Faut il un "lobby" musulman, un seul interlocuteur unique?
Posté : 22 février 2010 18:06
par Fonck1
L’Elysée rêve d’un interlocuteur unique, laïc et respecté, au sein de la communauté musulmane. Mais, jusqu’à présent, toutes les tentatives se sont soldées par un échec. Etat des lieux.
Sur le papier, l’idée est séduisante. Mais, longtemps réclamé, souvent évoqué, le projet d’une association laïque de musulmans n’a jamais pu être concrétisé. Depuis des années, les multiples tentatives faites pour fédérer les 5 millions de musulmans de France se sont toujours soldées par un échec. La création (“artificielle”, pour certains) par le ministère de l’Intérieur du Conseil français du culte musulman (CFCM) n’aurait rien apporté : les luttes intestines entre communautés algérienne et marocaine pour contrôler l’islam de France semblent insurmontables. Il y a quelques mois, la sous-préfète Malika Benlarbi, cofondatrice de l’association Convergence méditerranéenne, a tenté de mettre sur pied une organisation laïque musulmane financée par le Qatar, avec le soutien d’Henri Guaino, conseiller privilégié de Nicolas Sarkozy.
Un premier dîner annuel devait se tenir le 25 mars dernier. Zinédine Zidane et Isabelle Adjani étaient notamment pressentis pour parrainer le projet. Les plus grandes têtes d’affiche politiques avaient prévu de participer à ce repas d’inauguration, et une invitation avait même été adressée à Michelle Obama ! Mais, au dernier moment – et sans réelle explication –, le dîner a été annulé par David Senat, conseiller chargé, entre autres, des cultes au ministère de l’Intérieur. En 2003, alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy s’était déclaré opposé à l’idée d’un “CRIF musulman”. Devenu président, il souhaiterait désormais que ce projet aboutisse afin de relancer “son” Union méditerranéenne, au point mort depuis les bombardements de Gaza [en décembre 2008 et janvier 2009]. Mais pas n’importe quand, pas avec n’importe qui et pas dans n’importe quelles conditions.
L’Etat, qui a lui aussi du mal à s’y retrouver parmi le nombre démesuré d’acteurs associatifs musulmans, souhaite un interlocuteur musulman fort, non religieux et légitime sur toutes les questions qui touchent à la communauté. Une instance qui serait un complément du Conseil français du culte musulman, capable de prendre en main les dossiers de l’éducation, de l’intégration, du logement, de la formation et de la culture. Une organisation assez forte politiquement pour s’engager dans de nombreux dossiers “chauds” : fracture grandissante au sein de la société française entre juifs et musulmans, port du voile dans les établissements publics, question épineuse du financement de nouvelles mosquées… Une multitude d’associations sont apparues ces dernières années sans que l’on puisse vraiment distinguer le rôle de chacune. Du Mouvement des musulmans laïques de France (MMLF) au Conseil français des musulmans laïques (CFML) en passant par la Convention laïque pour l’égalité des droits (CLE), aucune ne “pèse” réellement au niveau national.
Pour Hakim El-Ghissassi, président du Forum citoyen des cultures musulmanes, le manque de visibilité de ces associations est dû à leur nature même, comme il l’explique au journal La Médina, dont il est le fondateur : “Des musulmans laïques, ça ne veut rien dire. De même, pourquoi calquer le modèle juif, qui est né dans un contexte historique particulier ?”
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), instance à vocation laïque, soutient l’initiative d’une fédération laïque musulmane. Les musulmans doivent-ils s’inspirer de cette structure communautariste, sioniste et ultraconservatrice, mais qui dispose de relais influents au plus haut niveau de l’Etat français ? Car c’est bien de la création d’un “lobby” musulman qu’il est question ici. Un projet soutenu par le recteur de la grande mosquée de Lyon, le Marocain Kamal Kabtane, et par le Conseil régional du culte musulman de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), qui préférerait cependant “la mise en place d’une instance nationale, faite de personnalités fortes, engagées, pour essaimer en région, plutôt qu’une démarche locale”.
La création de ce lobby permettrait de “contrer” l’influence du CRIF et de donner enfin la parole à une communauté musulmane souvent privée de relais politiques, économiques et médiatiques. Reste à surmonter un obstacle de taille : rassembler tous les musulmans, quels que soient leur pays d’origine ou leur pratique de l’islam. Et encore, une question se pose à l’esprit de nombreux observateurs : la multiplication des lobbys et la montée du communautarisme sont-elles réellement des solutions aux problèmes d’intégration que connaît la France républicaine ?
Un premier dîner annuel devait se tenir le 25 mars dernier. Zinédine Zidane et Isabelle Adjani étaient notamment pressentis pour parrainer le projet. Les plus grandes têtes d’affiche politiques avaient prévu de participer à ce repas d’inauguration, et une invitation avait même été adressée à Michelle Obama ! Mais, au dernier moment – et sans réelle explication –, le dîner a été annulé par David Senat, conseiller chargé, entre autres, des cultes au ministère de l’Intérieur. En 2003, alors ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy s’était déclaré opposé à l’idée d’un “CRIF musulman”. Devenu président, il souhaiterait désormais que ce projet aboutisse afin de relancer “son” Union méditerranéenne, au point mort depuis les bombardements de Gaza [en décembre 2008 et janvier 2009]. Mais pas n’importe quand, pas avec n’importe qui et pas dans n’importe quelles conditions.
L’Etat, qui a lui aussi du mal à s’y retrouver parmi le nombre démesuré d’acteurs associatifs musulmans, souhaite un interlocuteur musulman fort, non religieux et légitime sur toutes les questions qui touchent à la communauté. Une instance qui serait un complément du Conseil français du culte musulman, capable de prendre en main les dossiers de l’éducation, de l’intégration, du logement, de la formation et de la culture. Une organisation assez forte politiquement pour s’engager dans de nombreux dossiers “chauds” : fracture grandissante au sein de la société française entre juifs et musulmans, port du voile dans les établissements publics, question épineuse du financement de nouvelles mosquées… Une multitude d’associations sont apparues ces dernières années sans que l’on puisse vraiment distinguer le rôle de chacune. Du Mouvement des musulmans laïques de France (MMLF) au Conseil français des musulmans laïques (CFML) en passant par la Convention laïque pour l’égalité des droits (CLE), aucune ne “pèse” réellement au niveau national.
Pour Hakim El-Ghissassi, président du Forum citoyen des cultures musulmanes, le manque de visibilité de ces associations est dû à leur nature même, comme il l’explique au journal La Médina, dont il est le fondateur : “Des musulmans laïques, ça ne veut rien dire. De même, pourquoi calquer le modèle juif, qui est né dans un contexte historique particulier ?”
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), instance à vocation laïque, soutient l’initiative d’une fédération laïque musulmane. Les musulmans doivent-ils s’inspirer de cette structure communautariste, sioniste et ultraconservatrice, mais qui dispose de relais influents au plus haut niveau de l’Etat français ? Car c’est bien de la création d’un “lobby” musulman qu’il est question ici. Un projet soutenu par le recteur de la grande mosquée de Lyon, le Marocain Kamal Kabtane, et par le Conseil régional du culte musulman de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), qui préférerait cependant “la mise en place d’une instance nationale, faite de personnalités fortes, engagées, pour essaimer en région, plutôt qu’une démarche locale”.
La création de ce lobby permettrait de “contrer” l’influence du CRIF et de donner enfin la parole à une communauté musulmane souvent privée de relais politiques, économiques et médiatiques. Reste à surmonter un obstacle de taille : rassembler tous les musulmans, quels que soient leur pays d’origine ou leur pratique de l’islam. Et encore, une question se pose à l’esprit de nombreux observateurs : la multiplication des lobbys et la montée du communautarisme sont-elles réellement des solutions aux problèmes d’intégration que connaît la France républicaine ?