Hollande fait tiquer Baroin et ne convainc pas la CGT
Posté : 15 juillet 2012 09:53
Environ 8000 postes supprimés, un site industriel emblématique, celui d'Aulnay, promis à la fermeture... et surtout, des responsables de PSA qui reconnaissent à demi-mot que le plan social était à l'étude depuis des mois : le dossier du constructeur automobile a été le premier, et le plus lourd au vu de son impact dans l'opinion, abordé samedi par François Hollande lors de son interview du 14 juillet. "Ce plan en l'état n'est pas acceptable, il ne sera pas accepté, à partir de là il faut engager une concertation pour qu'il n'y ait aucun licenciement sec chez Peugeot", a lancé le chef de l'Etat, affichant la fermeté. Tout en fustigeant la stratégie du premier groupe automobile français, dont il a déploré que les annonces faites jeudi aient été retardées volontairement après les élections présidentielle et législatives, et en prononçant le mot de "mensonge".
Un mot qui fait désormais bondir François Baroin. Dans le Journal du dimanche, l'ex-ministre UMP de l'Economie réfute avoir contraint PSA à repousser ses annonces après la présidentielle, comme l'a suggéré le chef de l'Etat. "C'est une mauvaise facilité que de s'essuyer les pieds sur ses prédécesseurs et cela ne résiste pas à l'analyse. Personne n'est dupe", dit-il. S'il reconnaît avoir reçu le PDG de PSA, Philippe Varin, François Baroin assure qu'il "n'avait jamais été question d'un plan de cette ampleur." Et de lancer : "Maintenant, la gauche est au pouvoir, ils doivent gérer cette situation", tout en soulignant que l'Etat a des moyens d'agir sur le chômage partiel, la reconversion des salariés, ou l'intervention d'entreprises publiques.
Du côté des syndicats, le discours de François Hollande n'a guère suscité d'enthousiasme. On le juge sans surprise... tout en espérant mieux. Pour la CGT, premier syndicat de l'usine d'Aulnay, l'Etat a les moyens d'intervenir "pour empêcher tous les licenciements dans le groupe PSA et la fermeture de l'usine d'Aulnay". Et de souligner dans un communiqué : "François Hollande a reconnu que les dirigeants de PSA avaient menti. Il reconnaît donc que Peugeot avait décidé de fermer l'usine d'Aulnay depuis des années et que cette décision n'a rien à voir avec la soi-disante baisse des ventes de PSA pour le premier semestre 2012". Mais c'est de la lutte sociale, et non du gouvernement, que le syndicat espère obtenir des résultats. "On est une bombe sociale, politique, et ça, on va l'utiliser", assure ainsi Jean-Pierre Mercier, leader CGT à l'usine d'Aulnay, dans les colonnes du "Progrès".