Elle s'appuie aussi sur une bande dessinée "Beauté d'ébène" - également consultable sur internet - soulignant que l'usage répété des produits éclaircissants entraîne des dégâts, et un fascicule pédagogique qui sera distribué dans les mairies d'arrondissement, les centres de santé et PMI.
Lors d'une conférence de presse ce mardi dans le quartier de la Goutte d'Or (XVIIIème) particulièrement concerné par ce problème, le député-maire PS de l'arrondissement Daniel Vaillant a indiqué qu'il s'agissait de "tirer un signal d'alarme".
Se blanchir la peau reste tabou
De son côté, Isabelle Mananga, présidente de l'association Label Beauté Noire, a dit vouloir "déghettoïser" les circuits de distribution des cosmétiques ethniques et aider les consommateurs à sortir de l'engrenage des produits éclaircissants de mauvaise qualité.
Ian Brossat, président du groupe communiste au Conseil de Paris, qui avait initialement appelé à cette campagne il y a un an, a fait valoir le côté "précurseur" de la démarche de la municipalité parisienne, qui "rompt un tabou".
En l'absence de données chiffrées précises, la mairie de Paris estime qu'environ 20% des femmes d'origine africaine habitant la capitale utiliseraient des produits éclaircissants à base d'hydroquinone et de dermocorticoïdes aux effets délétères: outre les risques de brûlure, ces produits, souvent vendus sur internet ou détournés de leur usage médical, peuvent provoquer acné, taches, hirsutisme, vergetures, diabète etc.
"Nous essayons d'être à la pointe des combats de santé publique", a déclaré devant la presse Jean-Marie Le Guen (PS), adjoint chargé de la santé publique et des relations avec l'AP-HP, estimant qu'une campagne de ce type aurait vocation à être menée par l'Etat dans les Dom-Tom.
Phénomène de mode, répondant à de prétendus "canons de la beauté", le blanchiment de la peau touche principalement les femmes, "victimes de la domination masculine", selon Olga Trostiansky, élue PS du Xème, arrondissement particulièrement concerné.
Mais "il n'y a pas de produit miraculeux qui éclaircit sans risque" a averti le Dr Antoine Petit, dermatologue à l'hôpital Saint-Louis. Il a souligné l'universalité de la pratique tant en Afrique de l'ouest, qu'en Afrique centrale, Afrique du sud, Inde, Indonésie ou dans les îles Caraïbes. Ce problème constituerait, sur un an, 57% des consultations de dermatologie à Dakar, a-t-il noté, pointant les dangers de produits illicites trafiqués.