Les maires devront financer des écoles privées
Posté : 29 septembre 2009 08:20
La guerre scolaire a peut-être été évitée. Hier, les députés ont adopté un texte obligeant les municipalités à payer pour la scolarité de certains élèves hors de la commune. Mais pas tous.
Lorsque des enfants vont à l'école privée (sous contrat) dans une autre commune que celle où ils habitent, cette dernière devra contribuer aux frais de fonctionnement de l'établissement primaire.
Les députés ont réglé cette question délicate hier, adoptant une proposition de loi UMP en ce sens. Ils ont emboîté le pas aux sénateurs qui avaient voté cette décision le 10 décembre 2008.
Il s'agissait en fait de résoudre un problème récurrent depuis plus de vingt ans. Ce financement de commune à commune était prévu de façon générale, mais beaucoup refusaient de payer pour l'enseignement privé. Dans la loi de décentralisation du 13 août 2004, un article introduit par Michel Charasse, sénateur socialiste, obligeait les communes à obtempérer. Mais devant le tollé provoqué par ceux, nombreux, qui estimaient que cela remettait en cause le principe de laïcité de l'enseignement, les parlementaires ont restreint l'obligation à quatre conditions.
Les municipalités seront tenues de s'y plier lorsque :
1. Les parents peuvent prouver que la capacité d'accueil de leur commune de résidence est insuffisante (pas de place à l'école ou pas d'école).
2. L'enfant présente des raisons médicales.
3. La commune de la famille ne propose ni cantine ni garderie alors que les parents ont des obligations professionnelles qui contraignent leur enfant à manger à l'école et à rester après la classe.
4. Un frère ou une soeur est déjà scolarisé hors de la commune.
Et la laïcité ?
« C'est un texte d'apaisement et d'équilibre », a commenté Luc Chatel. Très satisfait, le ministre de l'Éducation a estimé que la proposition de loi était « éloignée des débats idéologiques ».
À gauche, pourtant, on s'y est naturellement opposé, de manière très critique, au nom du « principe républicain de la laïcité » (radicaux de gauche). Le Parti socialiste, qui avait déposé un texte en 2007 pour réparer la « bêtise » de Michel Charasse, a demandé l'abrogation de la mesure « excessivement coûteuse à terme et dangereuse pour notre pacte social ». Le communiste Jacques Dessalangre a déploré un « transfert de l'argent public vers le privé » qui risque « d'accentuer la fermeture d'écoles publiques ».
Seule voix discordante à droite, l'UMP Pierre Cardo a regretté que le maire de la commune concernée n'ait pas son mot à dire.
L'opposition a décidé de saisir le Conseil constitutionnel pour « remise en question de la libre-administration des communes ».