Les médecins anglais ont laissé mourir Gary, 22 ans
Posté : 23 juillet 2009 12:04
Le jeune homme s’est vu refuser une greffe du foie sous prétexte qu’il ne pouvait prouver qu’il ne boirait plus. Décédé lundi d’une cirrhose, son cas a choqué la Grande-Bretagne.
Gary REINBACH a 11 ans lorsqu’il goûte à l’alcool. Ses parents viennent de divorcer. Dans son milieu modeste de l’East End londonien, il se retrouve esseulé, face à sa mère désemparée et son frère de 7 ans. A 13 ans, il s’enivre quotidiennement avec de la vodka. A 16 ans, on le place en apprentissage chez un installateur de fenêtres qui le renvoie au bout de quelques semaines pour cause de binge drinking (beuverie).
La santé de Gary se détériore. Se rendant compte qu’il ne peut plus vivre normalement, il s’inscrit aux Alcooliques anonymes, pour se désintoxiquer. Mais c’est déjà trop tard : à 22 ans, Gary tombe gravement malade. Les médecins de l’hôpital University College, à Londres, disent n’avoir jamais vu une cirrhose aussi violente chez un garçon si jeune. Une greffe de foie lui donnerait 75 % de chances de survie, mais sans elle, c’est la mort assurée. Gary ne peut même pas être renvoyé chez lui dans l’attente de l’intervention.
Il avait imploré sa mère de lui sauver la vie
Or, les recommandations officielles pour les greffes du foie indiquent que le patient doit prouver qu’il peut rester sobre pendant six mois chez lui avant d’être opéré. Gary promet de ne plus boire, mais alité à l’hôpital, il ne peut démontrer sa bonne volonté. Les médecins estiment que « Gary pourrait aussi bien faire un mauvais usage de son nouveau foie » et refusent de l’opérer. A sa mère, Madeline, ils citent le cas de George Best, le footballeur alcoolique qui a continué à boire après une transplantation hépatique, pour mourir trois ans plus tard d’une infection rénale. Le fait que Best ait été greffé à 56 ans et que moins de 5 % des alcooliques britanniques transplantés reboivent n’est pas pris en compte.
Sur son lit d’hôpital, Gary exprime clairement sa repentance et son désir de vivre. Il implore sa mère de ne pas le laisser mourir. Madeline alerte les médias et le premier article est publié le week-end dernier. Quarante-huit heures après, son fils meurt. Lundi, la Grande-Bretagne se réveille, choquée, en apprenant son décès. L’institution nationale pour la greffe hépatique défend son règlement et conclut froidement : « C’était une situation difficile, mais avec l’alcool toujours bon marché en Grande-Bretagne, ce n’est pas étonnant que les jeunes boivent excessivement. » Les médecins de l’hôpital ont refusé de s’exprimer, à l’exception d’un hépatologue consultant à l’hôpital. Celui-ci a estimé que Gary, qui a grandi alcoolique et dans l’ignorance du danger, aurait dû avoir sa chance.