En france,on met les vieux étrangers à la rue
Posté : 18 décembre 2010 07:43
Johann Forster se souviendra longtemps de son passage en Seine-Saint-Denis. Cet Allemand de 83 ans, en panne sur l’autoroute A 1 le 28 novembre, a dormi plus de deux semaines dans des foyers d’urgence en attendant de récupérer sa voiture et sa caravane, bloquées dans une fourrière d’Aubervilliers. Il a déposé plainte en début de semaine pour abus de faiblesse.
Ses véhicules lui ont finalement été restitués mercredi, après intervention de la police. Le patron de la fourrière, qui dirige également la société qui a remorqué les véhicules, a été placé en garde à vue et remis en liberté mercredi.
Ce dimanche, alors qu’il rentre en Allemagne au volant de son monospace Toyota, Johann Forster tombe en panne sur l’A 1. Pédale d’embrayage bloquée. La CRS autoroutière appelle la société de dépannage de permanence. Son chauffeur, qui a été lui aussi entendu par la police, prend en charge l’automobiliste et ses deux véhicules. « Après quelques minutes, le conducteur s’arrête et me demande 200 € en liquide, raconte l’octogénaire, qui arrondit sa retraite comme guide touristique en Normandie l’été. Je lui réponds que c’est mon club automobile en Allemagne qui réglera les frais du remorquage et lui demande de m’emmener chez Toyota. Au lieu de ça, il téléphone à un collègue et me conduit à la fourrière. Sur place, ils me demandent 535 € et me disent : c’est l’argent ou dehors. »
Le vieil homme erre alors toute la nuit dans le froid au hasard des rues d’Aubervilliers. Sans argent sur lui et dépourvu de carte bleue, il est finalement pris en charge le lendemain et les jours suivants par le 115. « J’ai cherché à récupérer au moins ma caravane, pour dormir, mais ils l’ont séquestrée, accuse-t-il. C’est une histoire de fous ! Jamais on ne m’avait traité de la sorte, comme un chien. »
« Le chauffeur a profité du fait que cet automobiliste était étranger et âgé, avance une source proche de l’enquête. Au lieu de le conduire chez un garagiste, il l’a amené à la fourrière en lui demandant quasiment le double des tarifs officiels pour le remorquage. A la fin, avec les frais de gardiennage, la fourrière lui réclamait plus de 2 000 € pour récupérer ses biens. »
Les policiers d’Aubervilliers enquêtent depuis sur les pratiques commerciales de cette société, qui intervient notamment autour du Stade de France pour l’enlèvement des voitures les jours d’événements.
Joint hier, le patron de cette entreprise familiale, qui a pignon sur rue depuis trente ans, dénonce « un abus de pouvoir des policiers ». « On me met en garde à vue, avec des menottes, sur le simple témoignage d’un client agacé. Mon personnel n’a fait que respecter la loi et lui a même proposé un hébergement ! Nous lui avons demandé 535 €, les tarifs officiels pour le dépannage et le parking. C’est impossible de dépanner une voiture au noirsur l’autoroute. Nous avons un agrément préfectoral et sommes ultra-contrôlés. » D’autres employés devraient être auditionnés dans les prochains jours, dans le cadre d’une enquête préliminaire.