le gouvernement rejoue un sarkozy show
Posté : 02 octobre 2012 13:43
L'opération de police menée tôt ce mardi matin dans l'enquête sur le double meurtre d'Echirolles s'est déroulée sous l'oeil de nombreux médias. Un procédé cher à Nicolas Sarkozy, longtemps fustigé par ses adversaires, aujourd'hui au pouvoir.
Peu avant six heures ce mardi matin, une cinquantaine de forces de l'ordre -policiers et membres du GIPN, le groupe d'intervention de la police nationale, notamment- pénètrent dans les halls d'immeuble du quartier de la Villeneuve, en banlieue grenobloise. En tout, dix jeunes seront interpellés dans le cadre de l'enquête sur le meurtre des jeunes Kevin et Sofiane, tués lors d'une rixe vendredi soir.
Policiers en brassard qui perquisitionnent aux balcons d'appartements du quartier, membres du GIPN cagoulés dans les halls d'immeuble, nombreux camions stationnés dans la cité, voitures banalisées qui emmènent des suspects menottés... L'intervention a été suivie en direct par de nombreux médias, dont les chaînes d'information continue. Les caméras et appareils photos ont notamment pu se poster sur le chemin des suspects emmenés vers les véhicules de police, comme le montrent par exemple les images du Dauphiné Libéré.
Convoquer la presse, marque de fabrique de Sarkozy
Difficile de savoir d'où est venue la "convocation" des journalistes, déjà présents dans les environs après la visite de François Hollande et Manuel Valls lundi soir. La police nationale, jointe par L'Express, dit ne pas savoir qui a pris la décision du dispositif médiatique. Egalement contacté, le ministre de l'Intérieur n'a pas donné suite à nos questions. Un journaliste télé présent ce matin confie qu'il a obtenu l'information d'une source policière locale.
Reste que le résultat est le même que lors des années Sarkozy: une médiatisation d'une opération policière. Le procédé n'a rien d'inédit: convoquer les médias pour mettre en scène l'action du gouvernement sur la sécurité était devenue l'une des marques de fabrique de Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur puis président. Et la gauche a régulièrement critiqué ce "Sarko-show".
Ainsi, le 4 avril dernier, ses adveraires politiques s'en étaient largement pris à la médiatisation du vaste coup de filet dans les milliers salafistes et jihadistes mené simultanément dans dans plusieurs villes de France, entre l'affaire Merah et le premier tour de la présidentielle.
"Je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là"
"Des interventions policières de cet ordre, sous le contrôle de la justice, ne devraient pas se faire, me semble-t-il, sous forme publicitaire, mise en scène, avait attaqué François Bayrou, le président du MoDem et candidat à la présidentielle. La sécurité et la mise en scène sont deux choses différentes." A gauche, François Hollande, très prudent, s'était abstenu de critiquer le dispositif. Mais Martine Aubry, première secrétaire du PS, s'y était collée: "Moi je suis pour la fermeté, pas pour le spectacle et je suis toujours choquée de voir que les télévisions sont là,. Laissons la justice faire son travail."
Pierre Dubois, le maire PS de Roubaix, où avaient eu lieu des interpellations, s'était aussi interrogé sur la "médiatisation" de l'opération. "Une chose est la lutte antiterroriste, qui doit être menée avec la plus grande fermeté. Une autre est la politique spectacle", commentait-il alors, expliquant avoir appris l'intervention de la police par les médias.
Sur ce plan, le changement n'a finalement pas eu lieu.