L'une subit la crise de plein fouet, l'autre en profite. L'Espagne a levé 2,074 milliards d'euros auprès des investisseurs ce jeudi matin, qui ont réclamé des taux très élevés (6,044% à dix ans). Dans le même temps, la France a levé 7,836 milliards d'euros sur les marchés, qui lui ont accordé des taux en baisse, à 2,46% sur dix ans, contre 2,96% le 3 mai. Paris a même émis des titres de dette sur 50 ans, une première depuis fin 2010, à un taux très faible de 3,27%.
À l'Agence France Trésor (AFT), on ne peut être que satisfait de ce résultat. Non seulement il montre l'appétit des investisseurs pour notre dette, mais surtout «la baisse des taux optimise le coût de financement au bénéfice du contribuable», souligne-t-on au ministère des Finances.
La hausse du coût de l'emprunt que subit l'État espagnol reflète l'inquiétude des investisseurs quant à la santé des banques espagnoles et de ses finances publiques grevées par les régions. Le secteur financier espagnol a besoin d'être recapitalisé. Ne pouvant le faire seul, il aurait besoin d'une aide publique ou internationale de l'ordre de 40 à 80 milliards d'euros, estimerait le Fonds monétaire international selon le journal espagnol ABC.
La France, en revanche, profite de ce que les investisseurs appellent la «fuite vers la qualité». Inquiets, les marchés évitent les pays dans la tourmente et réduisent leurs risques en investissant dans les pays plus sûrs. Si Paris profite de cette tendance, c'est surtout l'Allemagne, valeur refuge, et les pays du Nord, comme la Finlande, qui en tirent le plus de profit. L'Allemagne a ainsi emprunté hier à des taux inférieurs à l'inflation. En clair, les investisseurs sont prêts à perdre de l'argent pour mettre leurs fonds en sûreté.
