Christine Lagarde: en route vers Matignon?
Posté : 02 octobre 2010 16:08
Christine Lagarde fend l’armure. On la disait pudique et très discrète sur sa vie privée, la voilà qui se met à jouer le jeu de la peopolisation. Il y avait eu, déjà, fin juillet, le portrait de son compagnon, Xavier Giocanti, dans Paris-Match, qui expliquait comment il s’occupait du « plaisir intérieur brut » de la ministre de l’Economie. En cette rentrée, Christine Lagarde fait encore plus fort.
D’abord, elle se livre comme jamais à deux journalistes du Figaro, Cyrille Lachèvre et Marie Visot, qui signent chez Michel Lafon une biographie très autorisée, sortie mi-septembre. Elle évoque la mort de son père, quand elle avait dix-sept ans, et celle de sa mère, juste avant qu’elle prenne ses fonctions à Bercy en juin 2007. Elle parle de sa passion pour les bijoux, confie que l’un de ses plus grands plaisirs est de se contenter de chocolat et de thé vert pour le déjeuner, et assure que, quand elle dîne à New York, elle préfère un boui boui chinois à un « grand restaurant gastronomique des quartiers chics ». Elle insiste sur son « enfance modeste ». Elle confesse l’importance de la foi dans sa vie, elle qui affirme lire Les Evangiles « plus qu’occasionnellement ». Enfin, et c’est le principal message qu’elle entend faire passer, elle revendique sa façon de faire de la politique « autrement », sans « écrabouiller l’autre pour marquer des points ».
Christine Lagarde vient de récidiver dans ce mélange des genres public-privé avec une interview fleuve à La Tribune et moi, le supplément du quotidien économique, dans laquelle elle parle aussi de son enfance, de son adolescence, de ses secrets de maquillage et de la façon dont elle domestique sa coiffure. Elle y revendique aussi une spécificité féminine dans la conduite des affaires financières, où il y a une « grande majorité de paires de pantalons ».
Cette offensive médiatique ne doit évidemment rien au hasard. Alors que le changement de gouvernement approche, que sa rivalité avec François Baroin semble s’exacerber, Christine Lagarde peaufine son image publique. Je vais finir par croire ce que me disait l’autre jour un membre du gouvernement, selon qui son « non » au poste de Premier ministre, formulé dans une interview au Figaro le 15 septembre dernier, était paradoxalement la « preuve de son sens politique ». Oui, Christine Lagarde s’est bel et bien engagée sur la route de Matignon.