Sur le ring, Sarkozy Vs Google
Posté : 10 décembre 2009 10:14
Pour Nicolas Sarkozy, c'est clair : «Il n'est pas question de nous laisser déposséder de notre patrimoine au bénéfice d'un grand opérateur aussi sympathique soit-il, aussi important soit-il, aussi américain soit-il». C'est ce qu'il a déclaré ce mardi lors d'une table ronde près de Strasbourg.
Pour faire comme Angela Merkel? Il s'agissait surtout, pour lui, de souligner que le financement de la numérisation du patrimoine français sera l'une des vocations du grand emprunt national, dont il donnera officiellement les modalités lundi prochain. Parce que «la France, c'est une histoire, c'est une culture, oserais-je le mot, c'est une identité.»
Et comme il n'a décidément pas peur d'oser les mots pour dire sa pensée, il a insisté :
«Il n'est pas question que ce que des générations et des générations ont produit en langue française nous nous en laissions déposséder simplement parce qu'on ne serait pas capable de mobiliser l'argent nécessaire pour faire nous-mêmes un travail de numérisation.»
Allez savoir pourquoi, Google s'est senti visé. Et la réplique n'a pas tardé.
Mrs Marissa Mayer, présentée comme «numéro 3 de Google» sur le site TF1 News, y a répondu bien poliment aux déclarations du président de notre République en défendant Google Books :
«Je pense que ce service est très mal compris. Le but de Google Books, c'est de mettre en ligne de l'information imprimée. [...] L'avantage de ce travail, c'est justement la conservation du patrimoine. [...] L'objectif est simplement de préserver la littérature et de permettre aux gens d'y avoir accès. En travaillant avec les bibliothèques, nous nous sommes rendus compte que certains ouvrages sont déjà trop dégradés pour être digitalisés.»
Tout en se déclarant prête, «bien sûr», à travailler avec le gouvernement français sur la question, elle s'est presque excusée des performances de la firme qui l'emploie :
«Jusqu'ici, nous sommes simplement la société qui a le plus avancé sur le sujet. Ceci étant dit, il n'y a rien qui empêche d'autres acteurs de faire ce travail de conservation ! Je les encourage à le faire.»
Comme on voit, tout cela reste fort diplomatique. A moins de déceler une petite condescendance vaguement narquoise dans les propos de Mrs Mayer? Mais c'est que vous avez alors l'esprit bien mal tourné.
