Textile européen, comme quoi c'est possible! à moindre coût!
Posté : 03 décembre 2009 10:33
"Ce qu’on vend, c’est le maintien de nos emplois !", résume Danielle Simonneau, l’une des patronnes d’une toute jeune entreprise de confection près de Cholet pour expliquer le concept de sa "chemise citoyenne" vendue directement au consommateur.
Afin d’éviter le chômage de leurs sept employées pendant les mois de creux, les deux patronnes d’AD Confection, Annie Pillet et Danielle Simonneau, ont en effet décidé de mettre en vente dès le printemps une chemise que l’atelier ne fabriquera qu’en septembre et en octobre, durant l’intersaison.
Pour continuer de donner du travail "aux filles", il faudrait "fabriquer 1.700 chemises" par intersaison, soit 3.500 par an. "J’en suis encore loin", reconnaît Danielle, en ouvrant la boîte à gâteaux où elle accumule quelques dizaines de bons de commandes et de chèques.
Déclinées en deux modèles, dix tailles, et quatre couleurs, les chemises "citoyennes" sont vendues entre 58 et 60 euros. Et tout est bon pour la promotion : bons de commandes sur le site internet (http://www.adconfection.fr), stands sur les marchés, réunions chez les copines, journées portes ouvertes...
"On a fait un essayage hier à l’atelier, deux hommes en ont commandé trois chacun !", raconte Mme Simonneau, la cinquantaine pimpante, et qui croit dur comme fer à la "relocalisation".
A l’intérieur du col, la preuve par l’étiquette, avec cette inscription inimaginable aux heures du textile made in China : "Fabriqué à Nuaillé - Maine-et-Loire - France". Le tissu a été acheté au Portugal, précise-t-elle.
Dans l’atelier, où règne une atmosphère studieuse et enjouée, cinq des sept ouvrières font partie comme Danielle, ancienne responsable administrative, et Annie, ancienne responsable de production, des licenciées de la dernière usine française du groupe New Man, basé à Cholet, qui a fermé en 2008.
Il y a un an, New Man leur a d’ailleurs donné un sacré coup de pouce pour démarrer l’entreprise en faisant don de matériels, machines à coudre et bobines, et même en leur signant un chèque. "Nous n’aurions pas pu monter AD Confection sans lui", explique Danielle.
En saison, l’entreprise confectionne des vêtements pour enfants (IKKS, Catimini...) et pour femmes, et travaille aussi pour de petits créateurs.
Jamais à court d’imagination, lorsqu’un de leurs clients leur a fait défaut en avril pour cause de crise économique, les patronnes lancent l’idée de fabriquer des sacs et de les vendre aussi directement aux consommateurs.
"J’ai rapporté des tissus plein mon coffre de voiture, et j’ai dit aux filles : "+vous faites ce que vous voulez+ !", raconte Danielle Simonneau. "Elles se sont éclaté avec quelque chose de personnel", et surtout les 220 sacs vendus, des pièces uniques imaginées par les employées, ont permis de "payer les salaires pendant un mois et demi". "Notre priorité, c’est l’humain", insiste-t-elle.
Derrière sa machine, Marie-Christine, 52 ans, 28 ans passés chez New Man, explique qu’"ici on ne voit pas les jours passer".
Dans cette région à l’histoire intimement liée à celle de l’industrie textile, Danielle Simonneau a une conviction : le métier "ne peut pas mourir". "Tant que les gens ne se promènent pas tout nus, il n’y a pas de raison que cela s’arrête !", glisse-t-elle avec malice. "Et si on se plante, c’est qu’on aura pas assez convaincu", dit-elle.
site de AD confection