Il danse à Auschwitz !
Posté : 20 juillet 2010 12:04
La danse d'un survivant de l'holocauste fait débat
Par Thomas Vampouille 16/07/2010
C'est pour célébrer sa revanche sur la vie que l'homme a dansé.
Comme un pied-de-nez à l'Histoire, un rescapé des camps d'extermination a diffusé sur Internet une vidéo le montrant danser avec sa famille sur l'air d'«I will survive» devant plusieurs lieux symboliques du génocide.
Hymne à la vie ou provocation douteuse ? Une vidéo postée sur le Web montre un vieillard accompagné de sa fille et de ses petits-enfants danser devant divers lieux emblématiques de la déportation. L'homme s'appelle Adolek Kohn : aujourd'hui âgé de 89 ans, il a été déporté à Auschwitz durant la seconde guerre mondiale.
Sur l'air d'«I will survive», les danseurs se déhanchent devant les rails menant au camp d'Auschwitz ou encore devant son entrée marquée de la fameuse inscription «Arbeit macht frei». Les images ont été tournées par Jane Korman, la fille d'Adolek Kohn, une artiste qui a eu l'idée de cette vidéo. Postée sur Youtube en janvier, elle est longtemps passée inaperçue avant d'être récupérée, ironie du sort, par des groupes néo-nazis sévissant sur la Toile. Depuis, elle a atteint les 500.000 vues, et fait le tour des réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. Si, sur ces derniers sites, la plupart des réactions sont positives, certaines soulignent son «manque de goût». Désormais, la vidéo est indisponible sur Youtube, «pour atteinte aux droits d'auteur».
«C'est important parce que nous avons survécu»
«Pourquoi je l'ai fait ? Avant tout parce que j'étais venu avec mes petits-enfants», a déclaré à la presse le vieil homme qui vit à Melbourne, en Australie. «Qui (parmi les déportés) a pu venir avec ses petits-enfants ? La plupart sont morts.» Ceux qui ont survécu, ajoute-t-il, ont «créé une nouvelle génération, une belle génération.» C'est pour célébrer cette revanche de la vie que l'homme a voulu danser. «C'est important parce que nous sommes en vie, nous avons survécu.» Une photo prise dans le camp de Dachau résume cet état d'esprit, où le vieil homme pose en manière de défi devant les fours crématoires, vêtu d'un sweat-shirt siglé «Survivor», les doigts en signe de «V» comme victoire.
À la question de savoir si ces images ne constituent pas un manque de respect à l'égard des millions de victimes du génocide, les protagonistes assurent avoir pris leurs précautions. «Nous avons prié pour les morts» avant de danser, explique Adolek Kohn. «Nous avons essayé de danser quand il n'y avait pas trop de visiteurs autour», a également précisé sa fille. «Il est extrêmement difficile de juger les survivants de l'holocauste dans ces lieux», analyse pour sa part Piotr Kadlcik, président de la communauté juive de Pologne. «Peut-être qu'il était important pour lui de faire quelque chose comme ça», poursuit-il. «Si quelqu'un d'autre le faisait, je trouverais cela hautement inopportun. Mais dans le cas d'un Juif qui a survécu à l'Holocauste…»
