Les cobayes de l'état, pour l'industrie...
Posté : 16 février 2010 11:37
Des militaires français "cobayes" des essais nucléaires ?
Le 16/02/2010 à 09h41 GMT
PARIS (Reuters) - Un rapport de l'armée française de 1961 classé "confidentiel défense" publié par Le Parisien de mardi laisse penser que des soldats ont été utilisés pour tester les effets des radiations sur les unités de combat.
Le ministre de la Défense Hervé Morin, interrogé dans le quotidien, déclare ne pas avoir connaissance de l'existence de ce rapport. Il souligne en revanche avoir fait voter récemment une loi permettant les indemnisations des victimes des essais.
Environ 150.000 personnes ont participé en tant que personnel civil et militaire aux 210 essais nucléaires français - dont une cinquantaine dans l'atmosphère - réalisés au Sahara algérien entre 1960 et 1966 puis en Polynésie française, sur les atolls de Mururoa et Fangataufa, entre 1966 et 1996.
Le rapport publié par Le Parisien concerne un tir réalisé le 25 avril 1961, qui fut le dernier dans l' atmosphère. Deux manoeuvres sont effectuées dans un cadre offensif et défensif afin, dit le rapport, "d'étudier la réoccupation d'une position touchée par une explosion nucléaire".
Quelques 300 soldats de régiments alors basés en Allemagne y ont pris part. L'objectif de ces manoeuvres est ainsi expliqué dans le document: "Étudier les effets psychologiques et physiologiques produits sur l'homme par l'arme atomique".
Les hommes se sont approchés à moins de 300 mètres du point d'impact. Les effets de la bombe étaient alors mal connus et le rapport note que, sur le coup, les soldats paraissaient capables de poursuivre le combat.
Après des décennies de débats, une loi votée l'année dernière a créé un fonds d'indemnisation doté de dix millions d'euros, marquant symboliquement la reconnaissance par la France, bien après les autres puissances nucléaires, de l'existence d'un dommage longtemps nié.
Une liste de maladies liées aux effets de la radioactivité a été retenue dans ce texte et les demandes seront prises en compte en fonction d'un seuil d'exposition qui devait être précisé dans un décret, a déjà dit Hervé Morin.
Le litige a provoqué de nombreux procès et depuis 2004. Deux juges d'instruction parisiens du pôle de santé publique instruisent une information judiciaire pour "homicides involontaires et atteintes involontaires à l'intégrité physique" ouverte sur plainte de certaines victimes.