Jospin accuse Fillon de "malhonnêteté intellectuelle"
Posté : 20 janvier 2011 17:36
Lionel Jospin (PS) a accusé jeudi François Fillon de "malhonnêteté intellectuelle", jugeant "insupportable" de comparer un discours "protocolaire" prononcé en 1997 en recevant le président Ben Ali à Matignon et les propos "insensés" de Michèle Alliot-Marie sur la Tunisie.
Mardi devant l'Assemblée nationale, François Fillon avait pris la défense de Michèle Alliot-Marie, vivement attaquée par l'opposition, en déclarant : "J'entends les critiques que vous formulez et je pourrais, pour y répondre, citer de larges extraits du très beau discours de Lionel Jospin en octobre 1997 lorsqu'il recevait à Matignon le président Ben Ali".
"Moi, je ne passe pas mon temps à critiquer le gouvernement, mais je déteste la malhonnêteté intellectuelle", a répliqué M. Jospin sur RTL.
"M. Fillon a essayé de faire un amalgame entre une allocution protocolaire que j'ai faite en recevant, comme Jacques Chirac, le président Ben Ali en octobre 1997, hors de tout trouble en Tunisie (...), et une déclaration insensée de la ministre des Affaires étrangères, Mme Alliot-Marie proposant une coopération policière à un pouvoir qui était en train de réprimer son peuple, lui-même en mouvement", s'est-il insurgé.
"C'est donc une comparaison absolument insupportable", a-t-il dit avant de retracer les circonstances de la visite de l'ancien président tunisien pendant la cohabitation : le président "Jacques Chirac invite avant même que je sois Premier ministre M. Ben Ali, je le reçois par obligation protocolaire, je fais le minimum syndical (...) et dans un tête-à-tête avec ce président, je décline la proposition qu'il me faisait de venir faire une visite officielle en Tunisie. Pendant 5 ans, je n'irai jamais en Tunisie".
"Il ne faut pas confondre les temps, et il ne faut pas confondre l'attitude qu'on adopte en routine diplomatique, face à des Etats qui sont de toutes natures, et puis une proposition extrêmement choquante, alors que le peuple s'est mis en mouvement en Tunisie", a lancé M. Jospin.
"Je n'ai jamais fait preuve, dès l'époque de M. Bourguiba, de complaisance à l'égard des dirigeants tunisiens, j'ai toujours aimé ce peuple et distingué ses dirigeants quand c'était nécessaire", a-t-il aussi déclaré.
Au Sénat, en réponse à la sénatrice communiste Nicole Borvo Cohen-Seat, François Baroin a de nouveau accusé la gauche de complaisance vis-à-vis de Ben Ali, en citant le discours de M. Jospin de 1997: "+Votre visite d'Etat me fournit l'occasion d'affirmer l'engagement à vos côtés de mon gouvernement dans cette période de transition cruciale pour la société tunisienne+".
"Et que pensez-vous de la suite: +la proximité de nos idéaux de tolérance, de solidarité, l'attachement réciproque de nos deux peuples, notre histoire commune, notre foi en l'avenir font de nos deux pays des partenaires que tout rapproche+", a poursuivi le porte-parole du gouvernement dans son verbatim.
"Alors, ne portez-pas en bandoulière une vertu que vous n'avez pas, rejoignez plutôt la position française constante à des principes qui a toujours été affirmée par la droite et par la gauche: la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat souverain, l'appel et le soutien à la démocratie et la liberté", a ajouté M. Baroin.