"Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c'est le PS"
Posté : 09 août 2012 12:37
Près de 200 Roms sont en train d'être évacués de leur campement de Hellemmes, dans l'agglomération lilloise. A Lyon, plusieurs dizaines de Roms roumains doivent eux aussi quitter le territoire français en fin de matinée. Les associations protestent.
Les expulsions de Roms continuent. Un campement établi sur un terrain appartenant à l'Etat et à la communauté urbaine de Lille était en cours d'évacuation ce jeudi à Hellemmes dans l'agglomération lilloise.
Un convoi constitué de voitures et de camionnettes tractant des caravanes, escorté par des motards de la police, s'est mis en route peu après 8H30. Cette évacuation a été mise en oeuvre "à la suite d'une ordonnance d'expulsion que nous a délivrée le tribunal de grande instance", a indiqué la préfecture du Nord.
"On est consternés", a déclaré Yann Lafolie, président de l'Atelier solidaire, membre du collectif Solidarité Roms, présent sur les lieux et "en colère". Et de poursuivre: "Ici, c'était un laboratoire pour trouver des solutions". Il voit dans cette évacuation le "signe d'une volonté du pouvoir de détruire le travail associatif des bénévoles". Il a souligne que "de très nombreux enfants vont dormir dans la rue ce soir".
Des problèmes de sécurité
Des associations, parmi lesquelles le collectif Solidarité Roms, avaient dénoncé le 1er août la menace d'une expulsion sans solution alternative qui pesait sur deux campements rassemblant quelque 200 Roms près de Lille. Elles avaient rappelé que François Hollande, lors de la campagne présidentielle, s'était prononcé dans une lettre aux associations pour que "lorsqu'un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées".
La communauté urbaine de Lille a mis en avant les problèmes de sécurité et l'afflux de ces populations dans l'agglomération. La communauté urbaine, présidée par Martine Aubry (PS), et l'Etat, propriétaires des terrains, avaient engagé une procédure devant la justice pour que soient démantelés ces campements illicites. "Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c'est le PS", a conclu Yann Lafolie.
La situation des Roms empire-t-elle sous la gauche?
D'autre part, à Lyon, plusieurs dizaines de Roms roumains, bénéficiant de l'Aide humanitaire au retour devaient quitter le territoire français en fin de matinée, à destination de la Roumanie. Jean-Philippe, militant pour la défense des Roms, chiffre à 240 le nombre des personnes devant embarquer dans un avion à l'aéroport Saint-Exupéry de Lyon. Il parle "de la plus importante expulsion à Lyon depuis le début de l'année" et depuis l'élection de François Hollande.
Peu avant 8h00, deux bus ont pris en charge plus d'une centaine d'hommes, de femmes et d'enfants, près du site de la Confluence, pour les transporter à l'aéroport, a constaté un journaliste de l'AFP. Un bus devait rejoindre Saint-Exupéry directement depuis Saint-Etienne. Un autre a chargé des candidats au retour à la gare de Lyon Part-Dieu, avec des Roms. A la Confluence, les associations avaient accroché des panneaux où on pouvait lire: "la Roumanie, c'est l'Europe, Stop aux expulsions", ou "Après les expulsions, le relogement en Roumanie, c'est ça le changement appliqué par Valls". "Tous sont volontaires pour rentrer, a expliqué Jean-Philippe. Sauf que ça intervient après des semaines de pression dans les campements et des expulsions". "Ces retours volontaires sont des expulsions déguisées, et en plus on dilapide l'argent public car beaucoup vont revenir".
Pour Jean-Philippe, la situation des Roms est en train d'empirer sous la gauche, car, selon lui, "non seulement on évacue les campements mais en plus on pourchasse les Roms".