Compassion pour nos otages, indifférence pour nos militaires
Posté : 12 janvier 2011 12:35
Hervé Guinaud, caporal-chef, a été tué en Afghanistan. Mais personne n'en parle. Un signe de plus d'un débat interdit en France sur l'engagement de la France en Afghanistan qui se poursuit depuis 2001.
Samedi 8 janvier, deux otages français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, 25 ans, ont été assassinés par leurs ravisseurs au Niger, vraisemblablement par des membres d’AQMI, la branche d’Al Qaida au Maghreb. Tous les médias, c’était la moindre des choses, en ont parlé. Ils en ont même débattu, et c’était normal, pour savoir s’il fallait ou non lancer une opération militaire pour tenter de les libérer au plus vite…
Mais le même jour, samedi 8 janvier, un militaire français a été tué en Afghanistan et personne ou presque n’en a parlé. Il s’appelait Hervé Guinaud, il avait 42 ans, il était caporal-chef au Régiment d'infanterie de chars de marine de Poitiers et il participait à une opération dans le nord-est de l'Afghanistan, quand le véhicule blindé « qu'il guidait pour effectuer un dépannage a été touché par une explosion ». Deux autres soldats français ont d’ailleurs été très légèrement blessés lors de cette mission. Hervé Guinaud était marié et père d’un enfant. Il est aussi le 53ème soldat français tué en Afghanistan depuis le déploiement de forces françaises fin 2001.
Comme à chaque fois qu’un soldat français meurt en Afghanistan, les autorités ont fait part de leur profonde tristesse et présenté leurs condoléances à sa famille. Et puis, hélas, comme d’habitude, on est passé à autre chose… Fermez le ban. Toujours pas la moindre esquisse de débat démocratique sur la présence de la France en Afghanistan.
Un pays se grandit à débattre des raisons pour lesquelles il envoie ses militaires mourir dans une guerre lointaine, écrit cette semaine Jean-Dominique Merchet dans « Marianne ». Il a raison. Partout, on débat de la question du maintien des forces militaires en Afghanistan. On en débat aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne. Aux Pays-Bas, un gouvernement est même tombé sur cette question. On en débat partout, sauf en France. Chez nous, la question afghane se décide en haut lieu, à huis clos, entre l’Elysée, le Quay d’Orsay et le ministère de la Défense. Les parlementaires n’ont pas leur mot à dire. Les citoyens sont tenus à l’écart alors qu’ils sont 75% à être opposés au maintien de la présence française là-bas.
Quant aux militaires, fiers d’accomplir leur mission, ils souffrent d’être ainsi oubliés et même ignorés.
La faute au pouvoir exécutif qui refuse obstinément que cette question soit mise en débat. La faute aussi au principal parti d’opposition, le PS, qui peu ou prou soutient les objectifs de la coalition internationale.
Du coup, 3000 soldats français sont sur le terrain et personne ne sait plus vraiment pourquoi. Alors pour que la mort de ces 53 soldats français n’ait pas été inutile et, notamment, celle du caporal chef Hervé Guinaud, il est temps de poser publiquement les bonnes questions :
- Qu’est-ce que la France fait encore là-bas, 9 ans après ?
- Faut-il rester en Afghanistan alors que les populations vivent nos militaires comme une force d’occupation ?
- Faut-il vraiment attendre 2014 pour sortir de ce bourbier ?
Il serait peut-être temps d’en parler, non ?
Samedi 8 janvier, deux otages français, Antoine de Léocour et Vincent Delory, 25 ans, ont été assassinés par leurs ravisseurs au Niger, vraisemblablement par des membres d’AQMI, la branche d’Al Qaida au Maghreb. Tous les médias, c’était la moindre des choses, en ont parlé. Ils en ont même débattu, et c’était normal, pour savoir s’il fallait ou non lancer une opération militaire pour tenter de les libérer au plus vite…
Mais le même jour, samedi 8 janvier, un militaire français a été tué en Afghanistan et personne ou presque n’en a parlé. Il s’appelait Hervé Guinaud, il avait 42 ans, il était caporal-chef au Régiment d'infanterie de chars de marine de Poitiers et il participait à une opération dans le nord-est de l'Afghanistan, quand le véhicule blindé « qu'il guidait pour effectuer un dépannage a été touché par une explosion ». Deux autres soldats français ont d’ailleurs été très légèrement blessés lors de cette mission. Hervé Guinaud était marié et père d’un enfant. Il est aussi le 53ème soldat français tué en Afghanistan depuis le déploiement de forces françaises fin 2001.
Comme à chaque fois qu’un soldat français meurt en Afghanistan, les autorités ont fait part de leur profonde tristesse et présenté leurs condoléances à sa famille. Et puis, hélas, comme d’habitude, on est passé à autre chose… Fermez le ban. Toujours pas la moindre esquisse de débat démocratique sur la présence de la France en Afghanistan.
Un pays se grandit à débattre des raisons pour lesquelles il envoie ses militaires mourir dans une guerre lointaine, écrit cette semaine Jean-Dominique Merchet dans « Marianne ». Il a raison. Partout, on débat de la question du maintien des forces militaires en Afghanistan. On en débat aux Etats-Unis, en Allemagne, en Grande-Bretagne. Aux Pays-Bas, un gouvernement est même tombé sur cette question. On en débat partout, sauf en France. Chez nous, la question afghane se décide en haut lieu, à huis clos, entre l’Elysée, le Quay d’Orsay et le ministère de la Défense. Les parlementaires n’ont pas leur mot à dire. Les citoyens sont tenus à l’écart alors qu’ils sont 75% à être opposés au maintien de la présence française là-bas.
Quant aux militaires, fiers d’accomplir leur mission, ils souffrent d’être ainsi oubliés et même ignorés.
La faute au pouvoir exécutif qui refuse obstinément que cette question soit mise en débat. La faute aussi au principal parti d’opposition, le PS, qui peu ou prou soutient les objectifs de la coalition internationale.
Du coup, 3000 soldats français sont sur le terrain et personne ne sait plus vraiment pourquoi. Alors pour que la mort de ces 53 soldats français n’ait pas été inutile et, notamment, celle du caporal chef Hervé Guinaud, il est temps de poser publiquement les bonnes questions :
- Qu’est-ce que la France fait encore là-bas, 9 ans après ?
- Faut-il rester en Afghanistan alors que les populations vivent nos militaires comme une force d’occupation ?
- Faut-il vraiment attendre 2014 pour sortir de ce bourbier ?
Il serait peut-être temps d’en parler, non ?