Mamoud toujours dans le collimateur de l'opposition
Posté : 07 décembre 2009 21:44
L'opposition au président iranien Mahmoud Ahmadinejad est à nouveau descendue dans la rue lundi, bravant l'interdiction de manifester malgré un très important dispositif policier qui a utilisé des gaz lacrymogènes contre les rassemblements et procédé à des arrestations. Des milliers de manifestants se sont rassemblés dans plusieurs universités de Téhéran, mais également à l'extérieur des campus où toute manifestation avait été interdite par les autorités à l'occasion de la "journée nationale des étudiants". Ces rassemblements autour des universités ont entraîné de nombreux heurts avec les forces de l'ordre. Le calme est cependant revenu en fin d'après-midi, selon des témoins.
Les autorités iraniennes avaient interdit aux médias étrangers basés à Téhéran de couvrir ces manifestations, retirant leurs cartes de presse pour 48 heures à tous les journalistes travaillant pour ces médias. Plusieurs groupes d'opposition contestant la réélection du président Ahmadinejad en juin avaient appelé à profiter de cette journée, qui commémore la mort de trois étudiants lors d'une manifestation anti-américaine sous le régime du Chah en 1953, pour réaffirmer leur rejet du gouvernement issu d'un scrutin jugé frauduleux.
Des manifestations ont eu lieu à l'intérieur de plusieurs universités, notamment à l'université de Téhéran dans le centre-ville, totalement encerclée par la police, où des groupes ont chanté "Mort au dictateur" ou "Ya Hossein, Mir Hossein", selon des témoins. Ce cri de ralliement des opposants au président Ahmadinejad associe le nom de l'imam Hossein, vénéré par les chiites iraniens, à celui de l'ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, rival malheureux du président Ahmadinejad en juin devenu un des chefs de file de l'opposition. De leur côté, des groupes d'étudiants bassidjis (miliciens islamiques) ont répliqué en criant "mort aux hypocrites", provoquant quelques heurts.
Nouvelles critiques des dirigeants de l'opposition
À l'extérieur de l'université, la police, aidée par les bassidjis, a tenté pendant plusieurs heures d'empêcher le regroupement de centaines de manifestants, dispersant des petits groupes qui se reformaient rapidement un peu plus loin, selon des témoins. La police a utilisé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, pourchassés ensuite dans les rues adjacentes par des bassidjis en civil, parfois armés de pistolets électriques de type "taser", selon les mêmes sources. Les forces de l'ordre ont aussi procédé à des interpellations. L'agence officielle Irna a annoncé l'arrestation d'un responsable étudiant connu, Majid Tavakoli, accusé d'être "le chef des émeutiers". Ce jeune homme a déjà passé plus d'un an en prison sous l'accusation d'avoir insulté le guide la République islamique Ali Khamenei.
L'élection présidentielle controversée de juin, qui a provoqué d'importantes divisions au sein du régime, a entraîné des manifestations à répétition ces derniers mois en Iran. Ces mouvements ont été sévèrement réprimés par les autorités, qui ont arrêté des milliers d'opposants, dont plusieurs personnalités réformatrices condamnées ensuite à de lourdes peines de prison. Des députés conservateurs ont appelé lundi les dirigeants de l'opposition à "cesser leur entêtement politique et d'éviter ainsi d'être la cible de la colère révolutionnaire du peuple". Mais Mir Hossein Moussavi a de nouveau critiqué le pouvoir. "Si vous imposez le silence dans les universités, que pouvez-vous pour la société ? ", a-t-il lancé à l'adresse du gouvernement. Un autre dirigeant réformateur, Mehdi Karoubi, a affirmé lui aussi lundi que la répression n'était "de toute façon pas la solution, ni aujourd'hui, ni demain". Une figure du clergé conservateur, le grand ayatollah Nasser Shirazi, a appelé de son côté à "l'ouverture d'un dialogue" avec l'opposition pour "calmer le climat politique".