Budget, on taille sec !
Posté : 30 septembre 2010 07:41
Par la voix de François Baroin, ministre du Budget, le gouvernement a présenté hier son projet de loi de finances prévoyant des mesures de réduction inégalées depuis plusieurs décennies pour purger les déficits record.
«Nous allons entreprendre une réduction historique», a affirmé, hier, le ministre du Budget, François Baroin, en présentant le projet de loi de finances en Conseil des ministres. Élevé avant la crise, le déficit public (État, Sécurité sociale, collectivités locales) a explosé avec la récession et est attendu au niveau sans précédent de 7,7% du Produit intérieur brut (PIB) cette année. L'objectif du gouvernement reste «intangible»: réduire le déficit à 6% en 2011, un effort «jamais réalisé depuis 50 ans». Jusqu'à présent, aucun gouvernement n'est parvenu à une telle réduction sur une période aussi courte.
En 2012, la dette dépense principale
Sous la pression de Bruxelles et des marchés, Paris entendrait ensuite ramener son déficit en 2013 à 3% du PIB, plafond fixé par les traités européens, puis 2% en 2014. La présentation du budget a en effet coïncidé hier avec de nouvelles propositions de la Commission européenne pour renforcer la discipline budgétaire, comprenant la possibilité d'amendes pour les pays de la zone euro trop dépensiers ou qui ne réduisent pas leur dette assez vite. Or la dette publique française devrait encore grimper, de 82,9% en 2010 à 86,2% en 2011. Un pic historique de 87,4% est attendu en 2012, avant un reflux. Symbole de l'endettement actuel de la France: les intérêts que l'État paye pour l'argent emprunté coûteront l'an prochain quasiment autant que ce qu'il dépense pour l'enseignement scolaire. Et dès 2012, la charge de la dette deviendra même pour la première fois la principale dépense du pays...
Déficitaires depuis 1974
Pour redresser ses finances publiques - elles n'ont plus été excédentaires depuis 1974 - le gouvernement table sur la fin des mesures de relance et la reprise de l'activité. Il espère une croissance de 2% l'an prochain (après 1,5% en 2010), puis 2,5% par an à partir de 2012. L'exécutif a préparé les esprits, par petites touches, à la rigueur. En 2011, sept milliards d'euros d'économies sont attendus grâce à la baisse des dépenses, qui s'élèveront au total à 286milliards d'euros contre 319 cette année.
L'enseignement privé aussi
Les dépenses de fonctionnement et d'intervention seront rognées de 5%. Les collectivités locales subiront pendant trois ans le gel des dotations de l'État. Le non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique continuera, avec à la clé 31.638 postes supprimés en 2011. La fonction publique compte aujourd'hui 2,3millions de fonctionnaires d'État. Si le ministère de la Justice et les services du Premier ministre auront leurs effectifs augmentés, ceux des ministères de l'Enseignement supérieur et de l'Immigration et de l'intégration inchangés, les autres ministères subiront des coupes. Le ministère de l'Éducation est, comme chaque année, le plus touché avec 16.000 suppressions de postes, comme en 20
10. Fait nouveau: cette politique critiquée de longue date par les syndicats du public, l'est désormais aussi par l'enseignement privé. L'enseignement privé catholique tire ainsi à son tour la sonnette d'alarme concernant les suppressions de postes.
Côté recettes, le gouvernement attend un total net de 271milliards d'euros. La réduction des niches fiscales et sociales devrait rapporter 9,4milliards l'an prochain et 2,1milliards de plus en 2012.
Des prélèvements en hausse continue
Le taux des prélèvements obligatoires, que Nicolas Sarkozy avait promis de réduire de quatre points, grimpera de façon continue sur les années à venir. En 2011, les hausses d'impôts ciblées concerneront notamment les complémentaires Santé, la facture des «box» internet, l'immobilier ou les mesures en faveur du développement durable, avec un effort assumé, selon Bercy, à 60% par les entreprises, 40% par les ménages.
