La majorité prête à un dérapage du déficit
Posté : 04 décembre 2008 08:18
Les élus UMP s'interrogent sur les effets positifs d'une éventuelle hausse de la prime à la casse. Sur le déficit public, comme sur l'opportunité d'un grand emprunt d'Etat, les lignes ont bougé au sein de la majorité.
Dire que le discours de Nicolas Sarkozy à Douai est attendu avec impatience - et fébrilité - par les élus de la majorité relève d'un doux euphémisme. Confrontés, dans leurs circonscriptions, aux difficultés des entreprises et à l'inquiétude des électeurs, ils rêvent tous, comme Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et secrétaire national du parti à l'économie, d'un plan « puissant et ciblé » qui soit « un levier pour l'emploi et la croissance ». « Tout sera dans le dosage, dans l'articulation et la réalité du financement », estime le député villepiniste Hervé Mariton. Sur une éventuelle prime à la casse et sur l'impact budgétaire de plan de relance, les députés UMP ne sont pas unanimes.
· Prime à la casse
Une fois n'est pas coutume, Patrick Devedjian a jeté hier un pavé dans la mare. Sur Canal +, le secrétaire général de l'UMP, ancien ministre de l'Industrie, a avoué qu'il « n'aime pas » la hausse de la prime à la casse. Une mesure qui « coûte très cher » et risque d'être « inutile » compte tenu du « grand nombre de voitures qui vont à la casse chaque année ». Dans leur immense majorité, les députés UMP jugent pourtant l'idée « intéressante », tant pour épuiser les stocks de véhicules invendus, que pour inciter à acheter des voitures « plus petites et moins polluantes », même si ces dernières sont pour une bonne part fabriquées à l'étranger. « Une très bonne mesure », assure Frédéric Lefebvre. « La pire des mesures à l'exception de toutes les autres », tempère Gilles Carrez, le rapporteur général du Budget.
· Déficits publics
Henri Guaino a-t-il eu raison trop tôt ? En affirmant début octobre que « temporairement » les critères de Maastricht « ne sont pas la priorité des priorités », le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy s'était attiré les foudres de la quasi-totalité des parlementaires UMP. Deux mois plus tard, les lignes ont bougé et beaucoup voient dans les déficits publics une « variable d'ajustement ». Pour peu, justifient-ils, que cela serve à des mesures « conjoncturelles », « non récurrentes », centrées sur l'investissement et la recherche, et que ne soit pas abandonné l'objectif de retour à l'équilibre. « La situation a changé », plaide Pierre Méhaignerie, le président de la commission des Finances de l'Assemblée. « Il faut éteindre l'incendie ; ensuite, on paiera la facture des pompiers », glisse le député libéral Jean-Michel Fourgous. « Aller jusqu'à un déficit de 5 % du PIB ne serait pas un drame », renchérit Patrick Ollier, qui préside la commission des Affaires économiques. D'autres ne veulent toujours pas en entendre parler. « Il faut peser le moins possible sur les déficits », insiste Gilles Carrez. Le député François Goulard, lui, fait valoir qu'en creusant aujourd'hui les déficits, le gouvernement se lie les mains pour agir, demain, au moment de la reprise. Pour « ne pas louper la sortie de crise », Hervé Mariton appelle de ses voeux une « politique industrielle de long terme », avec de « vrais choix » et non « des plans sur la comète ».
· Grand emprunt d'Etat
Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée, l'avait proposé en octobre dans « Les Echos », mais Nicolas Sarkozy l'avait exclu dès le lendemain, coupant court au débat. Aujourd'hui, certains élus reprennent l'idée au bond. Patrick Ollier voit ainsi dans le grand emprunt d'Etat un moyen « salutaire » de financer une politique de grands travaux ferroviaires, routiers et fluviaux. Louis Giscard d'Estaing, un des vice-présidents de la commission des Finances de l'Assemblée, est plus réservé : « Sauf à ce qu'on me le démontre, je n'en vois pas la nécessité. » « Ce n'est pas la démarche, pas le débat », tranche Jérôme Chartier, l'orateur national de l'UMP à la réforme. L'emprunt « ne se justifie pas », risque de « détourner l'épargne » alors qu'il faut des liquidités dans les banques, souligne Michel Bouvard, député proche de François Fillon. Sous couvert de l'anonymat, un proche du chef de l'Etat parle pourtant d'une « solution crédible » pour l'avenir : « A un moment, il faudra bien combler les déficits... »
Dire que le discours de Nicolas Sarkozy à Douai est attendu avec impatience - et fébrilité - par les élus de la majorité relève d'un doux euphémisme. Confrontés, dans leurs circonscriptions, aux difficultés des entreprises et à l'inquiétude des électeurs, ils rêvent tous, comme Frédéric Lefebvre, porte-parole de l'UMP et secrétaire national du parti à l'économie, d'un plan « puissant et ciblé » qui soit « un levier pour l'emploi et la croissance ». « Tout sera dans le dosage, dans l'articulation et la réalité du financement », estime le député villepiniste Hervé Mariton. Sur une éventuelle prime à la casse et sur l'impact budgétaire de plan de relance, les députés UMP ne sont pas unanimes.
· Prime à la casse
Une fois n'est pas coutume, Patrick Devedjian a jeté hier un pavé dans la mare. Sur Canal +, le secrétaire général de l'UMP, ancien ministre de l'Industrie, a avoué qu'il « n'aime pas » la hausse de la prime à la casse. Une mesure qui « coûte très cher » et risque d'être « inutile » compte tenu du « grand nombre de voitures qui vont à la casse chaque année ». Dans leur immense majorité, les députés UMP jugent pourtant l'idée « intéressante », tant pour épuiser les stocks de véhicules invendus, que pour inciter à acheter des voitures « plus petites et moins polluantes », même si ces dernières sont pour une bonne part fabriquées à l'étranger. « Une très bonne mesure », assure Frédéric Lefebvre. « La pire des mesures à l'exception de toutes les autres », tempère Gilles Carrez, le rapporteur général du Budget.
· Déficits publics
Henri Guaino a-t-il eu raison trop tôt ? En affirmant début octobre que « temporairement » les critères de Maastricht « ne sont pas la priorité des priorités », le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy s'était attiré les foudres de la quasi-totalité des parlementaires UMP. Deux mois plus tard, les lignes ont bougé et beaucoup voient dans les déficits publics une « variable d'ajustement ». Pour peu, justifient-ils, que cela serve à des mesures « conjoncturelles », « non récurrentes », centrées sur l'investissement et la recherche, et que ne soit pas abandonné l'objectif de retour à l'équilibre. « La situation a changé », plaide Pierre Méhaignerie, le président de la commission des Finances de l'Assemblée. « Il faut éteindre l'incendie ; ensuite, on paiera la facture des pompiers », glisse le député libéral Jean-Michel Fourgous. « Aller jusqu'à un déficit de 5 % du PIB ne serait pas un drame », renchérit Patrick Ollier, qui préside la commission des Affaires économiques. D'autres ne veulent toujours pas en entendre parler. « Il faut peser le moins possible sur les déficits », insiste Gilles Carrez. Le député François Goulard, lui, fait valoir qu'en creusant aujourd'hui les déficits, le gouvernement se lie les mains pour agir, demain, au moment de la reprise. Pour « ne pas louper la sortie de crise », Hervé Mariton appelle de ses voeux une « politique industrielle de long terme », avec de « vrais choix » et non « des plans sur la comète ».
· Grand emprunt d'Etat
Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée, l'avait proposé en octobre dans « Les Echos », mais Nicolas Sarkozy l'avait exclu dès le lendemain, coupant court au débat. Aujourd'hui, certains élus reprennent l'idée au bond. Patrick Ollier voit ainsi dans le grand emprunt d'Etat un moyen « salutaire » de financer une politique de grands travaux ferroviaires, routiers et fluviaux. Louis Giscard d'Estaing, un des vice-présidents de la commission des Finances de l'Assemblée, est plus réservé : « Sauf à ce qu'on me le démontre, je n'en vois pas la nécessité. » « Ce n'est pas la démarche, pas le débat », tranche Jérôme Chartier, l'orateur national de l'UMP à la réforme. L'emprunt « ne se justifie pas », risque de « détourner l'épargne » alors qu'il faut des liquidités dans les banques, souligne Michel Bouvard, député proche de François Fillon. Sous couvert de l'anonymat, un proche du chef de l'Etat parle pourtant d'une « solution crédible » pour l'avenir : « A un moment, il faudra bien combler les déficits... »