Fillon prend un carton Blanc....
Posté : 30 septembre 2009 18:52
Blanc s'emporte contre Fillon et sa vision du Grand Paris
Le discret secrétaire d'Etat chargé du Développement de la région capitale a adressé une violente lettre à son ministre de tutelle, François Fillon, pour lui reprocher d'avoir amendé "son" projet de loi sans concertation. Explications.
Fait rare dans la vie politique, un membre du gouvernement attaque sévèrement le Premier ministre.Christian Blanc, secrétaire d'Etat en charge du Grand Paris, a adressé une lettre au vitriol pour manifester son profond désaccord avec lui sur le projet de loi final du Grand Paris.
En charge de ce dossier depuis mars 2008, Blanc avait élaboré un projet de loi censé passer devant le conseil des ministres le 7 octobre prochain. Mais les choses se sont gâtées ces dernières semaines, les élus locaux montant au front pour condamner un texte qui négligeait la concertation avec les collectivités.
Concrètement, Blanc voulait créer une Société du Grand Paris, pilotée par l'Etat, et capable de préempter les terrains situés dans un rayon de 1500m autour des futures gares franciliennes. La gauche locale s'était déclarée outrée de perdre tout pouvoir sur ses propres communes.
Blanc s'oppose à la transmission au Conseil d'Etat du texte amendé par Fillon
Face à cette fronde, François Fillon avait décidé de reprendre le dossier en main. Et depuis, les liens avec Blanc s'étaient considérablement distendus, aux dires d'élus proches du dossier.
Yves Jégo, député UMP, "avait le sentiment depuis plusieurs semaines qu'il y avait des divergences de vue. Je trouve que cela relève d'une querelle de personnes, voire d'ambitions. Monsieur Fillon a des ambitions sur l'Ile de France non? (des rumeurs en font un candidat à la mairie de Paris, ndlr)."
L'apogée de ce mano a mano est finalement intervenu lundi dernier. Ce jour, Blanc écrit une lettre à Fillon pour lui faire part de sa "grande surprise" à la découverte "du texte transmis au Conseil d'Etat"
Le secrétaire d'Etat explique que ce document s'écarte "de façon très substantielle des conclusions de la réunion interministérielle du 25 septembre et introduit même dans le texte des dispositions -jamais discutées- portant atteinte à l'économie générale du projet de loi au point de risquer de le rendre incohérent avec toute l'action (qu'il a) conduite depuis dix-huit mois".
Blanc ne démissionnera pas
Le reste de la lettre adressée à Matignon est tout aussi corsé: "J'estime que le document (que j'ai) transmis à votre cabinet (...) est le seul document qui puisse être transmis au Conseil d'Etat (...) Je vous demanderais de surseoir à la transmission au Conseil du document amendé par votre cabinet sous sa seule responsabilité."
Dans la foulée de la révélation de cette lettre par l'AFP, Matignon a répondu. Tout aussi sèchement. "Le texte qui a été transmis au Conseil d'Etat est celui qui a été arbitré par le Premier ministre. C'est la règle", a indiqué l'entourage de Fillon à l'Agence France Presse.
François Fillon a immédiatement appelé son secrétaire d'Etat, a ajouté cette même source, sans autre précision sur la teneur de leur conversation.
Le cabinet de Christian blanc a, lui, exclu toute démission du secrétaire d'Etat.
En toute logique, le projet de loi (la version Fillon donc) doit passer en conseil des ministres le 7 octobre, en stipulant notamment que le futur réseau de transport sera "établi après concertation avec les collectivités territoriales".
A quelques jours de cette date fatidique, l'ambiance est électrique. A tel point que plusieurs élus, contactés par LEXPRESS.fr avant même la révélation de cette lettre, jugeaient que le texte ne passerait pas avant le 14 devant le gouvernement.