Primaires ouvertes à gauche ?
Posté : 17 juin 2009 15:53
La question des primaires ouvertes, qui avait secoué, au congrès de Reims, la planète socialiste, est en train de resurgir, après le résultat catastrophique des listes du Parti socialiste aux élections européennes, premier test électoral ayant tourné à la Bérézina pour Martine Aubry.
En novembre dernier, seule la motion de Ségolène Royal défendait ouvertement l’idée de primaires ouvertes pour la désignation de la candidature socialiste à l’élection présidentielle.
À l’époque, l’idée avait suscitée chez ses rivaux, au mieux un silence gêné, au pire une levée de boucliers digne des débats sur la question des alliances, les opposants à cette réforme n’hésitant pas à hurler à la spoliation des militants d’un de leurs droits fondamentaux. Lionel Jospin et les siens en avaient été parmi les critiques les plus virulents.
Huit mois et une catastrophe électorale plus tard, les thèmes favoris de Ségolène Royal redeviennent à la mode au Parti Socialiste.
Dans le vocabulaire, en premier lieu, car l’on assiste depuis dimanche dernier dans la bouche des dirigeants socialistes au retour des vocables préférés de la présidente de Poitou-Charentes : “refondation”, “ouverture des portes et des fenêtres”, autant de mots bannis depuis le début du mandat de Mme Aubry qui sont à présent à nouveau prononçables.
Et puis dans les idées, ensuite, avec la résurgence de la question des primaires ouvertes.
Le secrétaire national du PS à la Rénovation Arnaud Montebourg s’en était fait l’avocat dès son retour des Etats-Unis en donnant, au printemps dernier, plusieurs interviews à la presse nationale dont on avait surtout retenu ses prises de positions en faveur de primaires ouvertes. Sorties médiatiques aussitôt étouffées et réprimandées par Mme Aubry, peu désireuse de voir revenir cette question sur le devant de la scène.
Mais en interne, au Parti Socialiste, le pavé était bien lancé dans la mare. La commission rénovation du parti, animée par M. Montebourg, a fait depuis plusieurs mois de la question de l’organisation de primaires ouvertes le thème central de ses débats.
Réunie dans une ambiance de complot raisonnable, les représentants de chaque motion ont pu clarifier leur position à ce sujet. Surprise ! Les alliances d’hier - pensées comme on le sait pour faire barrage à Ségolène Royal - sont renversées.
Et c’est désormais deux camps qui s’affrontent, les partisans de l’organisation de primaires ouvertes et les anti. Chez les premiers, on trouve Ségolène Royal et la nouvelle génération du parti socialiste: Benoit Hamon et Arnaud Montebourg. De l’autre, DSK, François Hollande, Martine Aubry et Bertrand Delanoë poussé par Lionel Jospin.
Mais les élections européennes viennent changer la donne. La débâcle du Parti Socialiste a disqualifié Martine Aubry de la course à la candidature, et a remis Ségolène Royal sur les rails.
Ségolène Royal, fine joueuse, se garde bien d’apparaître sur les plateaux télévisés le soir de la déroute socialiste et d’enfoncer Martine Aubry, ou de la forcer à la démission (un responsable proche de Benoît Hamon dit à propos de Mme Aubry qu’il est inutile désormais “d’égorger le cadavre”).
Au contraire, fair-play, “Ségo” gratifie Mme Aubry d’un communiqué de soutien quelques heures avant le conseil national de mardi soir. Au PS, l’effet est immédiat, et le comportement de Royal partout salué. Les cadres du PS apprécient cette attitude.
Le soutien de la présidente de la région Poitou-Charentes à la maire de Lille n’est, cependant, pas gratuit. Le communiqué qui résume leur rencontre dans les bureaux de Ségolène Royal au 95, boulevard Raspail, rédigé par l’équipe de la candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007, précise que le soutien de Ségolène Royal ne vaut que pour les initiatives prises pour la transformation “radicale” du Parti Socialiste. Martine Aubry n’a pas d’autre choix que d’accepter.
Les socialistes, en quête d’une idée qui puisse les mettre sur la bonne voie pour l’élection présidentielle de 2012, repensent aux primaires ouvertes. Le message est passé chez les cadres fédéraux de Ségolène Royal et Benoît Hamon qui ici et là se saluent et évoquent un “combat commun” à mener.
Dans le Doubs, Pierre Moscovici, passé à côté des Unes malgré une présence médiatique importante, veut aller vite. Il faut dire que ”Mosco” en a marre de passer à côté.
Se déclarant toujours candidat possible, chaque fois ignoré, le socialiste, qui cherche à se faire connaître en vue de la présidentielle de 2012, veut être celui par qui les primaires arriveront. Aussitôt, ses équipes se mettent en branle, et bientôt un site web est ouvert. www.primairesouvertes.fr propose, après un mot de Pierre Moscovici, une pétition à transmettre à Solférino. L’initiative a déjà recueillie 307 signatures…
Pendant ce temps, les “quadras” et les “quinquas” se répandent en déclaration dans la presse écrite pour exiger des primaires ouvertes, et les royalistes sont à la manoeuvre à Solférino.
Un boulevard pour Royal vers la candidature à la présidentielle?
“Ségolène”, publiquement, ne dit rien, mais en privé elle exulte : elle qui dispose à la fois de réseaux de soutien dans toute la France, d’un calendrier extrêmement favorable, et d’une capacité mobilisatrice extrêmement forte, sait que des primaires ouvertes seraient pour elle une formidable opportunité ; un boulevard pour elle vers la candidature à l’élection présidentielle puis la présidence de la République. Ségolène Royal veut ces primaires ouvertes, et est bien décidée à les avoir.
Celui qu’elle a choisi pour mener cette bataille ? L’avocat Jean-Pierre Mignard, son homme de confiance numéro un. Et ce n’est pas un hasard
En novembre dernier, seule la motion de Ségolène Royal défendait ouvertement l’idée de primaires ouvertes pour la désignation de la candidature socialiste à l’élection présidentielle.
À l’époque, l’idée avait suscitée chez ses rivaux, au mieux un silence gêné, au pire une levée de boucliers digne des débats sur la question des alliances, les opposants à cette réforme n’hésitant pas à hurler à la spoliation des militants d’un de leurs droits fondamentaux. Lionel Jospin et les siens en avaient été parmi les critiques les plus virulents.
Huit mois et une catastrophe électorale plus tard, les thèmes favoris de Ségolène Royal redeviennent à la mode au Parti Socialiste.
Dans le vocabulaire, en premier lieu, car l’on assiste depuis dimanche dernier dans la bouche des dirigeants socialistes au retour des vocables préférés de la présidente de Poitou-Charentes : “refondation”, “ouverture des portes et des fenêtres”, autant de mots bannis depuis le début du mandat de Mme Aubry qui sont à présent à nouveau prononçables.
Et puis dans les idées, ensuite, avec la résurgence de la question des primaires ouvertes.
Le secrétaire national du PS à la Rénovation Arnaud Montebourg s’en était fait l’avocat dès son retour des Etats-Unis en donnant, au printemps dernier, plusieurs interviews à la presse nationale dont on avait surtout retenu ses prises de positions en faveur de primaires ouvertes. Sorties médiatiques aussitôt étouffées et réprimandées par Mme Aubry, peu désireuse de voir revenir cette question sur le devant de la scène.
Mais en interne, au Parti Socialiste, le pavé était bien lancé dans la mare. La commission rénovation du parti, animée par M. Montebourg, a fait depuis plusieurs mois de la question de l’organisation de primaires ouvertes le thème central de ses débats.
Réunie dans une ambiance de complot raisonnable, les représentants de chaque motion ont pu clarifier leur position à ce sujet. Surprise ! Les alliances d’hier - pensées comme on le sait pour faire barrage à Ségolène Royal - sont renversées.
Et c’est désormais deux camps qui s’affrontent, les partisans de l’organisation de primaires ouvertes et les anti. Chez les premiers, on trouve Ségolène Royal et la nouvelle génération du parti socialiste: Benoit Hamon et Arnaud Montebourg. De l’autre, DSK, François Hollande, Martine Aubry et Bertrand Delanoë poussé par Lionel Jospin.
Mais les élections européennes viennent changer la donne. La débâcle du Parti Socialiste a disqualifié Martine Aubry de la course à la candidature, et a remis Ségolène Royal sur les rails.
Ségolène Royal, fine joueuse, se garde bien d’apparaître sur les plateaux télévisés le soir de la déroute socialiste et d’enfoncer Martine Aubry, ou de la forcer à la démission (un responsable proche de Benoît Hamon dit à propos de Mme Aubry qu’il est inutile désormais “d’égorger le cadavre”).
Au contraire, fair-play, “Ségo” gratifie Mme Aubry d’un communiqué de soutien quelques heures avant le conseil national de mardi soir. Au PS, l’effet est immédiat, et le comportement de Royal partout salué. Les cadres du PS apprécient cette attitude.
Le soutien de la présidente de la région Poitou-Charentes à la maire de Lille n’est, cependant, pas gratuit. Le communiqué qui résume leur rencontre dans les bureaux de Ségolène Royal au 95, boulevard Raspail, rédigé par l’équipe de la candidate socialiste à l’élection présidentielle de 2007, précise que le soutien de Ségolène Royal ne vaut que pour les initiatives prises pour la transformation “radicale” du Parti Socialiste. Martine Aubry n’a pas d’autre choix que d’accepter.
Les socialistes, en quête d’une idée qui puisse les mettre sur la bonne voie pour l’élection présidentielle de 2012, repensent aux primaires ouvertes. Le message est passé chez les cadres fédéraux de Ségolène Royal et Benoît Hamon qui ici et là se saluent et évoquent un “combat commun” à mener.
Dans le Doubs, Pierre Moscovici, passé à côté des Unes malgré une présence médiatique importante, veut aller vite. Il faut dire que ”Mosco” en a marre de passer à côté.
Se déclarant toujours candidat possible, chaque fois ignoré, le socialiste, qui cherche à se faire connaître en vue de la présidentielle de 2012, veut être celui par qui les primaires arriveront. Aussitôt, ses équipes se mettent en branle, et bientôt un site web est ouvert. www.primairesouvertes.fr propose, après un mot de Pierre Moscovici, une pétition à transmettre à Solférino. L’initiative a déjà recueillie 307 signatures…
Pendant ce temps, les “quadras” et les “quinquas” se répandent en déclaration dans la presse écrite pour exiger des primaires ouvertes, et les royalistes sont à la manoeuvre à Solférino.
Un boulevard pour Royal vers la candidature à la présidentielle?
“Ségolène”, publiquement, ne dit rien, mais en privé elle exulte : elle qui dispose à la fois de réseaux de soutien dans toute la France, d’un calendrier extrêmement favorable, et d’une capacité mobilisatrice extrêmement forte, sait que des primaires ouvertes seraient pour elle une formidable opportunité ; un boulevard pour elle vers la candidature à l’élection présidentielle puis la présidence de la République. Ségolène Royal veut ces primaires ouvertes, et est bien décidée à les avoir.
Celui qu’elle a choisi pour mener cette bataille ? L’avocat Jean-Pierre Mignard, son homme de confiance numéro un. Et ce n’est pas un hasard