la SNCF ouvre ses archives sur la déportation
Posté : 03 février 2012 22:58
La SNCF a franchi une nouvelle étape dans sa politique de transparence sur la déportation des Juifs en annonçant vendredi qu'elle venait de déposer une copie de la "totalité" de ses archives numérisées de la période 1939-1945 dans trois centres de recherches et de témoignages sur la Shoah.
L'entreprise publique a précisé dans un communiqué qu'elle avait donné copie de la "totalité" de ses archives de la Seconde guerre mondiale au Mémorial de la Shoah à Paris, au centre Yad Vashem à Jérusalem et à l'Holocaust Museum à Washington.
"Par cette politique d'ouverture et de facilitation de l'accès, destinée à faciliter le travail des chercheurs", la SNCF entend ainsi "renforcer sa démarche de transparence sur le passé de l'entreprise".
Interrogé par l'AFP, l'historien André Kaspi, spécialisé de la Seconde guerre mondiale, a salué cette démarche "importante" de la SNCF : pour un historien "tout accès aux archives permet d'écrire une histoire conforme à la réalité". "La SNCF est accusée - à tort sans doute - d'avoir participé la Shoah", a dit M. Kaspi qui s'est interrogé : "La SNCF était-elle suffisamment libre pour dire non aux Allemands et avait-elle les moyens de s'opposer à leurs demandes".
Il y a un an, le président de la SNCF Guillaume Pepy avait reconnu les responsabilités de l'entreprise, qui fut "un rouage de la machine nazie d'extermination" en cédant comme lieu de mémoire à la ville de Bobigny (Seine-Saint-Denis) un terrain de la gare d'où sont partis plus de 20.000 juifs vers les camps de la mort en 1943 et 1944.
Réquisitionnée par l'Etat Français de Vichy à la demande des autorités d'occupation allemandes, la SNCF a transporté les 76.000 juifs de France dans des wagons de marchandises à travers le pays et vers les camps d'extermination entre 1942 et 1944.
En 2011, rappelle l'entreprise publique dans son communiqué, la SNCF a "franchi une nouvelle étape dans cette démarche de transparence en procédant à la numérisation de la totalité des documents d'archives" de la période 1939-1945, "une période clé dans l'histoire et l'identité de la SNCF".
"Tous les documents historiques ont été saisis et numérisés. Aucun tri n'a été effectué, pour garantir un accès à la totalité des documents de la période", assure la SNCF.
"Pour faciliter le travail des chercheurs", poursuit la SNCF, une copie de ces archives numérisées a été déposée au Mémorial de la Shoah à Paris en décembre 2011, à l'Institut Yad Vashem à Jérusalem en décembre 2011 et à l'Holocaust Museum à Washington en janvier 2012.
"Par cette politique d'ouverture et de facilitation de l'accès", la SNCF entend ainsi "renforcer sa démarche de transparence sur le passé de l'entreprise".
Lors de la cérémonie du 25 janvier 2011 de transformation en lieu de mémoire de l'ancienne gare de Bobigny, Simone Veil, présidente d'honneur de la Fondation pour la mémoire de la Shoah, déportée avec sa famille à Auschwitz-Birkenau en 1944 avait dit au président de la SNCF : "Je vous fais confiance, pour qu'on sache ce qui s'est passé".
M. Pepy venait d'évoquer les responsabilités de l'entreprise, qui, bien que "contrainte, réquisitionnée", fut "un rouage de la machine nazie d'extermination".
Arno Klarsfeld, avocat de familles de déportés au procès de Maurice Papon, avait affirmé le lendemain que "la SNCF n'est pas responsable des déportations car elle avait été réquisitionnée par les préfets pour les transports à l'intérieur de la France et qu'elle se trouvait ensuite sous l'autorité de la Reichbahn" (chemins de fer du Reich).