La santé des présidents: sujet toujours aussi opaque.
Posté : 29 juillet 2009 10:36
A mi-chemin entre droit à l’information sur le chef de l’Etat et respect du secret médical et de la vie privée, la question du santé du président de la République reste, en France, un sujet ultra-sensible et entouré d'un certain flou.
Hospitalisé jusqu’à lundi, en fin de matinée, après un malaise, Nicolas Sarkozy, 54 ans, avait publié son dernier bulletin de santé, le 3 juillet. Une promesse de campagne. Peu avant son entrée en fonctions, il avait ainsi rendu public un certificat signé de son médecin traitant, le Dr Jean-Elie Henry-Mamou, indiquant que «l’état de santé du chef de l’Etat est bon et intégralement compatible avec l’exercice de ses fonctions». Mais l’Elysée avait alors prévenu que la règle en la matière n’est pas une «régularité absolue».
Et la transparence loin d'être systématique: ainsi, on apprendra par un livre consacré à son ex-épouse Cécilia Sarkozy (Cécilia, la face cachée de l’ex-première dame, par Denis Demonpion et Laurent Léger. Ed. Pygmalion) et publié en janvier 2008, que Sarkozy a brièvement été hospitalisé, le 21 octobre 2007, à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, pour y subir une légère intervention qui consistait à traiter un abcès à la gorge. Et ce dans le plus grand secret. Bénigne, l’opération visait à résorber un «phlegmon». Elle n’a jamais été démentie par l’Elysée, mais a été confirmée par des proches du chef de l’Etat.
A son accession au pouvoir, en 1995, Jacques Chirac, âgé de 62 ans, promet de «donner toute information significative sur son état de santé». Il refuse, toutefois, de communiquer des bulletins réguliers au nom du principe du respect de la vie privée, contrairement à ses prédécesseurs, Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand, qui s’y étaient engagés, sans tenir parole.
Lors de son second mandat, le 2 septembre 2005, Chirac est hospitalisé d’urgence, au Val-de-Grâce. L’Elysée évoque «un petit accident vasculaire ayant entraîné un léger trouble de la vision qui devrait disparaître en quelques jours». La durée de son hospitalisation - une semaine - étonne. Chirac reprend ses fonctions dix jours plus tard.
En 2003, une rumeur avait aussi couru sur des difficultés auditives du chef de l’Etat, certains affirmant même qu'il avait été équipé d'un sonotone. Une rumeur alimentée par sa ministre de l’Ecologie de l’époque, Roselyne Bachelot, et aussitôt démentie par des proches et l’Elysée.
Mitterrand et son cancer
Déjà, lors de son entrée à l’Elysée, François Mitterrand, 64 ans, promet de tenir la population informée de ses bulletins de santé. Il en publie un, dans la foulée de son élection. Pourtant, dès l’automne 1981, des rumeurs circulent sur une «maladie» ou un «cancer» du président, mais jusqu’à l’été 1992, les bulletins n’en font pas état.
Son cancer de la prostate n’est rendu public qu’après son opération à l’hôpital Cochin, le 11 septembre 1992. Il subit une seconde opération le 18 juillet 1994 et achève son mandat dans la souffrance. Neuf jours après sa mort le 8 janvier 1996, son médecin personnel, Claude Gubler, révèle dans le livre Le Grand secret que le Président socialiste souffrait d’un cancer depuis l’automne 1981.
S’il avait promis, en 1974, de divulguer ses bulletins de santé, Valéry Giscard d’Estaing, élu à l’âge de 48 ans, n’a jamais rendu public ses bulletins.
Gravement malade depuis plusieurs mois, Georges Pompidou décède le 2 avril 1974, à 62 ans, après moins de cinq ans de mandat. La présidence se content, au départ, de parler de «simples grippes». Jusqu’au bout et malgré les spéculations, Pompidou,visage gonflé par la cortisone, garde le secret sur sa «maladie de Waldenstrom», une sorte de cancer du sang. Sa veuve, Claude Pompidou, ne dévoilera le nom de sa maladie qu’en 1982.
Le 17 avril 1964, Charles de Gaulle, 73 ans, est hospitalisé durant une quinzaine de jours à l’hôpital Cochin (Paris) où il subit une ablation de la prostate.