Bons et mauvais élèves
Principal responsable : l’Etat, dont la dette a augmenté de 41,5 milliards d’euros au premier trimestre. Les administrations de sécurité sociale sont les deuxièmes plus gros contributeurs de cette hausse avec +20,6 milliards d’euros. Dans le détail, la CADES, la Caisse d’amortissement de la dette sociale, ajoute 24,1 milliards d’euros supplémentaires à son endettement. A noter que la dette de l’Unedic, qui gère l’assurance chômage, ne progresse « que » de 2,9 milliards d’euros, alors qu’entre mars 2010 et mars 2011, le nombre de chômeurs des catégories A, B et C a progressé de près de 150 000 personnes (données de Pôle emploi).
Du côté des bons élèves, l’ACOSS, la caisse nationale des URSSAF, se désendette de 18,7 milliards d’euros. La dette des organismes divers d’administration centrale, qui comprend notamment la Société de prise de participation de l’Etat (SPPE), diminue de 3,1 milliards d’euros. Enfin, les administrations publiques locales se désendettent également à hauteur de 4,1 milliards d’euros. « Un rythme comparable aux premiers trimestres des années précédentes », précise l’INSEE.
L’aide aux PIGS va alourdir la dette
Une remarque de l’Institut interpelle : « à la suite de la décision d’Eurostat du 27 janvier 2011, les émissions du Fonds européen de stabilité financière (FESF) destinées à financer des prêts aux pays européens sont réintégrés dans les dettes des pays contributeurs à cet organisme. Au premier trimestre, cela représente pour la France 0,9 milliard d’euros, représentant la part française du prêt à l’Irlande ». Autrement dit, il faut s’attendre à un important alourdissement de la dette publique avec le deuxième plan d’aide à la Grèce.
Pour l’instant, l’INSEE précise que ces dettes sont compensées en partie par le remboursement de l’argent donné au secteur automobile et aux banques françaises. Mais il s’agit ici de solutions conjoncturelles qui ne dureront pas. Où l’Etat trouvera l’argent ensuite ? D’autant qu’avec une dette à 84,5%, le gouvernement n’est déjà plus très loin de son objectif pour 2011 : une dette à 85,4% du PIB. La marge de manoeuvre se réduit.
Un ratio qui sous-estime la dette
Si les médias sont focalisés sur ce ratio dette/PIB, il a pourtant de moins en moins de sens. Il a tendance à faire croire que l’Etat peut disposer de toute la richesse créée dans le pays. Il vaudrait mieux regarder le ratio dette/prélèvements obligatoires, qui traduit beaucoup mieux la capacité réelle d’un pays à payer ses dettes. D’après l’INSEE, en 2010, les prélèvements obligatoires (impôt, taxes, cotisations sociales…) ont atteint 822,1 milliards d’euros. La dette au quatrième trimestre 2010 s’élevait ainsi à 193,5% des prélèvements obligatoires.
Mais même ce ratio est sujet à caution puisqu’il dépend également du niveau de la pression fiscale du pays. C’est logique car plus elle est élevée et moins l’Etat a la possibilité d’augmenter ses recettes. En France, le taux de prélèvement obligatoire en 2010 s’établissait à 42,5% du PIB, soit un niveau déjà très supérieur à la moyenne des pays de l’OCDE (autour de 35%).
Traduction : la France voit ses bonnes résolutions budgétaires fondre comme la neige au soleil grec.