que peut faire l'Etat contre les fermetures de sites PSA ?
Posté : 30 juin 2012 14:40
La pression monte sur PSA Peugeot Citroën. Le constructeur automobile est sommé par Arnaud Montebourg de préciser ses intentions concernant l'avenir ses sites, notamment celui d'Aulnay-sous-Bois. Le ministre du Redressement productif annonce un plan pour la filière automobile dans les prochains jours.
Après les annonces hier de la direction de PSA Peugeot Citroën de réduire le rythme de production dans certains de ses sites, et alors que le compte à rebours pour le site d'Aulnay-sous-Bois a commencé, l'Etat a décidé de hausse le ton constructeur automobile. Dans une lettre adressée vendredi au président du directoire de PSA, Philippe Varin, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg demande que "la direction fasse connaître ses intentions au plus vite et de façon précise". Il demande aussi d'"engager sans délai le dialogue social, et d'en faire une arme collective pour affronter vos éventuelles difficultés dans le respect de vos salariés".
Quelle est la situation chez PSA?
La situation du premier constructeur automobile français est mauvaise. Malgré plusieurs mesures d'économies prises depuis 2009, le départ de salariés, le gel de projets et la vente d'actifs, il n'arrive pas à redresser la barre. Il souffre de la chute des ventes en Europe, son principal marché. Le premier constructeur automobile français a enregistré un recul de 7% de son chiffre d'affaires au premier trimestre 2012, à 14,3 milliards d'euros. PSA va aller encore plus loin puisque Philippe Varin a annoncé jeudi lors d'un comité de groupe que "des mesures complémentaires seront nécessaires", selon un syndicaliste. Elles toucheront ses sites de production, mais aussi la recherche de développement, son personnel dit 'de structure' (c'est-à-dire hors production). PSA a aussi annoncé jeudi la tenue d'un CCE extraordinaire bien avant fin juillet. Ce CCE sera l'occasion d'évoquer "l'avenir de l'ensemble de nos sites industriels", a expliqué le constructeur automobile.
Combien de sites sont menacés?
On ne sait pas vraiment. Le plus menacé est celui d'Aulnay-sous-Bois. C'est le plus gros employeur de Seine-Saint-Denis (93), avec 3.300 salariés qui fabriquent la Citroën C3. La direction de PSA n'a pas exclu l'hypothèse d'une fermeture pure et simple de ce site. "Il y a un certain nombre de dispositions à prendre vis-à-vis des autres établissements, entre autre l'établissement de Rennes mais aussi de nos autres sites industriels, de nos sites de recherche et développement", a averti le constructeur. PSA devrait préciser ses intentions lors de deux CCE extraordinaires qui se tiendront les 12 et 25 juillet. C'est aussi le 25 juillet qu'il présentera ses résultats semestriels, qui devraient être mauvais.
Pourquoi PSA a-t-il choisi de sacrifier Aulnay-sous-Bois?
Depuis des mois, voire des années, le groupe, confronté à un gigantesque problème de surcapacités. C'est sur le segment B des petites citadines, sur lequel est spécialisé Aulnay, que les surcapacités en Europe sont les plus importantes. Selon le document de travail interne, révélé en 2011 par la CGT, et qui projetait déjà la fermeture d'Aulnay pour 2014, l'utilisation à plein de l'usine aurait permis d'économiser 250 euros sur le coût de fabrication de chaque véhicule. Reste que tout près d'Aulnay, l'usine de Poissy est elle aussi spécialisée sur ce segment à faible valeur ajoutée. L'outil de production y est beaucoup plus vieux, et l'usine beaucoup plus petite (le site d'Aulnay s'étend sur plus de 160 ha). Le transfert de production aurait donc pu se faire de Poissy à Aulnay, et non l'inverse. En réalité, plusieurs éléments ont joué contre Aulnay. Le premier d'entres-eux, le fait que le site soit monoproduit, c'est-à-dire qu'il ne fabrique que la C3, quand Poissy produit encore la DS3, la 207 et une partie de la C3. Or industriellement "il est inconcevable d'arrêter une usine en plein milieu d'un plan produit. Par ailleurs, Poissy a son propre atelier d'emboutissage, tandis qu'Aulnay a cédé le sien en 2000. Enfin, Aulnay pourrait également avoir pâti de son image socialement difficile suite à une série de grève.
Que va faire le gouvernement?
Arnaud Montebourg a nommé un expert gouvernemental afin d'avoir "une vision précise de la situation du groupe et des solutions que nous pourrions envisager en fonction de l'état réel de l'entreprise", selon un communiqué. Le ministre a aussi promis de présenter "prochainement un plan d'actions pour l'avenir de la filière automobile française". Sans plus de détails. Or les moyens d'action et les marges de manoeuvre de l'Etat sont limités. Pas question par exemple de relancer la prime à la casse comme en 2009 et 2010. Cela a coûté très cher à l'Etat et sa fin a entraîné un effondrement des ventes. Dans l'entourage d'Arnaud Montebourg, on évoque plutôt une "stratégie de filière", qui jouerait sur de nombreux paramètres, comme le coût des matières premières, le prolongement du bonus de 5.000 euros sur l'achat d'un véhicule électrique, les incitations aux collectivités locales pour qu'elles s'équipent plus rapidement de bornes de recharge, ou encore les aides publiques au chômage partiel dans le secteur automobile. Pas de quoi sauver les 3.000 salariés d'Aulnay-Sous-Bois. Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, également président du conseil général de Seine-Saint-Denis, a appelé samedi à "des solutions de soutien de la filière automobile au niveau national et au niveau européen".