Nos anciens dorment mieux !
Posté : 10 mars 2010 08:22
On les croyait accros aux somnifères et facilement insomniaques. On en imaginait un certain nombre à moitié hagards devant « Chasse, pêche, nature et tradition », au milieu de la nuit… Eh bien non ! La dernière enquête de l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSV), dévoilée hier à une semaine de la 10 e Journée du sommeil, révèle que les seniors dorment plutôt bien.
Voici l’analyse de deux spécialistes qui s’avouent surpris par les résultats de l’étude réalisée en janvier auprès de 1 017 Français âgés de 50 ans et plus.
Plus que les jeunes adultes. En moyenne, les plus de 50 ans dorment 7 h 13 par nuit la semaine, 7 h 30 le week-end (même si un tiers dorment moins de 6 heures). Presque un sans-faute car le temps de sommeil idéal est de 7 h 30 par nuit. A l’inverse, plus d’un tiers des 18-55 ans souffrent d’un déficit chronique de sommeil d’environ 1 h 15 par 24 heures. « Les seniors se plaignent moins de leurs nuits que leurs cadets », remarque Joël Paquereau, responsable du centre du sommeil du CHU de Poitiers. Le président de l’INSV ajoute : « 30 à 35 % des 18-50 ans déclarent mal dormir, et seulement 20 % des plus de 50 ans. »
Ah, la sieste de l’après-midi. La dette de sommeil s’estompe avec l’âge. « Lorsqu’ils cessent de travailler, les seniors retrouvent les conditions physiologiques du sommeil, explique le professeur Paquereau. Ils n’ont plus le stress du travail et peuvent s’adonner au repos en début d’après-midi. » 40 % d’entre eux font la sieste quatre ou cinq fois par semaine. « En se débarrassant des contraintes horaires, ils retrouvent leur vrai rythme biologique », ajoute le professeur Damien Léger, responsable du centre du sommeil de l’Hôtel-Dieu.
Ainsi, quelqu’un qui s’est contraint des années à se coucher tôt pourra bénéficier de meilleures nuits en se couchant et se levant plus tard.
Ils s’endorment comme des fleurs. Avant d’éteindre la lumière, les plus de 50 ans consacrent vingt minutes à des activités telles que lire (64 %), regarder la télé (53 %), écouter la radio (48 %). Ils déclarent mettre treize minutes à s’endormir. Mais beaucoup se mettent au lit trop tôt, alors qu’ils ne sont pas encore assez fatigués. « Du coup, ils peuvent se mettre à ruminer, à repenser aux choses négatives de la journée, et c’est mauvais, explique Joël Paquereau. Dans ce cas, mieux vaut se relever, faire autre chose, et attendre que le besoin de sommeil vienne. »
Pas trop au lit quand même ! « Les seniors qui déclarent dormir 9 heures et plus par 24 heures sont ceux qui ont le plus de problèmes de mémoire », insiste Damien Léger. « 11 % ont des troubles de la mémoire et 10 % sont des insomniaques. » Dormir trop est donc aussi néfaste que ne pas dormir… Attention aux siestes trop longues, aux tendances à s’allonger, plutôt que de s’aérer, de faire de l’exercice.
Ils prennent moins de somnifères. Autre surprise : la consommation de somnifères a diminué. « De 7 à 8 % de la population prennent des somnifères, et de 10 à 12 % des seniors. Il y a vingt ans, de 10 à 12 % de la population en prenaient et 15 % des seniors », note Damien Léger. « On sait aujourd’hui qu’il est inutile de prendre des somnifères plus de trois ou quatre semaines », ajoute le professeur Paquereau.
Mais ils font des cauchemars. Comme notre cerveau, notre sommeil vieillit. Et parallèlement, les cauchemars augmentent. Deux explications à cela, selon le professeur Paquereau : « Avec l’âge, on se réveille plus souvent. Du coup, des pensées négatives peuvent s’insinuer dans la phase de rêve, et le transformer en cauchemar. Les personnes âgées voient mourir leurs amis, et l’angoisse de la mort monte imperceptiblement, se manifestant la nuit par les cauchemars. »