parfaitement adaptés à une société fortement déprimée, tant il est vrai que quand le bien-être est garanti, il n’est pas facile d’augmenter le niveau de bonheur. »
(Jacques Marseille in « L’argent des Français »)