les drôles de comptes de la députée maire (UMP) de Puteaux
Posté : 21 octobre 2011 19:21
La députée maire (UMP) de Puteaux est fébrile. Mercredi 19 octobre, Joëlle Ceccaldi-Raynaud a fait rafler par ses services tous les exemplaires du Canard Enchainé exposés dans les kiosques de sa coquette ville des bords de Seine, au pied des tours de La Défense. Le Palmipède y révèle, en page 3, que "l'ex-suppléante de Sarko planquait son magot dans des paradis fiscaux".
Un marchand de journaux, soucieux de ne pas fâcher Madame le maire, a expliqué au journaliste de l'hebdomadaire satirique qu'en cas de nouvelle livraison, il planquerait les exemplaires sous son comptoir et les renverrait pour invendus. "Une première dans l'histoire du Canard", témoigne Hervé Liffran, un autre de ses journaliste, qui, pourtant, en a vu d'autres dans les Hauts-de-Seine.
Scandalisé par ces pratiques, Christophe Grébert, élu MoDem de Puteaux, organise, ce samedi, une distribution du Canard Enchainé dans la rue principale de la ville, afin d'informer ses concitoyens sur les curieuses pratiques du clan qui dirige Puteaux depuis quarante ans.
Les enquêteurs soupçonnent des pratiques de corruption
L'affaire qui émeut tant Joëlle Ceccaldi-Raynaud, présidente de l'Epadesa - l'établissement public qui gère le quartier d'affaires de La Défense - n'est pas nouvelle. Elle remonte à la fin des années 1990 et fait l'objet d'une information judiciaire ouverte à Nanterre depuis 2002. Les enquêteurs soupçonnent des pratiques de corruption lors du renouvellement de la concession de chauffage urbain de La Défense. Cette grosse usine, qui alimente en chauffage et en climatisation les tours du quartier de bureaux, est gérée par un syndicat mixte regroupant le département et les villes de Puteaux, Courbevoie et Nanterre. Un organisme présidé, à l'époque des faits, par Charles Ceccaldi-Raynaud, le père de Joëlle, à qui elle a succédé, en 2004, à la tête de la commune et de l'Epadesa.
Cela fait bientôt dix ans que le dossier s'épaissit, sans que les juges d'instruction successifs soient encore parvenus à démêler tous les fils. Isabelle Prévost-Desprez a été la première à ouvrir l'enquête. Elle a perquisitionné, dès fin 2003, au domicile de Charles Ceccaldi-Raynaud, dans sa résidence corse de Sainte-Lucie-de-Porto-Vecchio et son bureau au Sénat. En avril 2004, la juge a continué ses investigations dans le bureau de Joëlle, à l'Assemblée nationale. Isabelle Prévost-Desprez est aujourd'hui mise au ban par sa hiérarchie, qui selon elle l'empêche de mener à bien les affaires gênantes pour le pouvoir, comme elle l'explique dans le livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme Sarko m'a tuer, en citant notamment l'affaire Bettencourt dont l'instruction lui a été retirée.
Le juge Richard Pallain, qui lui a succédé, a mis Charles ceccaldi-Raynaud en examen, en 2007, pour favoritisme, recel d'abus de biens sociaux et corruption passive. Trois associés de la société qui gère la chaufferie ont également été mis en examen pour corruption, ainsi qu'un intermédiaire luxembourgeois, qui a dévoilé le pot aux roses aux enquêteurs, faute d'avoir perçu la commission qu'on lui avait promise.
Joëlle Ceccaldi-Raynaud, pour sa part, n'a été entendue en témoin assisté - dernière étape avant la mise en examen - que l'été dernier, après la découverte par le juge de ses comptes bancaires dans des paradis fiscaux, qui auraient abrité, selon Le Canard, au moins 4 millions d'euros. Las... Le juge Pallain, comme le précise l'hebdomadaire, a été muté le mois dernier.
Pendant que la justice piétine, la famille Ceccaldi continue de veiller sur le chauffage de la Défense. Vincent Franchi, le fils de Joëlle, élu conseiller général des Hauts de Seine en mars 2011 - à la place de son grand-père! - s'est aussitôt fait nommer administrateur du Sicudef, le syndicat mixte qui gère la chaufferie.