Vivez vous en "tranquilité nationale",ou tremblez vous?
Posté : 12 novembre 2009 23:29
Depuis son installation place Beauvau, où il a succédé à Michèle Alliot-Marie, Hortefeux devait faire face à une augmentation de la délinquance générale (+0,62% sur un an), particulièrement marquée dans certains domaines (+13% pour les cambriolages, +5% des violences aux personnes). Le ministre de l'Intérieur a donc profité de l'embellie d'octobre (diminution d'environ 6% de la délinquance générale par rapport à la même période de l'année dernière) pour se féliciter de cette "rupture" et détailler son action.
"Autorité, ordre et respect: ces trois mots ne me font pas peur", a assumé Brice Hortefeux. Le discours et la méthode ont un goût de déjà vu. Ils sont calqués sur la stratégie mise en place par Nicolas Sarkozy, en 2002. Une stratégie qui se révéla politiquement payante mais dont les effets réels sur la délinquance, notamment dans le domaine des violences contre les personnes, sont toujours discutés.
Sarkomètre
Hortefeux remet, par exemple, au goût du jour le "sarkomètre". Il convoque au ministère les préfets "les moins et les plus performants" dans la lutte contre l'insécurité. La perspective d'être invité place Beauvau, avec force publicité, ne fut sans doute pas étrangère à l'amélioration des statistiques de la délinquance dès le deuxième semestre 2002. Tant que les chiffres seront collectés par la police et la gendarmerie, sans contrôle extérieur, ils auront tendance à exaucer les souhaits des ministres, voire à les anticiper.
Quant à la méthode de la convocation, elle reste caricaturale puisqu'elle revient à comparer des territoires socialement très variés. Nicolas Sarkozy lui-même avait fini par l'abandonner.
Malgré un budget contraint, Hortefeux entend bien accélérer la modernisation des forces de sécurité (développement des caméras embarquées, amélioration des équipements individuels...), engagée par ses prédécesseurs. Mais, comme sous l'ère Sarkozy, l'adaptabilité des structures atteint ses limites lorsque le fait divers dicte sa loi. Les policiers eux-mêmes n'arrivent plus à suivre, face à l'inflation des services, conçus pour répondre médiatiquement à l'événement: cellules anti cambriolages, groupes spécialisés d'investigation sur les bandes, ou division nationale de lutte contre le hooliganisme.
Mais comparé à 2002, Brice Hortefeux doit composer avec une majorité moins docile qui n'hésite plus à faire entendre une voix discordante, dans le domaine de la sécurité comme dans d'autres. Hortefeux ne pourra se contenter d'imiter. Il va devoir innover.