Cohn-Bendit veut une Europe fédérale
Posté : 08 octobre 2012 10:59
Daniel Cohn-Bendit plaide pour une Europe fédérale
Maintenant ou jamais. Avec son complice libéral Guy Verhofstadt, ancien Premier ministre belge, l'eurodéputé écologiste publie dans neuf pays un manifeste pour une Europe solidaire et démocratique.
Entretien avec Daniel Cohn-Bendit. Député écologiste au Parlement européen, auteur, avec Guy Verhofstadt, de Debout l'Europe ! (Actes Sud/André Versaille Éditeur,158 p., 11,90 €).
Plus qu'un livre, Debout l'Europe propose une révolution postnationale ?
Oui, notre idée d'Europe fédérale, c'est un peu comme une boussole dans la crise alors qu'on est dans le brouillard. Or, les solutions ne sont pas nationales. Prenez AcelorMittal ou l'automobile, on ne sortira pas de la crise de Peugeot, de Fiat, d'Opel, sans un effort intégré. Pour déclencher le mouvement, il faut partir à la conquête des opinions publiques.
L'opinion est-elle prête pour un tel projet ?
Si vous aviez fait un référendum, en 1952, quand Monnet et Schuman ont pensé l'Europe et lancé la réconciliation franco-allemande, les gens auraient dit non, l'Allemagne devait payer. Dans la crise, les gens sont désorientés. Tout le monde dit « l'Europe, l'Europe, l'Europe ». Mais on ne la rend pas capable d'agir. Prenez Erasmus, aujourd'hui menacé, c'est exactement le résultat de cette Europe intergouvernementale où chaque pays ne pense qu'à son budget.
Vous préconisez un renforcement du budget européen ?
C'est le grand débat qui est devant nous. Doit-il être un budget fédéral ou pas ? Prenez le cas américain. En 1932, leur budget fédéral pesait 1 % du PIB. En 1945, 7 %. Aujourd'hui 23 %. Celui de l'Union européenne, aujourd'hui, c'est 1 %. 100 milliards d'euros donnés par les États. Il nous faut des ressources propres. Avec cinq fois plus, vous pouvez mettre en place un fonds d'amortissement de la crise en Grèce, faire du social, relancer l'économie, investir dans le renouvelable. Le saut fédéraliste, c'est rendre l'Europe capable.
Et un président de l'Europe élu au suffrage universel...
On a des cultures politiques différentes, certaines fédéralistes, d'autres centralistes. La France et l'Allemagne symbolisent cette différence. En France, c'est l'exécutif qui domine tout. En Allemagne, c'est le Parlement. Ces deux cultures, on peut très bien les mêler. Moi, je suis pour des listes transnationales aux européennes de 2014. On peut aussi, le même jour, élire les députés à Strasbourg et désigner, par un second vote, le président de la Commission européenne. Vous aurez une élection européenne qui sera enfin un vote sur l'Europe, pas le troisième tour d'élections nationales.
Vous avez évolué sur le traité budgétaire. Pourquoi ?
Ayrault a raison de dire que voter non provoquerait une crise européenne. L'article 3 prévoit des entorses, la négociation au Bundestag a permis d'aboutir sur la taxation des transactions financières. Et puis le sujet, aujourd'hui, ce n'est pas tant le traité que la relance.